Grâce à Barto, la montagne de papiers à remplir avec des données de production et d’exploitation appartiendra bientôt au passé. Cet éditeur de logiciels dont le siège se trouve à Ostermundigen est une société anonyme aux mains de plusieurs organisations et entreprises, dont fenaco société coopérative. Depuis 2018, la plateforme suisse indépendante de smart farming propose aux agricultrices et aux agriculteurs suisses des outils de gestion numériques pour leur exploitation. Dans un premier temps, elle comportait les modules « Trafic des bovins », « Suisse Bilanz » et « Journal des pâtures et des sorties ». A partir des applications venues depuis compléter régulièrement la panoplie, l’utilisateur peut composer sa propre plateforme. Les agriculteurs ne saisissent ainsi leurs données qu’une seule fois, sur une unique interface, et peuvent ensuite y accéder de partout et n’importe quand.
MyDocs est le premier module Barto du groupe fenaco-LANDI. Il s’agit d’une bibliothèque numérique.
MyDocs offre les fonctionnalités suivantes :
- Les documents électroniques des partenaires sélectionnés sont automatiquement sauvegardés et classés dans MyDocs.
- L’utilisateur peut accéder en tout lieu et en tout temps à ses contrats, factures, bons de livraison et de réception de marchandise, taxations, résultats de tri, plans d’affouragement, plans de fumure, plans phytosanitaires, etc.
- MyDocs permet de chercher, de filtrer et de réunir des documents pour des analyses et des contrôles, selon les besoins de l’utilisateur. Les documents de fenaco Produits du sol seront mis en ligne en premier.
- L’utilisateur garde en permanence le contrôle total sur ses données. Il décide pour quels partenaires il autorise ou bloque l’accès à la bibliothèque.
- MyDocs est gratuit.
La digitalisation en marche
Dans le but de faire avancer la plateforme, Barto a conclu un partenariat stratégique en 2019 avec 365Farm-Net, leader européen de la gestion d’exploitation en ligne. Plus de 40 000 agricultrices et agriculteurs de différents pays utilisent déjà cette plateforme pour gérer leurs données d’exploitation.
« En nous appuyant sur ce sa-voir-faire, nous faisons progresser la digitalisation dans l’agriculture suisse bien plus vite que si nous avions dû tout développer à partir de zéro », affirme Jürg Guggisberg, directeur de Barto AG. Pour que les nouveaux modules soient compatibles avec l’agriculture suisse, il a d’abord fallu intégrer des données de référence dans le système, comme les listes officielles des cultures, des variétés, des produits phytosanitaires et des engrais.
La plateforme élargie a été renommée « Barto powered by 365Farm-Net ». Les agriculteurs y ont accès depuis novembre 2019. Ils y trouvent par exemple le calendrier des champs ou encore l’application « 365Crop », qui leur permet de documenter rapidement les activités au champ, où qu’ils soient.
Optimiser par étapes
Dans le processus de digitalisation, les systèmes modulaires ont l’avantage de permettre au développeur comme à l’utilisateur d’avancer par étapes. Le gestionnaire d’exploitation de Barto suit exactement ce principe. Cette année, la plateforme devrait intégrer des modules relatifs au plan d’assolement, à la détention de bovins, à l’affouragement, à la production d’œufs, à la protection phytosanitaire et au plan de fumure. Dans de tels domaines, les outils numériques seront justement la clé pour mieux concilier les objectifs de rentabilité et de durabilité. Grâce aux technologies numériques, il sera possible d’économiser des intrants tels que les engrais minéraux et les produits phytosanitaires. L’empreinte écologique de l’agriculture s’en verra réduite. En production animale, la détection précoce des maladies et la gestion automatisée du climat dans les étables permettront d’optimiser l’alimentation des animaux et d’utiliser moins d’antibiotiques.
