Etes-vous confrontée à des clichés s’agissant des rôles de genre dans votre travail ?
Aline Schmucki : Rarement. En général, les femmes sont très bien acceptées parmi nos client·es du domaine Agro. C’est sans doute aussi parce que certaines d’entre elles travaillent chez nous depuis longtemps, tant dans les bureaux et les magasins que dans les centres collecteurs de céréales et l’usine de séchage à Illnau, Mönchaltdorf et Gossau (ZH). La représentation féminine n’était pas non plus un problème dans ma formation d’agronome à l’EPF : la moitié de la population estudiantine était féminine et il en allait quasiment de même pour le personnel enseignant. Les femmes ne sont plus des « OVNI » dans le monde de l’agronomie.
Pourquoi vous impliquez-vous dans le programme d’incitation « en avant » ?
Actuellement chez fenaco, la part de femmes est la suivante : 6 % au sein de la Direction, 13 % parmi les cadres supérieurs, 18 % chez les cadres intermédiaires et 47 % s’agissant des employé·es sans fonction dirigeante. Ainsi, plus le niveau de carrière est élevé, plus les femmes et leurs précieuses compétences techniques et managériales sont sous-représentées. Pourtant, le potentiel est là : 50 % des étudiants en agronomie à l’EPFZ sont des femmes, un taux qui est de 45 % à la HAFL de Zollikofen (BE). Par ailleurs, les études montrent que les équipes mixtes obtiennent de meilleurs résultats. Enfin, environ 1/3 du personnel agricole est constitué de femmes. Elles sont aussi nos membres et nos clientes. Pour ces raisons, fenaco vise à augmenter le personnel féminin dans toutes les catégories de cadres. En tant que femme et agronome, je veux participer à la réalisation de cet objectif.
L’agriculture est-elle en train de se féminiser ?
Oui, le nombre de femmes connaît une hausse sensible dans toutes les écoles d’agriculture. Ainsi, il en va de même dans le secteur agricole, lentement mais sûrement. Selon le dernier Rapport agricole, le nombre de grandes exploitations (> 50 ha) dirigées par des femmes a crû de 13 % en 2021. Il faut préciser que celles-ci ont toujours été nombreuses dans l’agriculture, assumant les rôles « traditionnels » (p. ex. tâches administratives, ménage ou vente directe). Pour beaucoup d’exploitations, ces travaux sont indispensables. J’espère que les consciences vont continuer de s’éveiller et que le travail des femmes sera encore mieux apprécié.
en avant
Le programme d’incitation de fenaco « en avant » vise à accroître la proportion de femmes parmi toutes les catégories de cadre et ainsi, à promouvoir la diversité. Il comprend notamment les mesures suivantes : cours de formation destinés à sensibiliser les cadres à la question de la diversité et de la pénurie de personnel qualifié, événements de réseautage pour les femmes et cours pour perfectionner les compétences de celles-ci dans la manière de se présenter en public.