Produits régionaux
En tant que consommatrice, Nadine Degen attache beaucoup d’importance à une alimentation saine. Dans son métier, les denrées alimentaires occupent également une place centrale: en tant que gérante de l’organisation de promotion «Das Beste der Region», Nadine Degen s’implique dans la commercialisation et la certification des produits régionaux.
Revue UFA:
Pourquoi les produits régionaux doivent-ils être certifiés?
Nadine Degen:Avant de commencer à travailler pour «Das Beste der Region», j’avais déjà constaté que plusieurs études arrivaient à la conclusion que les ventes de produits régionaux affichaient un taux de croissance supérieur aux ventes de produits bio. Cela m’a impressionné et prouvé que les produits régionaux répondent à une réelle demande. Avec le label «Das Beste der Region», nous garantissons que les produits régionaux sont conformes.
Est-ce la raison pour laquelle l’association «Das Beste der Region» a été fondée?
N. Degen:Cette association a été créée pour plusieurs raisons. Il y a onze ans, plusieurs marques régionales du canton de Berne, comme «Ämmitaler Ruschtig» ou «TouLaRe Seeland» se sont regroupées pour fonder l’association «Das Beste der Region». Le but consistait alors et consiste toujours à mettre à profit des synergies et à renforcer la présence commerciale des produits concernés. Cette association permet de mieux défendre les intérêts des marques régionales ainsi que ceux des produits et des producteurs. L’Office fédéral de l’agriculture soutient également l’agriculture en accordant des fonds pour la promotion des ventes, via des organisations suprarégionales.
Quelles régions font partie de «Das Beste der Region»?
N. Degen:Aujourd’hui, nous représentons 19 marques régionales. «Das Beste der Region» opère sur le Plateau central, dans l’Oberland bernois et du canton de Bâle au canton de Zurich en passant par la Suisse centrale. Actuellement, il existe quatre organisations suprarégionales au niveau suisse. A l’avenir, nous serons présents commercialement sous la marque «regio.garantie» (pour plus informations, voir sous-encadré).
A l’aide de quelles activités renfor-cez-vous les 19 marques régionales?
N. Degen:Dans le courant de l’année, nous prévoyons de créer une plate-forme en ligne pour développer des synergies entre l’agrotourisme, les producteurs et les organisations de producteurs. Tout doit être coordonné. Il s’agit de créer une offre commune. Par notre intermédiaire, les petits producteurs peuvent également participer à de grandes manifestations (foires, salons), pour un prix intéressant. Nous conseillons aussi les producteurs pour les aider à appliquer correctement les directives des marques régionales.
Vous collaborez donc également directe ment avec les producteurs?
N. Degen:Oui, en partie. Nous soutenons toutefois également les marques régionales dans les domaines de la commercialisation et de la communication, notamment pour la création de leur site Internet. Pour ce faire, nous collaborons avec les représentants des marques régionales. L’objectif de l’association consiste à commercialiser les produits régionaux. A travers les plates-formes de promotion, nous nous efforçons de faire connaître les produits régionaux et de stimuler la demande. Nos directives permettent également d’atteindre notre second objectif, à savoir la création de valeur au niveau régional.
Comment procède un producteur lorsqu’il désire commercialiser un produit régional?
N. Degen:Le producteur doit faire certifier son produit. Pour cela, son exploitation doit être située dans une région associée à une marque régionale. Ces régions sont clairement délimitées. En dehors de ces dernières, il est interdit d’utiliser cette marque. Un producteur situé dans la zone régionale concernée peut commander les documents nécessaires à travers la marque régionale ou à travers nous. Pour cela, le producteur intéressé doit signer une convention dans laquelle il s’engage à respecter les directives des marques régionales. «Das Beste der Region» contrôle la composition des produits. Nous contrôlons si les matières premières proviennent de la région et si la valeur ajoutée est générée dans la région. Lorsque tout est en ordre, nous envoyons les documents à l’OIC, un organisme de certification indépendant, qui certifie ensuite chaque produit individuellement.
«Les producteurs tirent parti de la participation à des expositions et de la présence publicitaire, à un coût avantageux.»
Nadine Degen
Quelles sont les exigences à remplir pour être certifié en tant que produit régional?
N. Degen:Les matières premières doivent provenir à raison d’au moins 80% de la région. Le producteur concerné ne peut utiliser d’autres matières premières suisses qu’à condition que ces dernières ne soient pas disponibles au niveau régional. Pour cela, il doit néanmoins disposer d’une autorisation de notre part. En plus de cela, la valeur ajoutée doit être générée à hauteur des deux tiers dans la région. Lorsqu’une étape de transformation ne peut pas être réalisée dans la région, par exemple lorsque la farine ne peut pas être moulue dans la région en l’absence d’un moulin, l’étape en question doit alors être effectuée dans une autre région. Le producteur doit néanmoins demander une autorisation et la valeur ajoutée générée hors région ne doit pas excéder un tiers. Cette condition revêt énormément d’importance pour nous sachant que nous voulons préserver et renforcer les structures de production et de transformation au niveau régional.
Un producteur peut-il également se profiler en utilisant sa propre marque?
N. Degen:Le producteur a tout intérêt à s’appuyer sur une marque solide et réputée. Il s’agit d’un grand avantage par rapport à une marque liée à l’exploitation. Un agriculteur souhaitant utiliser sa propre marque doit être conscient qu’il devra beaucoup travailler pour la faire connaître.
Quels sont les produits pour lesquels la demande de certification est la plus élevée?
Degen:Cela varie beaucoup selon les régions. Dans la plupart des régions, c’est le fromage qui est le produit le plus certifié. Nous certifions également de nombreux produits élaborés par des bouchers, comme les saucisses sèches et d’autres spécialités. Mais la palette de produits est énorme: glace, yogourt ou produits non transformés comme les légumes, les fruits et le lait.
Comment expliquez-vous que le fromage soit le produit le plus certifié?
Degen:la Suisse est le pays du lait. La production laitière est son point fort. Plusieurs régions sont fortement axées sur la production laitière et génèrent ainsi de la valeur ajoutée au niveau régional.
Label national «regio.garantie»
L’Association suisse des produits régionaux a lancé en janvier 2017 un label national pour les produits régionaux certifiés, sous le nom de «regio.garantie». La marque nationale «regio.garantie» remplacera les marques des quatre organisations suprarégionales de promotion des ventes «alpinavera», «Culina rium», «Das Beste der Region» et «Pays romand – Pays gourmand», qui composent l’Association suisse des produits régionaux. Ce nouveau label fournit plus de clarté aux consommateurs: tous les produits sont certifiés sur la base des mêmes critères dans toute la Suisse et respectent les mêmes directives. Les produits certifiés «regio.garantie» sont composés d’ingrédients régionaux à hauteur d’au moins 80%. Au moins deux tiers de la valeur ajoutée est créée dans la région de référence. Les exceptions à ces règlements doivent être approuvées au niveau national. Un organisme de certification indépendant vérifie le respect des lignes directrices et donc le droit d’utiliser le label «regio.garantie».
AuteureGabriela Küng, Revue UFA, 8401 Winterthour