Il existe diverses méthodes d’analyse, qui fournissent différentes informations. Juliane Hirte, d’Agroscope, et ses collègues se sont penchés sur les questions suivantes : à quel moment telle méthode est-elle pertinente ? A quoi faut-il veiller en l’utilisant et quelles conclusions peuvent être tirées à partir des résultats ? Cet article résume leurs observations. L’azote n’est pas traité ici, car son analyse et le processus diffèrent de ceux des autres éléments nutritifs.
Pourquoi analyser le sol ?
Il existe quatre grands domaines dans lesquels on recourt à une analyse de sol (voir tableau 1). Pour les prestations écologiques requises (PER), il est obligatoire de faire analyser un échantillon de sol de chaque parcelle tous les dix ans au minimum. Cette exigence ne concerne toutefois pas les surfaces sur lesquelles la fumure est interdite ainsi que les prairies peu intensives et les pâturages permanents. L’analyse doit être réalisée par des laboratoires agréés. Pour les PER, l’analyse du sol porte sur la teneur en phosphore et en potassium, le pH, la granulométrie et la teneur en carbone organique. Les données anonymisées sont transmises à l’OFAG et utilisées dans le monitoring agro-environnemental pour le pool de phosphore.
Une analyse de sol ne devrait pas être considérée comme une corvée, car c’est un outil très précieux pour la planification de la fumure. Les éléments nutritifs déjà disponibles peuvent être idéalement complétés par des apports d’engrais ciblés, permettant ainsi un approvisionnement optimal des plantes. Pour des recommandations de fumure fiables, il faut connaître les teneurs en phosphore, en potassium, en magnésium et en calcium, mais aussi le pH, la granulométrie et la teneur en carbone organique du sol. Le rapport entre les cations basiques ainsi que les teneurs des autres éléments nutritifs aident aussi à optimiser les recommandations. En principe, l’analyse de sol peut aussi servir à la caractérisation d’un site.
Importance de l’échantillonnage
Afin d’obtenir des résultats pertinents, il est important de respecter certains points lors du prélèvement de l’échantillon. Les méthodes de référence des stations de recherche Agroscope représentent une bonne base. Une tarière cylindrique est recommandée pour prélever un échantillon à la main. Une tarière standard ou mécanique peut aussi être utilisée (par exemple via Landor). Les échantillons sont prélevés après la récolte ou la dernière coupe, dans l’idéal toujours au même moment dans la rotation. Par unité échantillonnée, c’est-à-dire pour chaque surface exploitée uniformément, on effectue 20 à 25 prélèvements répartis régulièrement sur la surface. Ceux-ci sont rassemblés dans un récipient puis mélangés pour constituer un échantillon global homogène. La profondeur de prélèvement est de 0 à 10 centimètres dans les herbages permanents et de 0 à 20 centimètres dans les terres assolées. L’échantillon global est ensuite envoyé dans un sac le plus vite possible au laboratoire pour y être analysé.
Choix de la méthode d’analyse
Au laboratoire, les échantillons de sol sont séchés à 40 °C, tamisés puis préparés pour l’extraction des éléments nutritifs. Un agent d’extraction différent est utilisé suivant le groupe de culture et les informations recherchées. Avec une solution d’extraction douce, on obtient des informations sur les éléments nutritifs directement disponibles. Un agent d’extraction fort extrait des éléments plus fortement liés au sol, ce qui correspond au pool d’éléments nutritifs disponibles à plus long terme. Les résultats sont interprétés à l’aide des tableaux figurant dans les Principes de fertilisation des cultures agricoles en Suisse (PRIF). Ces tableaux, qui tiennent aussi compte d’autres caractéristiques du sol comme la teneur en argile, permettent d’évaluer les quantités d’éléments nutritifs. Le choix de la méthode d’analyse pour déterminer les éléments nutritifs dépend des besoins du demandeur et des cultures concernées ainsi que de la disponibilité du schéma d’interprétation correspondant.
Echantillons de sol pour planifier la fumure: Questions à Roland Walder, conseiller Landor
Pourquoi a-t-on besoin des résultats d’analyses de sol pour réaliser un conseil de fumure ?
Pour pouvoir élaborer un plan de fumure garantissant des rendements et une qualité élevés à long terme, il est important de réaliser tout d’abord un état des lieux. Nous avons pour cela besoin d’un bilan de fumure, afin de connaître la production annuelle d’éléments nutritifs. Il faut aussi les résultats des analyses de sol de toutes les surfaces fertilisables. Ces deux paramètres nous indiquent quels éléments nutritifs sont disponibles et où il faut compléter.
Quelles sont les analyses de sol que vous privilégiez pour le conseil ?
Les doubles analyses sont très utiles. On peut comparer les éléments nutritifs disponibles et ceux de réserve. En connaissant le type de sol, les éléments nutritifs présents et ceux de réserve, le conseiller peut définir quel est le produit le mieux adapté pour la fumure. Il est aussi important de connaître le plan d’assolement ainsi que les sous-produits qui restent sur le champ et ceux qui sont évacués. Un plan de fumure peut être établi sur la base de ces informations et de l’expérience de l’agriculteur·trice. Il permet d’approvisionner correctement les cultures en sachant à quoi ressemblera le bilan de fumure en fin d’année.