Elevage et engraissement porcin
La viande de porc est la viande la plus appréciée des consommateurs, avec une part de 44 % de la consommation totale de viande. En 2016, la valeur de production de la branche porcine s’est élevée à 9,1 % de l’ensemble de la valeur de la production agricole suisse. Ces dernières décennies, la production porcine s’est spécialisée davantage, avec une répartition entre exploitations d’élevage, exploitations d’engraissement et exploitations d’élevage-engraissement combinés. Cette spécialisation est allée de pair avec une diminution du nombre d’exploitations et une augmentation des effectifs porcins par exploitation.
Exploitations analysées
L’analyse de rentabilité qui suit est basée sur les branches d’exploitation Elevage porcin et Engraissement porcin pratiquées par les exploitations PER de la zone de plaine et des collines analysées dans le cadre du dépouillement centralisé des données comptables d’Agroscope à Tänikon. Cette analyse est basée sur les types d’exploitations « transformation » et « combiné transformation » détenant un cheptel de plus d’une unité de gros bétail (UGB), entre 2010 et 2014. La prise en considération d’une période de plusieurs années réduit l’impact des fluctuations de prix annuelles. L’unité de référence est l’UGB, comme pour toutes les branches d’exploitation de la production animale. Une UGB correspond à environ six porcs à l’engrais.
Un salaire horaire de 36 francs
L’analyse de la branche d’exploitation Elevage porcin est basée sur 357 résultats d’exploitation. En moyenne, les exploitations porcines considérées ont réalisé un bénéfice de 526 fr./UGB, ce qui équivaut à une valorisation moyenne du travail (« salaire horaire ») de 36 fr./h. Les charges spécifiques représentent les deux tiers des coûts totaux, les aliments étant la charge spécifique la plus importante. Les coûts généraux représentent quant à eux un tiers des coûts totaux et sont majoritairement composés des coûts de travail et des coûts de bâtiment.
Ecart au niveau des recettes
En comparant le quart des exploitations qui valorisent le moins bien le travail (quart inférieur) et celui qui valorise le mieux le travail (quart supérieur), on constate de grands écarts au niveau des recettes réalisées (produits): les recettes du quart supérieur dépassent de 40 % celles réalisées par le quart inférieur. Pourtant, les deux quarts participent dans la même mesure aux programmes de bien-être animal SST et SRPA. L’écart est moins manifeste au niveau des coûts totaux, avec une différence de 212 fr./UGB au profit du quart supérieur. Cela est dû au fait que le quart supérieur affiche des coûts généraux inférieurs mais des charges spécifiques plus élevées. Au final, on constate un écart important au niveau de la valorisation du travail, avec une valorisation de 11 fr./h en moyenne pour le quartile inférieur contre 71 fr./h pour le quartile supérieur.
Base de données
Les données utilisées pour les calculs de la série proviennent d’exploitations de référence du dépouillement centralisé des données comptables par Agroscope entre 2010 et 2014.
Depuis 2015, les exploitations de référence sont remplacées par l’échantillon sur la gestion de l’exploitation. Celui-ci, basé sur la comptabilité financière, dispose de moins d’observations sur les branches d’exploitation. L’étude présentée dans notre série se fonde sur les exploitations de référence afin d’avoir beaucoup d’observations comparables sur les branches d’exploitation. Plus d’informations sur les données et la méthode de calcul dans la première partie de la série (Revue UFA 12/17, p. 12-13).
Charges spécifiques élevées
Dans l’engraissement porcin, les 694 résultats d’exploitation considérés indiquent une perte calculée de 525 fr./UGB, ce qui se traduit par une valorisation du travail de 14 fr./h. Dans l’engraissement porcin, la part des charges spécifiques s’élève à 73 % des coûts totaux, soit une proportion encore supérieure à celle de l’élevage porcin. Les achats d’animaux sont le poste de coûts le plus important. Les coûts des fourrages s’élèvent quant à eux à environ un tiers des coûts totaux. La part des coûts généraux est faible: ils ne représentent qu’un quart des coûts totaux. Concernant les coûts généraux, la maind’œuvre est le principal poste de coût.
La quasi-totalité des postes de coût sont concernés
Le comparatif entre le quart inférieur et le quart supérieur indique qu’il existe de grands écarts pour la quasi-totalité des postes de recettes et de coûts, généralement en faveur du quartile supérieur. Il convient de relever les écarts importants au niveau des recettes réalisées, des coûts de main-d’œuvre et des achats d’animaux.
Auteurs
Alexander Zorn est et Nicolas Hofer était jusqu’en décembre 2017 collaborateurs scientifiques du groupe de travail Economie d’entreprise, Agroscope Tänikon.
L’analyse de sept branches d’exploitation et l’approche adoptée sont mentionnées au chapitre 4 du rapport Agro scope Science n o 53. www.agroscope.ch