Par rapport aux besoins des ruminants, le fourrage sec, l’ensilage d’herbe, l’ensilage de maïs et tous les autres fourrages de base présentent des teneurs déséquilibrées en énergie et en protéines. La vitesse de fermentation de chaque fourrage dans la panse différe également. Le fourrage de base affichant des teneurs en nutriments excédentaires ou insuffisantes n’est pas valorisé de façon optimale. Outre les pertes d’éléments nutritifs, les conséquences de ces déséquilibres sont l’adiposité due à un excédent d’énergie de la ration, la cétose imputable à la formation de corps cétoniques à partir des tissus adipeux, les troubles de la fertilité dus à un bilan énergétique négatif avant et après le vêlage, la fourbure causée par une suracidité de la panse et, évidemment, la baisse de la productivité.
Optimiser d’après W-FOS
Vaut-il la peine d’équilibrer la ration également dans les exploitations biologiques? Oui, car les coûts engendrés par l’aliment d’équilibrage (généralement protéique) sont inférieurs à la production laitière supplémentaire exprimée en francs (tableau).Uniquement nourrie avec du fourrage de base, une vache de 700 kg produirait environ 18 kg de lait par jour. Avec un complément de 1 kg de concentré protéique UFA 277, on arriverait théoriquement à 24 kg, soit une augmentation de 6 kg. La production laitière supplémentaire couvre à raison de deux à trois fois les coûts engendrés par UFA 277. Par ailleurs, le calcul n’intègre pas les avantages tels que la meilleure valorisation du fourrage de base (réduction de la surface fourragère nécessaire), ni la santé des vaches (moins de déficit durant la phase de démarrage). Un calcul exact du plan d’affouragement suppose des analyses précises du fourrage grossier.
UFA 277 fait partie du mélange
L’aliment d’équilibrage (la plupart du temps protéique) est particulièrement efficace quand il peut être mélangé à la ration de base (ration mélangée). En effet, lorsque la ration ne contient pas suffisamment d’hydrates de carbone rapidement fermentescibles (SFKH), les bactéries de la panse manquent d’énergie. En revanche, un excès de SFKH dans la ration entraîne un risque de suracidité de la panse et de baisse des teneurs du lait. Une ration trop pauvre en protéine brute rapidement fermentescible (SFRP) entraîne par ailleurs une insuffisance de l’approvisionnement en azote des bactéries du rumen. L’efficience maximale résulte de la bonne synchronisation de la SFRP et des SFKH dans la panse.
Meilleure santé
Le système d’affouragement W-FOS tient compte de ces corrélations. Selon une enquête réalisée en 2016 auprès de 112 exploitations, les exploitations ayant optimisé leur ration pour vaches laitières conformément au système W-FOS ont constaté une augmentation de la productivité laitière, un effet positif sur la santé des vaches, une réduction des cas de cétose, une amélioration de la fertilité, une baisse des suracidités de la panse et, surtout, une prolongation de la durée d’utilisation ainis qu’une meilleure valorisation du fourrage de base.
À chaque animal sa ration
Les besoins des animaux sont aussi variables que la teneur en nutriments du fourrage de base. Ils dépendent de la génétique, de la taille de l’animal, du stade de lactation, de l’état de santé et de la consommation. Une ration convient rarement à toutes les vaches et à toutes les génisses d’un troupeau. L’utilisation d’aliments d’équilibrage et de performance permet au chef d’exploitation de répondre aux besoins de chaque animal et de créer ainsi des conditions idéales à une bonne santé du troupeau.
Efficacité énergétique
Tout comme le plan d’affouragement W-FOS, les investissements consentis dans la fabrique de Hofmatt, à Herzogenbuchsee, où UFA produit ses aliments composés bio, ont pour objectif une augmentation supplémentaire de l’efficacité dans l’alimentation des animaux de rente. Récemment installé, un système de mouture à deux niveaux, avec broyeurs à cylindres et moulin à marteaux, permet une très grande souplesse en ce qui concerne la structure de la mouture et le choix des composants bruts, tout en permettant une économie d’énergie allant jusqu’à 30% (plus d’infos dans l’encadré).
