Pour qu’une exploitation agricole puisse perpétuer son activité, il est primordial qu’elle parvienne à couvrir entièrement ses coûts de production. Sur la base des données 2020 de l’échantillon sur la situation des revenus du dépouillement centralisé des données comptables, Agroscope a analysé la situation en termes de couverture de coûts à l’échelle de l’exploitation agricole considérée dans sa globalité.
67 % des exploitations ne parviennent à couvrir que la moitié des coûts de la main-d’œuvre familiale.
Pour ce faire, les coûts de production ont été subdivisés en coûts réels et coûts calculés. Les coûts réels se composent des facteurs de production achetés à des tiers. Ils comprennent les coûts matériels, comme les engrais par exemple, ainsi que les coûts de structure matériels, parmi lesquels figurent notamment les amortissements de machines. Font également partie des coûts réels les coûts de rémunération des employé·es (frais de personnel) et du capital étranger (intérêts des dettes, indemnités de fermage et de location).
Les coûts calculés correspondent aux coûts des propres facteurs de production. Ils comprennent la prétention de salaire de la main-d’œuvre familiale et les intérêts sur le capital propre. Les coûts calculés se basent sur les tarifs d’indemnisation. Pour le salaire de la main-d’œuvre familiale, on se base à cet effet sur le salaire comparable, qui correspond au salaire annuel médian brut des employé·es actifs·ves dans les secteurs secondaires et tertiaires. Ce salaire comparable est calculé par l’Office fédéral de la statistique. Pour l’intérêt sur le capital propre, on applique le taux d’intérêt sur les obligations à dix ans de la Confédération. Ce taux d’intérêt étant négatif en 2020 en moyenne annuelle, les coûts calculés n’incluent que la prétention de salaire de la main-d’œuvre familiale.
Comme le montre l’illustration 1, en 2020, 98 % des exploitations sont parvenues à couvrir la totalité de leurs coûts réels avec les produits monétaires qu’elles ont générés (paiements directs compris). Cela signifie que seuls 2 % des exploitations n’arrivent pas à couvrir entièrement leurs coûts réels à l’aide des produits. Le pourcentage d’exploitations qui parviennent à couvrir à la fois leurs coûts réels et leurs coûts calculés est de l’ordre de 30 %. Exprimé différemment, cela signifie que près d’un tiers des exploitations génèrent un bénéfice calculé. Pour les 67 % d’exploitations restantes, seuls les coûts réels sont entièrement couverts. Les coûts calculés ne sont quant à eux qu’en partie couverts. Dans ce groupe, le taux de couverture moyen des coûts calculés s’élève à 56 %. Les coûts calculés n’incluant que la prétention de salaire de la main-d’œuvre familiale, on constate donc qu’au sein de ce groupe, le revenu comparable de la maind’œuvre familiale n’est couvert qu’à moitié.
Le degré de couverture des coûts diminue avec l’altitude
La part d’exploitations qui ne parviennent pas à couvrir entièrement leurs coûts réels est à peu près identique dans les trois régions plaine, collines et montagne. Elle est de l’ordre de 2 à 3 % (voir illustration 1). Plus les conditions naturelles sont défavorables, moins les exploitations sont nombreuses à couvrir entièrement leurs coûts de production totaux. La part d’exploitations couvrant leurs coûts totaux est de 43 % en zone de plaine, de 26 % en zone des collines et de 17 % en zone de montagne.
Ecarts importants
Outre la situation naturelle, le type de production a aussi un impact décisif sur le degré de couverture des coûts (illustration 2). On constate surtout des écarts importants en ce qui concerne la part d’exploitations couvrant entièrement leurs coûts. Ce sont les exploitations « transformation », « grandes cultures » ainsi que les exploitations « combinées transformation » qui parviennent le plus souvent à couvrir entièrement leurs coûts réels et leurs coûts calculés. Le pourcentage d’exploitations qui sont dans ce cas varie entre 51 et 55 %.
Au sein du type d’exploitations spécialisées dans la garde de ruminants (vaches laitières, vaches mères, bétail bovin mixte, chevaux, moutons et chèvres), le pourcentage d’exploitations couvrant entièrement leurs coûts est nettement inférieur. Seuls entre 13 et 20 % y parviennent. A l’exception du type d’exploitation « combinée transformation », tous les types d’exploitations combinées se situent en milieu de tableau. Avec une part de 41 %, les exploitations du type « cultures spéciales » sont certes proportionnellement plus nombreuses à couvrir entièrement leurs coûts, sans pour autant faire partie du peloton de tête.