Le système de commercialisation Maxi est un exemple de réussite dans la transition d’un marché agricole autrefois régulé par l’Etat vers un modèle de marché libéralisé. En effet, jusqu’en 2001, la Confédération contrôlait le marché des céréales et des oléagineux moyennant des prix fixes et des obligations d’achat : elle achetait les céréales panifiables produites en Suisse à des prix prédéterminés, puis les revendait à un certain prix aux moulins. Des interventions similaires existaient aussi pour les oléagineux, tandis que le marché des céréales fourragères était en grande partie libre. La libéralisation en question, qui a marqué un tournant majeur, a été amorcée en 1998. En 2000, c’est le marché des oléagineux qui a été libéralisé, suivi en 2001 par celui des céréales panifiables. Avec cette ouverture progressive, les producteurs·trices ont dû s’adapter à un marché libre : les fluctuations de prix et la pression de mise sur le marché ont augmenté, tandis que des excédents temporaires apparaissaient ; dans le même temps, de nombreuses exploitations productrices peinaient à trouver des acheteurs. Le groupe fenaco-LANDI a ainsi rapidement compris que, dans l’intérêt de ses membres, il fallait regrouper l’offre pour garantir aux producteurs·trices une commercialisation durable et performante. L’un des initiateurs ingénieux du système Maxi actuel est Fortunat Schmid. Originaire de Suisse orientale et membre de la Direction de fenaco Céréales, oléagineux et matières premières (fenaco GOF), il explique à ce sujet : « Pour un producteur, devoir vendre en raison du manque de place est ce qu’il y de pire au niveau des prix. Nous devions donc éviter que trop de céréales et d’oléagineux arrivent sur le marché en pleine récolte à des prix bradés. »
Un système avec une assise financière solide
Le système Maxi a été conçu pour solutionner ces problèmes. Forte de l’expérience acquise dans le marché libéralisé des céréales fourragères, fenaco a défini des principes qu’elle a proposés aux LANDI. « Notre mission consistait à convaincre un maximum de LANDI et de centres collecteurs de rejoindre un système de commercialisation commun. C’était la seule façon de regrouper l’offre du côté des ventes et de garantir des prix équitables aux exploitations agricoles », se souvient Fortunat Schmid à propos de cette phase pionnière de lancement.
Les piliers de l’accord étaient les suivants : des décomptes transparents, une rémunération fixe pour fenaco, une logistique de stockage et de transport optimisée, ainsi que des acomptes versés aux producteurs·trices. « La plupart des LANDI et des centres collecteurs n’auraient pas pu assurer un préfinancement conséquent peu après la récolte sans la solide assise financière de fenaco », ajoute-t-il.
Aujourd’hui, fenaco avance chaque année plus de 100 millions de francs pour la partie de la récolte de céréales et des oléagineux qui n’est pas encore vendue. Pour cela, fenaco GOF doit anticiper au plus juste l’évolution du marché. L’objectif est que les entreprises productrices puissent bénéficier d’un prix aussi fiable que possible dès le début : « L’écart ne doit pas dépasser 5 %, sinon, si le prix est surestimé, des remboursements fastidieux seraient nécessaires en cas de revente ultérieure à un prix plus bas », précise Fortunat Schmid.
Aujourd’hui, fenaco avance chaque année plus de 100 millions de francs pour la partie de la récolte de céréales non encore vendue.
Trois piliers pour une commercialisation stable
Grâce à sa mise en œuvre à l’échelle nationale à travers les LANDI, le système Maxi offre une plateforme de commercialisation solide pour les cultures à graines des agriculteurs·trices suisses. Cette stabilité repose sur trois piliers :
(1) La répartition claire des rôles : les LANDI entretiennent la relation avec les producteurs·trices de céréales et d’oléagineux, tandis que fenaco se charge de la commercialisation et de la logistique. Le conseil Maxi, un comité consultatif composé de douze représentant·es issu·es des différentes régions et provenant pour l’essentiel des LANDI, assure le lien avec fenaco GOF, tout en intégrant les préoccupations des producteurs·trices dans les décisions stratégiques.
(2) La proximité avec le marché et l’ancrage sectoriel : un bon exemple est l’introduction du colza HOLL par fenaco. Avant même le lancement, fenaco avait déjà sécurisé, à travers des partenariats, des débouchés auprès des transformateurs, garantissant un accès au marché avec des prix stables pour les agriculteurs·trices.
(3) La création de valeur intégrale : c’est un facteur clé de succès du système Maxi. L’interconnexion entre la production céréalière, la fabrication d’aliments pour animaux et la valorisation de coproduits comme les issues de meuneries ou les tourteaux de colza joue ici un rôle central, comme le souligne Fortunat Schmid : « Cela montre que les marchés ne fonctionnent pas en vase clos, mais comme des systèmes interconnectés. »
Souplesse et ouverture vers l’avenir
Le système Maxi n’a cessé d’évoluer au fil des 25 dernières années, en s’adaptant aux nouvelles conditions. Plus l’offre est regroupée, plus les producteurs·trices bénéficient de prix stables et d’une commercialisation efficiente. Les contrats sont renouvelables ou résiliables chaque année, offrant une grande flexibilité aux participant·es.
De nouvelles évolutions et problématiques continueront d’influencer le système Maxi, rendant des ajustements nécessaires. Parmi les principaux facteurs de changement, Fortunat Schmid cite : le dérèglement climatique, les nouvelles habitudes de consommation et la pression de la concurrence internationale à travers les produits semi-finis importés. Une chose est certaine : sans regroupement de l’offre, sans transparence ni solutions axées sur le marché, la commercialisation des céréales et des oléagineux en Suisse serait beaucoup plus volatile aujourd’hui. Si le marché de ces produits connaît une stabilité certaine, c’est en grande partie grâce au système Maxi.
La stabilité du marché des céréales et des oléagineux est possible en grande partie grâce au système Maxi.