Les paysannes ont vu leur rôle dans les exploitations de Suisse fortement évoluer au cours des dernières années : en sus des tâches domestiques classiques, nombre d’entre elles exercent de plus en plus d’activités rémunérées en dehors de l’exploitation, qui contribuent souvent de manière importante au revenu familial. En se basant sur les résultats de l’enquête sur la situation des revenus d’Agroscope en 2021, le revenu des activités extra-agricoles des partenaires des chef·fes d’exploitation a augmenté de 23 % entre 2016 et 2021.
Un tiers du revenu familial
Les femmes ayant un niveau de formation plus élevé ont fourni une contribution considérable au revenu familial en travaillant en dehors de l’exploitation. Selon l’enquête, elles gagnaient 35 % de plus par heure pour le même volume de travail que les femmes sans formation professionnelle. En travaillant en moyenne 105 jours par an en dehors de l’exploitation agricole, les femmes titulaires d’un diplôme universitaire, par exemple, ont réalisé un revenu de quelque 42 800 francs, soit environ un tiers du revenu familial.
Cette évolution amène à se demander s’il ne serait pas plus judicieux, d’un point de vue économique, social et pratique, de confier les tâches domestiques – ou du moins une partie d’entre celles-ci – à une personne salariée tierce. En considérant la situation dans sa globalité, force est de constater que les tâches domestiques, généralement non rémunérées, entraînent des inconvénients considérables, notamment en raison de l’absence d’assurances sociales. En revanche, un revenu propre suffisamment important provenant d’une activité salariée permet non seulement d’assurer une partie des risques de la famille à un coût relativement avantageux, mais aussi de constituer une prévoyance vieillesse indépendante de l’exploitation.
Externaliser vaut la peine avec un bon travail
Comme le montre une modélisation sur la plateforme en ligne pour la planification du travail à la ferme (LabourScope), l’externalisation des tâches domestiques est assez rapidement rentable. En effet, dans un ménage agricole avec un enfant de 8 ans, il faut compter environ 2180 heures de travail (HT) par an (voir graphique 1).
En comptant une unité de main-d’œuvre familiale pour l’exploitation agricole et en conservant en outre la garde des enfants et la transformation des produits au sein de la famille, on obtient pour le reste des tâches ménagères un taux d’occupation d’environ 60 %. Sur la base des salaires indicatifs 2024, pour un salaire brut de 3000 francs par mois pour un·e employé·e en charge du ménage, les coûts salariaux annuels pour l’exploitation agricole (y c. cotisations de l’employeur) sont de l’ordre de 41000 francs.
En supposant que le ou la partenaire de la personne responsable de l’exploitation travaille en Argovie comme maître·esse de classe au niveau secondaire I (avec une expérience professionnelle de 9 ans), son salaire annuel brut s’élève à environ 53000 francs pour un taux d’occupation de 60 % (selon le tableau des classes de salaire pour le personnel enseignant). En pareil cas, le revenu familial serait donc supérieur de plus de 18 500 francs à ce qu’il serait si le ou la partenaire tenait lui-même le ménage.
Pour évaluer si la qualité de vie s’en trouve globalement améliorée, il faut considérer d’autres facteurs d’influence tels que certains aspects familiaux et organisationnels, que chaque famille doit jauger individuellement.