Les préparatifs de la saison d’alpage débutent avec la recherche de personnel. Cette recherche commence souvent par le bouche à oreille en fin d’automne. Pour élargir la recherche, il est judicieux de publier une annonce d’emploi sur Zalp, la plateforme à l’intention des alpagistes, sur les réseaux sociaux ou dans la presse agricole spécialisée. Les candidates et candidats peuvent être présélectionnés sur la base des dossiers de candidature reçus. L’alpage et son organisation devront être décrits précisément lors d’un entretien de présentation ultérieur, tout comme les tâches à effectuer. Une documentation comprenant des photos de l’alpage et un cahier des charges assure une bonne transparence dès le début.
Un salaire correct concourt à l’attrait de la place de travail à l’alpage. Les salaires indicatifs pour le personnel d’alpage publiés par la chambre d’agriculture des Grisons ou les salaires indicatifs pour le personnel agricole de l’Union suisse des paysans servent de cadre (voir encadré). Le salaire définitif dépend de la taille de l’alpage, des installations, des tâches à accomplir et des capacités des personnes concernées. Des fiches de salaire s’avèrent très utiles pour établir les décomptes de salaire ultérieurs.
Contrat de travail et assurances
Un contrat de travail écrit doit être conclu avec chaque employé(e). Les modèles de contrat proposés par les services de vulgarisation cantonaux conviennent également à cet effet. Le contrat de travail est basé sur les contrats-types de travail cantonaux pour les employés agricoles et le personnel d’alpage. Un contrat de travail écrit détaillé aidera à éviter des malentendus. Les personnes engagées savent ainsi clairement, avant de commencer à travailler, si elles ont par exemple le droit d’utiliser des chiens de travail, quelles sont les règles de traite à respecter et dans quels cas les propriétaires d’animaux doivent être informés. Le salaire brut et les prestations en nature (repas, logement) sont assujettis à l’AVS. Il faut s’affilier à une assurance pour les assurances indemnités journalières, les assurances-accidents professionnels et non professionnels ainsi que pour la prévoyance professionnelle. Concernant les employés étrangers, il convient de vérifier si ces derniers disposent d’une assurance maladie. Si ce n’est pas le cas, il faut en conclure une. Il vaut la peine de faire vérifier sa situation en matière d’assurances personnelles et d’assurances choses par un conseiller spécialisé.
Collaborateurs étrangers
Lorsqu’on engage des personnes issues des Etats de l’UE / AELE pour une durée de trois mois au maximum, il est obligatoire de s’annoncer au moins huit jours avant le premier jour de travail auprès de l’office cantonal du travail. Pour les rapports de travail de plus de trois mois, il faut demander une autorisation et annoncer les personnes concernées auprès du contrôle des habitants de la commune. D’autres informations sont disponibles auprès du SEM (voir encadré). L’impôt à la source doit par ailleurs être déduit du salaire des employés étrangers.
Adapter le cycle de production
Outre les questions de personnel, avant de commencer la saison d’alpage, de nombreux aspects opérationnels doivent être pris en considération. L’estivage des animaux doit être planifié de manière fixe dans le cycle de production. Selon la production fourragère, l’organisation et l’altitude de l’alpage, l’estivage a un impact sur les performances animales et détermine la saison de l’année où le vêlage aura lieu. Opter pour le c ycl e de production le mieux adapté à la race, l’alpage, l’exploitation de base, les directives du label et la situation commerciale nécessite une certaine expérience.
Gestation et vêlages
Au cas où la date de vêlage est inconnue parce qu’un taureau insémine le troupeau, il faut demander au vétérinaire de déterminer la date de vêlage probable, à l’aide d’un appareil à ultrasons, avant le départ au chalet. Si des vaches mères sont censées vêler à l’alpage, un suivi professionnel par du personnel d’alpage bien formé, les responsables de l’alpage et le vétérinaire est indispensable. Une infrastructure adaptée et une bonne organisation du travail sont également incontournables. Réserver pour les vêlages une parcelle de pâturage visible et accessible en fait partie. Il faut aussi qu’il soit possible d’y traiter des animaux et appliquer une stratégie ciblée pour marquer les animaux. La gestion du pâturage doit garantir en tout temps la sécurité du troupeau et celle des promeneurs. Les directives des autorités doivent être respectées avant mais aussi durant la saison. Faire vêler des vaches mères à l’alpage implique l’accord du syndicat d’alpage.
Un bon contact avec les animaux est essentiel pour pouvoir travailler correctement. A l’alpage aussi, une approche respectueuse des animaux et des installations adaptées à leurs besoins sont indispensables. En font notamment partie des barrières pour décharger et charger les animaux, un congrin pour les soins aux onglons ou d’autres mesures de santé animale.