AuteurToni Büchler, spécialiste bio auprès du Service-conseil UFA, 3052 Zollikofen, www.ufa.ch
Un séminaire professionnel bio riche d’enseignements
Lors du séminaire professionnel bio du 12 janvier 2017, UFA, Semences UFA, Landor et la LANDI Buchsi-Thörigen ont donnée des informations sur des sujets d’actualité en élevage et en production végétale. Quelque 90 paysannes et paysans y ont écouté des exposés passionnants présentés par les orateurs compétents.
Assurer au préalable l’écoulement de sa production: Les produits bio, notamment la volaille bio, sont recherchés, a expliqué Paul Stucki, chef des ventes UFA à Zollikofen, dans son exposé basé sur des rapports du marché. Ce n’est pas une raison pour se lancer dans le bio les yeux fermés. Il s’agit de discuter au préalable de la prise en charge de sa production avec la LANDI, Anicom ou d’autres partenaires commerciaux. L’offensive bio en cours actuellement dans le canton de Berne, qui souhaite augmenter nettement le nombre de ses exploitations bio, est née dans le contexte de la hausse des importations de produits bio et part de l’idée que le marché bio poursuit sa croissance, a expliqué Kathrin Schneider, présidente des paysans bio bernois. Coop annonce ainsi vouloir doubler ses ventes de produits bio au cours des 10 prochaines années.
La vague de reconversions est une opportunité: Andreas Rohner, de fenaco GOF (céréales, oléagineux, fourrages), a confirmé le potentiel de production de céréales fourragères, de maïs grain, de seigle et d’épeautre. Les producteurs désireux de se lancer dans les cultures associées seraient bien inspirés de semer de l’orge et des pois protéagineux, car cette combinaison se distingue nettement du point de vue qualitatif. Actuellement, 43 centres collecteurs du groupe fenaco-LANDI prennent en charge des céréales et des oléagineux bio.
Les sursemis plus avantageux que l’achat de fourrage: Au printemps, il faudrait contrôler tôt les peuplements des prairies, a rappelé Fritz Leuenberger, de Semences UFA. Les plantes indésirables comme la dent-de-lion, la renoncule, le pâturin ou la véronique colonisent en effet rapidement les trous. Des sursemis répétés renforcent la qualité de la prairie et coûtent moins cher que l’achat de fourrage. Ils devraient être réalisés le plus tôt possible au printemps, pour profiter de l’humidité hivernale. Selon Fritz Leuenberger, les gels tardifs ne causent pas de dégâts aux sursemis.
Le chaulage augmente l’efficience des substances nutritives : La valeur pH idéale du sol se situe entre 6 et 7, a expliqué Urs Hodel, de Landor. C’est dans de tels sols que la productivité des organismes qui y vivent et des substances nutritives, comme l’azote et le phosphore, est maximale. Lorsque le sol s’acidifie, les racines croissent moins bien et leur potentiel d’absorption de l’eau et des nutriments est réduit. Par ailleurs, l’activité biologique du sol baisse. Il faut plus de temps pour dégrader les résidus de récolte et pour que le sol se remette du compactage. Le lessivage et les prélèvements dus aux récoltes font perdre entre 350 et 70 kg de CaO par hectare et par an. Le chaulage d’entretien doit donc être calculé en conséquence.
Aliments composés hygiénisés: Toni Büchler (voir texte principal), d’UFA, a donné un aperçu des caractéristiques de la fabrique d’aliments composés UFA de Hofmatt. Les participant(e)s à la visites d’usine ont pu se faire une idée approfondie de la fabrication des aliments bio. La traçabilité est garantie jusqu’aux palettes, un aliment spécifique étant attribué à chacune d’elles. À la fabrique d’Hofmatt, l’aliment pour volailles est hygiénisé au moyen de la chaleur, de l’humidité et de technologies modernes. Il s’ensuit une charge en germes réduite, une meilleure fluidité et une appétibilité accrue.