Le plan de fumure prend avant tout en compte le phosphore (P), le potassium (K), le magnésium (Mg) et l’azote (N). Les trois premiers nutriments cités sont stockés dans le sol et sont soit « exportés » avec la récolte, soit disponibles pour la culture suivante. L’azote, en revanche, dépend fortement de la minéralisation, laquelle est influencée entre autres par les conditions météorologiques, la culture, le type de sol et le travail du sol. Des essais sur le maïs ont montré qu’en moyenne, au moins 100 kg d’azote sont disponibles par ha grâce à la minéralisation du sol.
Détail des éléments de planification
Culture et rendement visé
Les cultures ont des besoins en phosphore et en potassium variables, selon leur système racinaire et l’importance des nutriments pour leur développement : les pommes de terre ont besoin de beaucoup de phosphore ; les betteraves sucrières et les céréales d’automne sont moins exigeantes en potassium. Les normes de fumure selon les PRIF 2017 (Principes de fertilisation des cultures agricoles en Suisse) tiennent compte de ces différences. Si le rendement visé est plus élevé ou plus bas, la norme de fumure pour le phosphore et le potassium est adaptée en conséquence dans le plan de fumure.
Analyses de sol
Dans les grandes cultures, il vaut la peine d’effectuer une analyse de sol tous les cinq ans. Pour ce faire, il est essentiel de prélever soigneusement des échantillons à des endroits représentatifs. Pour que les résultats soient bien comparables, les échantillons de sol devraient toujours être prélevés au même endroit dans la rotation des cultures. La norme de fumure est adaptée en fonction des facteurs de correction ou des réserves de phosphore, de potassium et de magnésium du sol.
Cultures précédentes et solde de l’année précédente
Les résidus de récolte pouvant restituer de grandes quantités de nutriments au sol, ils devraient être pris en compte lors de la fertilisation de la culture suivante. Par exemple, si les pailles de blé sont incorporées, 75 kg de potassium peuvent être déduits de la norme de fumure de la culture suivante. En revanche, il n’y a pas lieu de faire de déductions avec le phosphore : ce dernier se trouvant surtout dans les grains, il « exporté » avec la récolte. Un solde positif ou négatif en phosphore, en potassium et en magnésium de l’année précédente est pris en compte dans le plan de fumure.
Estimation des besoins en azote
Des essais réalisés à l’institut agricole de Grangeneuve sur du blé d’automne ont montré qu’une fumure azotée adaptée au site est plus efficiente que celle de la norme et du terrain de contrôle fortement fertilisé, et ce, sans perte significative de rendement. La méthode des normes corrigées est simple, mais efficace. Selon les estimations d’Agroscope, une fumure azotée avec cette méthode pourrait réduire de 6 % l’excédent d’azote de l’agriculture suisse. Six facteurs permettent de corriger les besoins en azote suivant les conditions pédoclimatiques et culturales, dont la teneur en matière organique du sol et la culture précédente, lesquelles influencent la disponibilité de l’azote pour les plantes. Ainsi, lorsque, par exemple, la paille de céréales est incorporée avant les cultures d’automne, des unités d’azote supplémentaires sont nécessaires. Il y a aussi lieu de considérer la quantité d’azote organique épandue l’année d’avant et qui ne sera disponible que l’année suivante. Il convient aussi d’estimer le potentiel de lessivage sur la base des précipitations en hiver et au printemps. La somme de ces ajouts et déductions donne la norme azotée corrigée.
Les analyses de sol doivent être effectuées au même endroit dans la rotation des cultures.
Choix des engrais
Les engrais de ferme disponibles doivent être répartis en premier sur les cultures, suivant les besoins et possibilités d’épandage. S’ils ne suffisent pas, on utilisera des engrais de recyclage ou du commerce. Les quantités totales d’azote et de phosphore prévues doivent être comparées au Suisse-Bilanz, qui fixe les quantités maximales. Il faut ensuite répartir les engrais en apports appropriés – un conseil en fumure donnera de précieuses indications.
Fertiplan: le gestionnaire digital de fertilisation
Fertiplan, le nouveau module de barto, permet d’établir facilement des plans de fumure adaptés au site pour chaque prairie ou grande culture. Ce module digital permet d’enregistrer des échantillons de sol et de calculer les teneurs des engrais de ferme, y compris la dilution. Les cultures du module Planification de l’assolement et des cultures peuvent être importées directement, si ce module a été activé. Sur demande, il est également possible d’accorder l’accès à des données spécifiques à un·e conseiller·ère afin d’obtenir de l’aider pour planifier. Fertiplan peut être testé gratuitement pendant 10 jours.
Informations complémentaires
Fertilisation azotée spécifique au site : méthodes actuelles et expériences
Fumure azotée dans le maïs. Présentation du Forum Grandes cultures (en allemand)