Une bibliothèque de poche
Pour être optimale, la gestion d’une exploitation doit reposer sur une saisie et une gestion minutieuses des données. C’est justement l’intérêt du premier module Barto du groupe fenaco-LANDI : MyDocs. Il sera mis en ligne sur la plateforme en juin prochain, dans un premier temps à l’usage de fenaco Produits du sol. Cet outil fait office de bibliothèque numérique dans laquelle les agricultrices et agriculteurs peuvent sauvegarder leurs documents d’exploitation pour les consulter partout et à tout moment. En quelques clics, ils obtiennent une vue d’ensemble de leur exploitation et de leurs relations commerciales. MyDocs permet de réunir rapidement et efficacement les documents nécessaires aux analyses ou aux contrôles d’exploitation (voir encadré). Ce faisant, la cheffe ou le chef d’exploitation garde le contrôle total sur ses données. Les utilisateurs décident en effet quelles informations ils souhaitent partager avec les autorités ou avec des tiers. D’autres entreprises, notamment les LANDI, mettront progressivement leurs documents commerciaux à la disposition des agriculteurs par le biais de MyDocs.
Ouvert à tous les acteurs
Toutes ces applications pratiques à l’intention du secteur agricole ont nécessité un énorme travail. Barto se heurte souvent à l’absence de normes uniformes pour l’échange des données, un prérequis par exemple pour les données du SIG. « La digitalisation consiste à documenter les processus de production agricole dans tous les domaines », déclare Marco Mattmann, responsable du Smart Farming chez fenaco. « Or, seule la mise en réseau des données offre une valeur ajoutée tangible. » Le financement est un autre cheval de bataille. Le marché suisse est petit par rapport aux marchés étrangers et les conditions-cadre de la politique agricole, différentes. Cela rend l’élaboration de solutions techniques plus coûteuse. C’est pourquoi, à l’instar de 365 FarmNet, Barto mise sur la « coopétition », un mélange entre coopération et compétition. Seul un investissement commun dans certaines fonctionnalités de base permet de les concrétiser et d’offrir ainsi une valeur ajoutée à l’utilisateur. Barto ouvre sa porte à tous les acteurs intéressés. Chaque partenaire de branche peut proposer une application sur Barto. Plus les prestataires seront nombreux à utiliser l’interface plus l’utilité pour les utilisateurs en sera grande.
En un mot
Une occasion en or
La digitalisation est le thème d’avenir par excellence. Elle influe sur notre quotidien et notre façon de travailler dans tous les domaines. fenaco s’est emparée de la question de manière proactive. L’enjeu ? Soulager les agricultrices et les agriculteurs dans un travail administratif parfois répétitif, ou encore utiliser les intrants, comme les produits phytosanitaires et les engrais, avec une plus grande précision. Ainsi, la digitalisation peut rendre la production agricole plus rentable et plus durable. A cela s’ajoute un grand potentiel pour le bien-être animal.
« fenaco joue un rôle de premier plan. »
Le développement d’outils numériques a un coût, surtout sur un marché de taille modeste comme la Suisse. C’est pourquoi fenaco adhère au principe de coopétition de Barto. Avec huit autres actionnaires, nous voulons investir dans cette plateforme de base afin de générer une valeur ajoutée tangible pour l’agriculture suisse. Le premier outil du groupe fenaco-LANDI, MyDocs, sera bientôt mis en ligne : c’est une excellente nouvelle.
Certaines agricultrices et certains agriculteurs qui souhaitent introduire des outils digitaux sur leur exploitation peuvent afficher un certain scepticisme, surtout en ce qui concerne la protection des données. Nous prenons ces préoccupations très au sérieux. Les chefs d’exploitation doivent pouvoir savoir et décider à tout moment ce qu’il advient de leurs données. Cela fait partie des garanties de Barto. Je suis convaincu que la digitalisation a beaucoup à offrir au secteur agroalimentaire et que nous devons tout mettre en œuvre pour en tirer parti.