Poules pondeuses
Les œufs bio produits en Suisse sont très appréciés par les consommateurs. C’est la raison pour laquelle Peter et Beatrice Habegger, de Trub (Emmental bernois) ont décidé de miser sur cette branche de production avant de reprendre le domaine des parents de Peter. Leur exploitation bio étant auparavant axée sur la production laitière, les vaches laitières ont été vendues. Afin de continuer à exploiter les prairies du domaine, les Habegger élèvent également 15 génisses Weidebeef et dix vaches taries et à l’engrais.
Inclure toutes les parties
Le premier cheptel de pondeuses hybrides brunes et blanches a été installé au poulailler en octobre 2014, après la phase de construction, qui s’est déroulée sans problème. « Nous avons tout d’abord déposé une demande de permis pour que les services concernés soient informés et qu’ils nous communiquent leurs attentes. C’est ce qui nous a notamment incité à implanter le poulailler à un endroit différent », explique Peter Habegger. Pour éviter d’inquiéter les voisins, les Habegger les ont informés très tôt en les invitant à participer aux discussions: « Pour nous, c’était important. Nous ne voulions pas d’oppositions mais que tout soit expliqué correctement. Nous souhaitions aussi montrer que nous voulions faire quelque chose de bien », précise encore le chef d’exploitation.
Jusqu’à 96 % de performance
Depuis, il y a eu trois rotations de cheptel de pondeuses et la quatrième est en cours. Même en conditions bio, les poules des Habeggers atteignent une performance de ponte de 96 %. A la sortie des poules après onze périodes de ponte de quatre semaines, la performance de ponte avoisine encore 90 %. « Avec des pertes de l’ordre de huit poules par période, les pertes sont plutôt faibles pour un effectif de 2000 pondeuses. Habituellement, pour un poulailler de ce genre, on table sur douze pertes par période », précise Peter Habegger. Les premières semaines qui suivent l’arrivée au poulailler sont décisives pour toute la rotation. Cette phase est en effet décisive pour que les poules fréquentent bien les pondoirs, qu’elles dorment sur les perchoirs et qu’elles atteignent leur rythme de ponte. Le chef d’exploitation peut légèrement influencer ce rythme. « Plus le programme d’éclairage commence tôt et plus les poules commencent à pondre tôt. Je débute ma journée de travail en effectuant un tour de poulailler à 6 heures du matin. A cette occasion, je ramasse les œufs qui ont été pondus par terre. Les premiers jours, je place également les poules dans les pondoirs. Je procède ainsi pour que le nombre d’œufs pondus par terre soit le plus faible possible », explique-t-il. En passant au poulailler, j’observe également mon cheptel. Ensuite je collecte et trie les œufs avant d’effectuer un deuxième tour de poulailler et de ramasser les œufs pondus par terre. Le matin, le travail lié aux pondeuses me prend environ deux heures. Le soir, nous ramenons les poules du pâturage ou du jardin d’hiver dans le poulailler, nous contrôlons la consommation d’aliments et d’eau et ramassons une dernière fois les œufs qui ont été pondus au sol. Peter Habegger apprécie le fait que son épouse et son père puissent facilement s’occuper des poules lorsqu’il y a beaucoup de travail à l’extérieur. « Le travail avec les poules pondeuses n’est pas très pénible, ce qui me donne une certaine flexibilité lors de pics de travail », explique le chef d’exploitation.
Poux rouges des volailles
En production avicole, l’hygiène est un facteur important. Avant l’arrivée des jeunes poulettes au poulailler, ce dernier est entièrement nettoyé et désinfecté. A leur arrivée, les poulettes sont vaccinées contre la bronchite infectieuse (IB). Les poules reçoivent par ailleurs de l’UFA-Antifex, un produit qui a un effet bénéfique sur la santé de l’intestin et qui a un effet préventif contre les infections des ovaires. Peter Habegger ajoute par ailleurs régulièrement du vinaigre dans la buvée, pour acidifier l’eau. Il rince de temps en temps les conduites avec Halades 01. Les poux rouges des volailles sont un parasite contre lequel il est difficile de lutter. Avant l’installation des poules, le chef d’exploitation saupoudre les endroits qui sont particulièrement menacés d’infestation (p. ex. les perchoirs) avec de la poudre volcanique. Dans le reste du poulailler, Peter Habegger utilise de l’huile de tournesol et de colza. « Je ne parviens malheureusement jamais totalement à maîtriser les parasites. Il est surtout primordial de maintenir le taux d’infestation à un niveau aussi faible que possible, pour éviter des pertes et des chutes de performances », précise encore Peter Habegger.
Coquillages
L’alimentation des poules pondeuses est subdivisée en trois phases. L’aliment de pré-ponte UFA 507-1 est le premier aliment distribué, à raison de 1,5 kg par poule. Suivent ensuite l’aliment de ponte UFA 507-7, qui est donné jusqu’à la 40 e /45 e semaine de ponte, puis l’aliment UFA 508-7. Au cours des phases précitées, les poules pondeuses ont toujours à disposition des grains dans le jardin d’hiver. Pendant la seconde phase de ponte, les Habegger répartissent des coquillages en effectuant la tournée du soir au poulailler, pour favoriser la formation des coquilles.
Pour que les poules soient suffisamment occupées et prévenir les problèmes de cannibalisme, les Habeggers suspendent aussi des paniers contenant de la luzerne dans le jardin d’hiver. « Les poules réagissent très bien et consomment ainsi encore un peu de fibre », ajoute le chef d’exploitation.
Alimentation exempte de soja
L’acheteur passe deux fois par semaine pour chercher les œufs. Outre le label bio, les œufs sont produits avec des aliments exempts de soja. Le jeune couple d’exploitant semble un peu incertain face aux conséquences de l’interdiction de l’élimination des poussins mâles: « Actuellement, on ne sait toujours pas quel système sera adopté. Nous espérons que BioSuisse acceptera la détection précoce dans l’œuf. Nous pensons que l’engraissement des frères des poulettes n’est pas assez efficace et qu’il ne permet pas une production durable. Les hybrides mâles ne mettent pas assez bien en valeur les aliments qu’ils ingèrent et nous doutons que les consommateurs soient prêts à payer un nouveau supplément de prix important », expliquent encore Beatrice et Peter Habegger.
Portrait d’exploitation
Peter et Beatrice Habegger
Effectif animal: 2000 poules pondeuses (blanches et brunes), 15 places Weidebeef, 10 places pour vaches taries et vaches d’engraissement
Surface: 10 ha de SAU, 8,5 ha de surface d’estivage, 34 ha de forêt
Production selon le label bio: depuis 1994
Vente directe à la ferme et sur Internet: sur biohoftrub.ch
Main-d’œuvre: Peter et Beatrice Habegger, les parents de Peter
AuteursBeat Schwestermann, spécialiste volaille au service technique UFA, 3052 Zollikofen Sandra Frei, Revue UFA, 3360 Herzogenbuchsee