Projet de pisciculture
Avec une consommation de 9,1 kg par personne et par an, les Suisses mangent toujours peu de poisson en comparaison avec les 50 kg de viande par habitant et par an consommés ces dernières années. La consommation de poisson a cependant bien augmenté et la production piscicole indigène offre donc de réels débouchés. fenaco souhaite étudier si la production piscicole peut être pratiquée par les exploitations agricoles en Suisse et de quelle manière. Le cas échéant, fenaco souhaite analyser qui (agriculteur, fenaco et tiers) doit exercer quel rôle au sein d’une chaîne de valeur piscicole intégrée. «Il s’agit d’analyser le parcours du poisson, de son élevage dans l’exploitation agricole au rayon dans les magasins (chez fenaco et en dehors), en passant par la transformation», explique Josef Sommer, membre de la Direction de fenaco et chef du département Infrastructures et Développement durable, au sein duquel le projet piscicole est intégré.
La zone agricole constitue un défi
Aujourd’hui, le poisson n’est pas considéré comme un animal de rente agricole et l’engraissement piscicole en zone agricole pose des problèmes de conformité à la zone. Les agriculteurs qui souhaitent pratiquer l’engraissement piscicole sont donc soumis aux mêmes directives que pour une activité annexe non agricole. Dans le canton de Lucerne par exemple, où fenaco exploite une installation pilote en collaboration avec le couple d’agriculteur Steiger, les agriculteurs concernés peuvent déposer une demande d’autorisation pour une activité servant au développement interne de l’exploitation. La production annuelle est alors limitée à dix tonnes. On ne sait pas encore si les conditions-cadres pour les agriculteurs souhaitant pratiquer la pisciculture seront réaménagées lors de la prochaine révision des lois sur l’agriculture et sur l’aménagement du territoire. fenaco souhaite toutefois être proactive et étudie les possibilités à disposition des producteurs suisses en pisciculture.
Installation pilote dans une ancienne porcherie
Dans l’exploitation de Christian et Doris Steiger à Büron (LU), la porcherie qui était en activité jusque début 2017 a été transformée pour y intégrer une installation pilote d’engraissement piscicole. Le système ultra-complexe et coûteux comprend plusieurs bassins à poissons, filtres à grille, filtres bio et UV, pompes, automates et dispositifs de commande. L’installation Indoor en circuit fermé présente l’avantage de nettoyer continuellement l’eau à l’aide de filtres biologiques et mécaniques afin d’en utiliser le moins possible. Ce procédé contribue à une production piscicole durable. Les cultures de bactéries nettoyantes étant extrêmement sensibles, il faut renoncer aux antibiotiques. «Après des travaux et des investissements importants, l’installation pilote répond aux exigences très élevées en matière de développement durable et d’efficience énergétique. Elle satisfait aussi aux dernières évolutions en matière de bien-être animal. Les poissons sont endormis avec le moins de stress possible avant l’abattage.» Dans le cas d’une installation Indoor à circuit fermé, les exigences envers le site sont très strictes: espace isolé et chauffé, local sombre et calme, sol nivelé capable de supporter des charges élevées, apport d’eau fraîche, autorisation de déversement dans la fosse ou raccordement à la STEP. Les exigences pour le bâtiment et l’installation diffèrent selon le site et sont analysées au cas par cas par les autorités. L’octroi d’une autorisation pour cette activité en zone agricole implique donc des démarches fastidieuses.
Les perches et les sandres sont exigeants
Les perches et les sandres sont des poissons haut de gamme assez difficiles à élever et à engraisser. Les analyses réalisées par fenaco ont sciemment porté sur ces deux espèces présentes dans les cours d’eau naturels en Suisse. Contrairement à ce qui est le cas pour le poisson importé, la création d’une éventuelle chaîne de valeur piscicole suisse doit être transparente, durable et correspondre aux standards suisses en matière de protection des animaux.
«Les premiers jeunes poissons arriveront en automne dans l’installation pilote et atteindront leur poids d’abattage après dix mois», précise Doris Steiger. La qualité des jeunes poissons influence considérablement la courbe de croissance et le taux de mortalité.
Réunir des valeurs de référence et analyser la rentabilité
«Atteindre un bon niveau de rentabilité dans l’engraissement piscicole est un vrai défi et nous en sommes conscients» affirme Josef Sommer. «Pour les agriculteurs, c’est même crucial». L’engraissement piscicole est souvent qualifié d’alternative de diversification intéressante et on ressent une sorte de «fièvre de l’or» selon Josef Sommer. C’est ce qui a incité fenaco à débloquer des moyens financiers pour réaliser un essai pilote de plusieurs années afin d’analyser de manière approfondie les défis qui se posent dans la chaîne de valeur piscicole. «Nous tirons régulièrement des conclusions et nous émettons des recommandations à l’intention des agriculteurs intéressés. fenaco continuera à plancher sur ce thème à la seule condition que l’engraissement piscicole soit intéressant financièrement pour les agriculteurs.»
AuteureSarah Sinn, Communication d’entreprise fenaco, 8401 Winterthour
fenaco s’implique en faveur des agriculteurs
Dans le cadre de son analyse, fenaco attache une importance particulière • aux exigences du marché • aux défis et aux besoins liés à une production piscicole indigène dans des installations Indoor • à la production de jeunes poissons.
Outre ces trois points forts, l’accent est mis sur l’aliment pour poissons, les condi-tions-cadres légales, la formation des agriculteurs, la technologie des installations ainsi que sur les calculs de rentabilité et de financement.