C’est au cœur d’un paysage idyllique que se trouve UFA-Bühl, nichée entre Hendschiken et Ammerswil (AG). On pourrait croire qu’il s’agit d’une exploitation agricole classique : Simba, le chien de la ferme, accueille joyeusement les visiteurs·euses tandis que devant les étables, les nombreux veaux d’engraissement observent avec curiosité ce qui se passe autour d’eux. Ceux-ci ne constituent toutefois pas le seul cheptel : les truies mères et leurs porcelets, les porcs d’engraissement, les jeunes poules et les poules pondeuses ainsi que les poulets d’engraissement sont logés dans d’autres bâtiments de la ferme. Ce qui est frappant, c’est que dans chaque bâtiment, les animaux sont répartis en petits groupes.
On réalise alors qu’UFA-Bühl est une ferme d’un autre genre, avec pour mission la recherche. Dans des conditions proches de la réalité du terrain, UFA s’applique à améliorer constamment les aliments fourragers. Stefan Streit, chef d’exploitation, est responsable du suivi quotidien d’environ 80 truies mères, 360 porcs d’engraissement, 80 veaux d’engraissement, 1900 poules pondeuses, 960 jeunes poules et 2200 poulets d’engraissement. Il gère aussi le relevé des données pour les différents projets de recherche. Il est soutenu par quatre collaborateurs à plein temps et trois collaborateurs à temps partiel. « Avec son exploitation de recherche UFA-Bühl, UFA est le seul producteur suisse d’aliments composés à mener activement des recherches, et ce depuis déjà 63 ans », explique non sans une pointe de fierté ce maître agriculteur expérimenté.
63 années de recherche
Tout a commencé le 1 er mai 1959 lorsque neuf coopératives agricoles ont fusionné pour former la société coopérative UFA. Leur objectif était de produire des aliments fourragers selon des directives uniformes. A cet effet, UFA a installé sa station de recherche à Hendschiken, où elle a trouvé les bâtiments adéquats. C’est ainsi qu’UFA-Bühl a joué un rôle particulier dans l’histoire d’UFA. La station a d’abord servi de centre d’élevage : les spécialistes ont commencé à y élever des porcelets dans des conditions stériles (SPF : specific pathogen free), c’est-à-dire en évitant au maximum les agents pathogènes (p. ex bactéries, champignons ou virus). Cette façon de procéder a par exemple permis d’éviter la pneumonie enzootique du porc, une maladie porcine contagieuse. Outre l’élevage porcin, l’engraissement des poulets est devenu le principal axe de recherche : les responsables étudiaient le développement génétique des animaux, mais aussi l’influence de l’alimentation, de la litière, de l’approvisionnement en eau et des modalités de garde. En 1986, l’exploitation a inauguré un poulailler de recherche pour les jeunes poules et les poules pondeuses. Cependant, l’élevage de ces animaux sera arrêté mi-2023 car UFA-Bühl se situe sur une zone de protection des eaux, ce qui ne lui permet pas de mettre les poules au pré. En 2003, un nouveau bâtiment a ensuite été construit pour l’élevage des veaux d’engraissement. Les exigences concernant la productivité des animaux de rente suisses ayant crû, celles en matière d’affouragement ont aussi augmenté. Ainsi, les essais dans ce dernier domaine ont gagné en importance. Déjà réalisés à l’époque en collaboration avec l’EPFZ, les essais visaient à tester de nouvelles matières premières, adapter les recettes aux besoins des animaux et contrôler l’efficacité et la viabilité économique de nouveaux additifs.
Stephan Roth, responsable Recherche et développement, UFA SA« Nous visons à développer en continu des aliments économiquement viables. »
Mission et objectifs actuels
Aujourd’hui encore, UFA-Bühl collabore avec l’EPFZ, mais également avec la HAFL ou Agroscope. Depuis son inauguration en 1963, UFA-Bühl a mené à bien plus de 1000 projets. « Nous visons à développer en continu des aliments économiquement viables. Pour ce faire, nous réalisons des essais exploitables du point de vue qualitatif et dont les conditions sont proches de celles du terrain », explique Stephan Roth, responsable Recherche et développement chez UFA.
La mise en place et la réalisation des projets se font selon des principes scientifiquement objectifs. En d’autres termes, les variantes expérimentales se distinguent uniquement sur un facteur à étudier. Par exemple, les spécialistes testent différents fourrages ayant chacun une teneur protéique spécifique. Stefan Streit et son équipe réalisent alors des essais sans savoir de quel fourrage il s’agit et chaque variante est contrôlée à plusieurs reprises. Pour voir à quoi leur activité ressemble, il suffit de faire un tour dans les étables : les 80 veaux d’engraissement sont par exemple répartis en deux groupes de 40 animaux. Ils entrent à l’étable à l’âge de sept semaines avec un poids d’environ 75 kg. Après une centaine de jours, ils partent pour l’abattoir, pesant alors environ 230 kg. Pendant leur séjour à UFA-Bühl, les deux groupes reçoivent des poudres de lait différentes. « Notre travail quotidien à UFA-Bühl se distingue de celui d’autres élevages par le fait qu’en plus des tâches habituelles (p. ex. prise en charge du fumier ou nettoyage), nous tenons un registre précis des données. Par exemple, nous pesons les animaux entre trois et cinq fois pendant leur séjour ici. Nous notons aussi le nombre d’œufs pondus ou les quantités ingérées. Une observation rigoureuse des animaux est essentielle », souligne Stefan Streit.
Les spécialistes du département Recherche et développement d’UFA analysent ensuite les données et compilent les résultats dans un rapport idoine. Celui-ci présente les conclusions tirées et formule des recommandations pour la mise en œuvre. « Ces résultats nous indiquent quelle sorte de fourrage a le plus d’influence sur le poids ou sur la flore intestinale des animaux. Ils permettent de comparer les différentes substances actives sous forme d’herbes ou d’épices, ou de présenter les alternatives au soja », explique Stephan Roth. Ainsi, de nouveaux composants tels que la graisse ou les protéines d’insectes sont régulièrement testés et des évaluations nutritionnelles sont effectuées. Les spécialistes étudient également la meilleure façon de valoriser dans la production de fourrage les sous-produits qui ne peuvent pas être utilisés comme denrées alimentaires. « Quel que soit le cas de figure, l’essentiel est toujours d’élever des animaux sains et de fournir des produits de grande qualité avec le moins de fourrage possible, en respectant donc aussi l’environnement », résume Stephan Roth.
UFA-Bühl en bref
L’exploitation de recherche UFA-Bühl est rattachée au département Recherche et développement d’UFA SA, une société-fille de fenaco qui produit des aliments pour animaux. Elle se considère comme faisant partie intégrante de l’agriculture suisse et de la chaîne de production de denrées alimentaires. Ses responsables promeuvent une alimentation animale efficiente, rentable et respectueuse des animaux. Ils visent en outre à clore les cycles des éléments nutritifs en utilisant des sous-produits et à examiner les facteurs qui influençent la qualité des produits.