Cultures mixtes
Les légumineuses à grains indigènes gagnent en importance: elles contribuent en effet à accroître l’approvisionnement indigène en protéine dans le cadre de la production d’aliment. Cultiver ces légumineuses en association avec des céréales présente de nombreux avantages agronomiques. Le choix des mélanges appropriés et de la transformation constitue par contre un défi important.
Avantages
Les pois protéagineux et la féverole sont sensibles aux mauvaises herbes. Leur résistance à la verse, surtout en ce qui concerne les pois protéagineux, est souvent insuffisante. Les céréales inclues dans les cultures mixtes exercent une pression sur les mauvaises herbes tout en soutenant les légumineuses. Les cultures mixtes sont moins attaquées par les ravageurs. Cette pratique culturale contribue à une utilisation efficace des ressources: les cultures présentes ayant des besoins différents, l’espace, la lumière, l’eau et les nutriments sont utilisés de manière optimale. Les cultures mixtes permettent d’obtenir des rendements totaux à la surface plus élevés. Les rendements sont également plus stables qu’en culture pure, avec une répartition des risques sur deux cultures.
Commercialisation des cultures mixtes
Les cultures mixtes présentent des avantages agronomiques. La mise en valeur de la récolte est toutefois compliquée. Dans les lignes qui suivent, Andreas Rohner de fenaco GOF fournit des exploitations plus détaillées sur la commercialisation des cultures mixtes.
Revue UFA: Avant d’être transformées en aliments composés, les cultures récoltées sont triés. Il s’ensuit une charge de travail supplémentaire par rapport aux cultures pures. Quelles sont les autres exigences posées par les cultures mixtes en termes de commercialisation et de transformation?
Andreas Rohner: Un centre collecteur ayant la capacité de séparer les cultures mixtes doit informer l’entreprise qui se charge de la commercialisation, respectivement la fabrique d’aliment, que les marchandises livrées sont issues d’un tri de cultures mixtes. Les produits issus du tri contiennent en effet presque toujours des résidus. Lorsque les cultures mixtes sont vendues sous forme de mélanges, la définition du rapport de mélange et finalement du prix suscite souvent des discussions. Il est donc primordial de disposer d’un échantillon représentatif pour pouvoir déterminer précisément la proportion respective des composants individuels.
Quelles sont les conditions de prise en charge à respecter lorsque l’on livre à un centre collecteur?
Rohner: Avant le semis, il est primordial de vérifier avec le centre collecteur si ce dernier accepte de reprendre, de sécher et conditionner le mélange prévu. Le nettoyage du mélange est compliqué et implique un procédé par étape. Il est donc primordial de bien maîtriser les mauvaises herbes. Pour le tri, les centres collecteur exigent généralement un montant avoisinant CHF 3.00/100 kg.
Pour quelles cultures existe-t-il actuellement un besoin et pour lesquelles d’entre elles le marché est-il déjà saturé?
Rohner: D’un point de vue commercial, les légumineuses à grains sont actuellement la composante la plus demandée des cultures mixtes.
Que mélange recommanderiez-vous de cul tiver?
Rohner: Le commerce et la transformation privilégient les mélanges à base d’orge et de pois protéagineux. Dans la mesure du possible, la féverole devrait être cultivée en culture pure.
Désavantages
Le rendement total d’une culture mixte est certes plus élevé en termes quantitatifs. Dans le cadre de cette pratique culturale, le rendement net en protéine des légumineuses à grains est en revanche inférieur. Les céréales sont elles aussi de moins bonne qualité. L’organisation de la rotation peut aussi représenter un défi: il s’agit en effet de respecter les pauses nécessaires entre chaque culture, et ce même lorsque celles-ci sont cultivées en mélange avec d’autres. Les cultures mixtes sont récoltées en une seule fois. Il s’ensuit des coûts élevés lors du tri.
Points importants pour réussir en culture mixte:
Tenir compte des exigences en matière de rotation
Opter pour des partenaires de mélange qui arrivent pratiquement en même temps à maturité
Adapter toutes les mesures culturales en fonction des légumineuses (p. ex. semis et moment de récolte)
Bien régler la moissonneuse-batteuse lors de la récolte
S’assurer que les cultures récoltées puissent être prises en charge, étudier les conditions au préalable avec le centre collecteur
Combinaisons appropriées
Jusqu’à maintenant, c’est dans les combinaisons pois protéagineuxorge et féverole-avoine que l’on a le plus d’expérience. Le mélange pois protéagineux-orge présente l’avantage d’offrir une maturité simultanée tout en étant la solution la plus intéressante en termes de rendement. Le mélange féverole-avoine produit de bons rendements mais l’avoine affiche souvent de mauvaises propriétés fourragères.
Plusieurs essais ont démontré qu’appliquer un rapport de mélange équivalent à 80% de la densité de semis pratiquée en culture pure en faveur des légumineuses et à 40% en faveur des céréales permet d’obtenir les meilleurs résultats. Les cultures mixtes peuvent être semées en automne ou au printemps. Durant les hivers froids, la résistance hivernale de nombreuses légumineuses est souvent insuffisante.
Le FiBL, l’institut de recherche de l’agri culture biologique, et Agroscope réalisent régulièrement des essais en vue d’obtenir des informations supplémentaires sur l’aptitude à la culture mixte d’autres légumineuses à grains tels le lupin, la vesce, le soja et d’autres espèces.
Auteure
Verena Säle, Revue UFA, 8401 Winterthour
Informations supplémentaires
Une fiche technique sur la culture de légumineuses à grains en culture mixte avec les céréales a été éditée par l’Institut de re cherche de l’agriculture biologique FiBL et fournit des informations détaillées. Elle peut être téléchargée sous www.fibl.ch Cette fiche technique existe uniquement en allemand ! Sur www. bioactualités.ch de nombreuses informations sont toutefois disponibles en français.