Engagement de personnel d’alpage
Salaires indicatifs et contrats-types
Les salaires indicatifs pour le personnel d’alpage édictés par le canton des Grisons font office de valeur indicative au niveau suisse. Ils tiennent compte du niveau de formation, de l’expérience professionnelle et des responsabilités. Les salaires indicatifs actuels, un modèle de contrat de travail ainsi que l’outil de décompte de salaire sont disponibles sur les sites Internet suivants :
- www.agrimpuls.ch ➞ Salaires indicatifs (pdf)
- www.plantahof.ch ➞ Personal und Funktionäre (en allemand uniquement)
Publication des places de travail et autres informations concernant les questions de personnel
- Plateforme Internet Zalp pour les alpagistes www.zalp.ch ➞ Jobs & Personal
Engagement de personnel étranger (UE-wqwe 27 / AELE)
Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM)
- www.sem.admin.ch ➞ Procédure d’annonce pour les activités lucratives de courte durée
Obligation d’annoncer les postes vacants à l’ORP
Selon les cantons, les postes vacants d’alpagistes et d’auxiliaires d’une durée supérieure à 14 jours doivent être annoncés par téléphone à l’Office régional de placement (ORP) ou en ligne au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). La période d’attente pour un appel d’offre public est de cinq jours. Les dossiers de candidature transmis par l’ORP ne doivent pas nécessairement être retenus au moment d’engager du personnel d’alpage.
- www.travail.swiss ➞ L’obligation d’annoncer les postes vacants
Santé animale
Seuls les animaux en bonne santé peuvent être estivés. Les animaux malades peuvent être refusés lors de la montée à l’alpage. Les offices vétérinaires cantonaux édictent des directives en ce sens pour les déplacements à l’alpage. L’exploitation d’estivage exige parfois que les animaux soient vaccinés (kératoconjonctivite infectieuse, charbon symptomatique). Les parasites internes et externes ainsi que les insectes qui entravent les performances et le bienêtre animal doivent être combattus très tôt. Un parage au printemps est indispensable pour que les animaux marchent bien et ne souffrent pas de maladies consécutives à l’alpage.
Les animaux estivés devraient déjà avoir pâturé sur l’exploitation de base avant d’être alpés, pour être habitués aux clôtures. Les veaux de vaches mères doivent être sevrés assez tôt, de manière à être déjà habitués à consommer de l’herbe avant l’estivage. Sur les alpages accueillant du jeune bétail et des vaches mères, les jeunes taureaux âgés de six à dix mois doivent être castrés. Chaque exploitation d’alpage peut édicter ses propres directives.
Devoirs de l’exploitation d’alpage et du détenteur d’animaux
Avant la saison d’estivage
En cas d’estivage régulier, les accords en vigueur sont généralement connus de tous. Des instructions claires sont importantes pour les personnes qui placent pour la première fois des animaux ou celles qui ne sont pas membres du syndicat d’alpage. Il est recommandé d’établir un règlement ou de conclure un contrat pour les points suivants :
- Retrait / remplacement des animaux annoncés
- Contrôles lors du transfert des animaux, refus
- Assurances en cas d’accident avec des animaux
- Sauvetages des animaux, affiliation à la REGA
- Echange d’animaux, estivage sur une durée limitée
- Apports supplémentaires (p. ex. sel bétail, sel minéral) 7
- Facturation des frais vétérinaires, méthodes de traitement
- Flux d’information entre l’exploitation d’alpage et le détenteur d’animaux
- Calcul des quantités de lait, répartition des produits laitiers
- Valorisation du lait non transformable en fromage
- Travaux communautaires, prestations de travail
- Répartition des compétences entre les propriétaires d’animaux, le chef d’alpage et les bergers
- Date de la descente d’alpage
- Modalités de facturation
- Vêlage
- Autres obligations
Lors du transfert des animaux
Les informations et les documents suivants devraient être remis au personnel d’alpage lors du transfert des animaux :
- Indications sur les éventuelles particularités de chaque animal, en particulier sur les aptitudes à la traite
- Date d’insémination ou de couverture par le taureau
- Traitements vétérinaires effectués
- Documents BDTA et autres attestations obligatoires
- Liste des vaches et des veaux dans le cas des vaches mères
Des documents types permettant d’établir le contrat d’estivage du bétail de rente, les statuts et les règlements sont disponibles sur le site Internet suivant (en allemand uniquement) :
www.plantahof.ch ➞ Organisation Alpbetrieb
Production fromagère
Dans les alpages où du fromage est fabriqué, les vaches, les chèvres et les brebis laitières ne doivent plus recevoir d’ensilage dix jours avant le départ en estivage, afin d’éviter des problèmes d’acides butyriques. Les vaches souffrant de problèmes de mamelle n’ont pas leur place à l’alpage. C’est pourquoi bon nombre d’alpages fabriquant du fromage exigent de pouvoir consulter les résultats du dernier contrôle mensuel. Les alpages exempts de staphylocoque doré exigent en plus un résultat d’analyse bactériologique. Lorsqu’on place des vaches taries en estivage, il convient de prévoir un délai suffisant pour tarir les animaux concernés avant leur départ pour l’alpage.
Marquage et cloche
Tous les animaux doivent être munis de deux marques auriculaires. Dans les alpages communautaires, un marquage basé sur la tonte des poils ou une plaquette est souvent obligatoire à titre de moyen d’indentification supplémentaire. Les animaux devraient porter des cloches de dimensions adaptées à l’espèce et auxquelles ils ont déjà été habitués sur leur exploitation de base. Lors des transports d’animaux, il faut aussi se munir des documents d’accompagnement nécessaires.
Informations complémentaires
- Conseils en matière d’alpage au niveau cantonal (centres de formation agricole)
- Société suisse d’économie alpestre (SAV)
- Remplacement de personnel en cas de problème, Interessengemeinschaft Alp (IG-Alp) ➞ Alpofon
- Sécurité dans l’estivage, Service de prévention des accidents dans l’agriculture ➞ Agriculture de montagne