Presque chaque année et surtout en hiver, le stockage du lisier (principalement) ou du fumier génère des situations critiques, notamment lorsqu’il y en a encore un peu, voire beaucoup trop.
Mémento en matière de gestion des engrais de ferme
– Capacités de stockage des engrais de ferme fonctionnelles et adaptées au cheptel
– Connaissance de la teneur en nutriments avant l’utilisation d’engrais de ferme (analyses de lisier)
– Connaissance des besoins nutritionnels des cultures
– Planification des apports d’engrais de ferme en fonction du temps, de la culture et de l’emplacement, afin de vider la fosse vers la fin de la période de végétation
– Technique d’épandage pratique et générant peu d’émissions
– Lisier fluide pour les tuyaux d’épandage
Teneur en nutriments
Les engrais de ferme ne peuvent être utilisés avec efficacité et efficience que si leur teneur en nutriments est connue. Dans cette optique, il faut se baser sur une analyse. Les différences saisonnières compliquent toutefois l’interprétation des résultats. En particulier, la teneur en matière sèche (MS) varie parfois fortement au cours de l’année. Malgré cela, au début de l’hiver, le lisier donne de bonnes indications sur sa teneur en nutriments. A la place d’analyses, des valeurs indicatives renseignent aussi sur la teneur (PRIF). Il est cependant décisif de connaître le taux de dilution ou la teneur en MS.
Ne pas utiliser les surfaces herbagères comme décharges
Les surfaces herbagères sont le lieu où le lisier est le plus souvent utilisé pendant toute la période de végétation. Elles ne doivent cependant pas servir de décharges ! Ainsi, suivant les besoins en azote, on peut apporter 20 à 30 m 3 par ha avant chaque repousse. Il faut accorder une attention particulière à l’apport élevé en potasse et, éventuellement, à un approvisionnement élevé en phosphore dans le sol. L’apport de lisier à la fin de l’automne sur les pâturages et les prairies (artificielles ou naturelles) favorise une fauche précoce au printemps suivant. Cette manière de faire permet d’obtenir un peuplement dense et résistant au piétinement, en particulier dans les pâturages. Au printemps, un apport d’environ 150 kg de Kieserite (15 % Mg / 20 % S) ou 300 kg d’Hasolit Kombi PluS (20 % Ca / 6 % Mg / 5% S) par hectare au début de la période de végétation est judicieux, car le besoin en soufre (S) de la culture fourragère est d’environ 30 - 50 kg par hectare.
Les surfaces herbagères ne doivent pas servir de décharges.
Valorisateurs de lisier dans les grandes cultures
Dans les grandes cultures, les céréales, le colza et le maïs sont les principaux valorisateurs de lisier. En automne, le colza prélève environ 30 kg d’azote par ha dans le sol. Ce besoin peut être facilement apporté sous forme de lisier avant le semis, pour autant que la capacité de rétention et la profondeur du sol le permettent. Les apports très précoces dans le colza et les céréales ne devraient pas dépasser 20 à 25 m 3 par ha en raison des risques météorologiques (par lessivage et ruissellement). Dans le maïs, une première application peut être planifiée juste avant ou après le semis, la fertilisation étant optimale jusqu’au stade 6 - 8 feuilles. Dans ce cas de figure aussi, la capacité de rétention du sol détermine la quantité maximale à apporter. Pour des quantités plus importantes avant le semis, il est recommandé d’utiliser un inhibiteur de nitrification, car celui-ci retient plus longtemps l’azote sous forme d’ammonium, qui, lié par les particules d’argile, est transformé en nitrate disponible pour les plantes au fur et à mesure.
Engrais dans les cultures dérobées
Dans le cas de cultures dérobées bien développées, en particulier les cultures dérobées fourragères résistantes au froid, des quantités similaires à celles pour les surfaces herbagères sont possibles. Les apports tardifs ne doivent être faits qu’en quantité réduite, suivant l’enracinement. En raison du risque de lessivage des nitrates, il convient d’être particulièrement prudent lors de l’apport de lisier dans les engrais verts, où seules de petites quantités sont possibles, si tant est qu’elles soient nécessaires. S’agissant de la fertilisation sur la paille de céréales ou de colza en été, l’apport de lisier accélère la décomposition. Enfin, en ce qui concerne la paille de maïs grain, il ne faut prévoir qu’un petit apport de lisier ; suivant la capacité de la culture suivante à absorber l’azote, il est aussi possible d’y renoncer totalement.
Décomposition et apport de fumier
Le fumier peut être épandu avant le travail primaire du sol, par exemple avant le colza, les cultures dérobées, les céréales et le maïs. Il ne doit toutefois pas être enfoui en profondeur, car cela peut entraîner sa putréfaction dans le sol. Ainsi, l’idéal est d’incorporer le fumier en surface : au contact de celui-ci avec l’oxygène, la terre et l’humidité, sa décomposition dans le sol est ce faisant favorisée. Par ailleurs, l’épandage de Desical ou d’Hasolit B poudre dans l’étable favorise l’assèchement de l’aire de repos et contribue à la décomposition ultérieure du fumier. Les apports supérieurs à 25 t de fumier par ha sont à éviter. En outre, si l’épandage se fait sur les cultures, une répartition fine est cruciale.
Sur les prairies et les pâturages, le fumier doit être épandu assez tôt pour que la paille présente puisse se décomposer ou s’incorporer suffisamment rapidement. Il est également possible de procéder à des apports en automne ; selon les régions, les dégâts causés par les sangliers peuvent cependant être plus importants. Des quantités de 20 t par ha ne devraient pas être dépassées sur les surfaces herbagères. Du compost ou du fumier bien décomposé peuvent également être utilisés avec succès après le début de la période de végétation, si les précipitations sont suffisantes. La prudence est de mise pour les cultures telles que le tournesol, les pommes de terre et les betteraves sucrières. Dans ce cas, il est plus judicieux de faire un apport pour la culture dérobée précédente.
Stockage des engrais de ferme
A l’avenir, il sera de plus en plus important de pouvoir stocker les engrais de ferme longtemps et en toute sécurité : pour épandre ceux-ci à des périodes idéales et respecter les conditions légales concernées, il convient d’investir dans les capacités de stockage de ces engrais, seule façon de garantir que le lisier et le fumier soient utilisés au bon moment et au bon endroit.