Pendant que certain·es rangent leurs affaires, Lars Schefer dégaine son smartphone. Il veut mettre à profit la visite de la Revue UFA, et deux clics plus tard, voilà que le magazine spécialisé de l’agriculture rejoint sa communauté Instagram et inversement. « Pour que nos événements aient une certaine portée, nous devons mettre toutes les chances de notre côté », explique l’étudiant, avant de tourner son attention vers l’orateur. Le premier objet à l’ordre du jour en ce lundi matin est un événement de relations publiques. L’orateur est un camarade de classe qui, en sa qualité de président, vient d’ouvrir la séance de direction.
Enseignement proche de la pratique
Cet organe est l’élément phare de la phase d’approfondissement en fin de deuxième année de formation à l’école supérieure (ES). Durant cette période, les étudiant·es réalisent un projet pratique de fin d’études, lequel comprend les travaux préparatoires, la répartition des tâches entre les élèves ainsi que la planification du projet jusqu’à sa mise en œuvre. En plus de projets pratiques dans des domaines agricoles spécifiques, les étudiant·es organisent des manifestations plus grandes, telles que l’événement de relations publiques qui occupe aujourd’hui la classe à qui nous rendons visite.
Cours sans horaires fixes
L’objectif de la manifestation est de sensibiliser la population à l’agriculture suisse et de montrer une image positive de celleci. Basil Hess, le chef de projet, demande à l’assemblée comment elle veut atteindre cet objectif. Les premières idées fusent, allant de la traite des vaches à la distribution de lait en passant par la présentation de produits d’origine suisse chez un grand distributeur.
Une sonnerie retentit. Mais la cloche de la pause n’intéresse personne dans la salle. En effet, le cours sur la gestion de projet n’a pas d’horaires fixes. Pour coordonner les premières idées, un brainstorming sera organisé, mais pas tout de suite. Basil Hess ne veut pas perdre l’objectif de vue : « Nous sommes obligés de nous confronter à la réalité », ex-plique-t-il. Comme il s’agit d’un événement pour le public, il veut aussi tâter le terrain hors de l’agriculture. Ensuite, il établira une première ébauche.
Lars Schefer
« Nous nous occupons du marketing des divers projets »
Après sa formation agricole de base (CFC), Lars Schefer a travaillé dans quatre exploitations laitières dans le nord de l’Allemagne, puis comme auxi liaire auprès du cercle de machines. Il peut s’imaginer travailler en tant qu’agrotechnicien auprès du service technique d’un moulin à fourrage.
Travail d’équipe
Le contenu de cette ébauche est aussi important pour Lars Schefer et son équipe de trois personnes, qui sont responsables de la communication de tous les projets, des activités de l’école et de la bonne fréquentation des événements. Pour ce faire, ils disposent de leur site Web et des réseaux sociaux. Tout se joue au sein de son équipe. « Nous nous occupons du marketing des divers projets », explique Lars Schefer pour décrire leur tâche commune.
Personne ne s’occupe seul d’un projet et chaque membre de l’équipe est aux commandes d’un projet. « La collaboration transversale fait partie intégrante de l’enseignement axé sur les compétences », précise Dany Schulthess, enseignant responsable. La phase d’approfondissement est la partie de la formation où les étudiant·es appliquent en conditions réelles les connaissances acquises. En tout, les étudiant·es gèrent 19 projets durant le dernier semestre. En cas de besoin, ils échangent au sein du groupe de projet ou en plénum. Dany Schulthess se tient en retrait, ne posant des questions que sporadiquement. Il explique que le nombre de projets est volontairement élevé, pour que les élèves atteignent leurs limites et pour leur montrer que tout ne se passe pas toujours comme prévu.
Basil Hess
« Nous sommes obligés de nous confronter à la réalité »
Agriculteur et arboriculteur de formation, il a acquis de l’expérience professionnelle pendant un an en Nouvelle-Zélande et aspire à travailler plus tard avec son père sur l’exploitation. Avec la formation continue ES, il veut s’assurer une deuxième activité en dehors de l’agriculture.
Un travail structuré pour surmonter le stress
Les prochains mois exigeront des futurs agrotechnicien·nes de la flexibilité et de l’autodiscipline. En parallèle à la gestion des projets, ils devront rédiger leur travail semestriel, réaliser une étude d’exploitation et suivre des cours. Nina Jung adore cette autonomie : « Il y a toujours quelque chose à faire ou à voir. » En tant que secrétaire du projet relatif aux 25 ans de la formation d’agrotechnicien·ne du Strickhof, c’est elle qui consigne toutes les décisions et fixe le calendrier du projet. Elle a également pour tâche d’organiser une table ronde sur le sujet de son choix en lien avec la politique agricole. L’étudiante estime que ses différents rôles sont un bon exercice pour sa future vie professionnelle : « Je m’investis dans divers projets et j’apprends à gérer les situations de stress », explique-t-elle. Elle est ainsi obligée d’aborder les choses de manière structurée.
Nina Jung
« J’apprends à gérer les situations de stress »
Nina Jung a grandi dans l’exploitation familiale dans le canton de Lucerne, où elle donne encore un coup de main aujourd’hui. Elle a déjà travaillé une saison à l’alpage. Nina ayant fait un apprentissage en commerce de détail chez LANDI, elle envisage de retourner dans le monde LANDI une fois son diplôme d’agrotechnicienne ES en poche.
Savoir-faire de spécialistes
La plupart des listes de choses à faire se sont entre-temps bien allongées et la salle a retrouvé ses allures de salle de classe normale grâce au mobilier sur roulettes. Une intervenante externe spécialiste en marketing événementiel prend le relais jusqu’à la pause de midi. « Notre école supérieure s’appuie sur l’expertise de professionnel·les, qui font progresser les élèves grâce à leur expérience et à leurs outils pratiques », souligne Dany Schulthess.
Les connaissances tirées de la pratique et la liste de contrôle pour la gestion d’événements qui vient d’être distribuée aident les élèves à réaliser rapidement leurs tâches. Si, d’ici quelques semaines, la communauté de l’ES s’est multipliée et que ses événements ont été bien fréquentés par le public ciblé, les étudiant·es ne pourront toutefois se reposer que pendant un court laps de temps, car l’agriculture se réjouit déjà d’accueillir ces jeunes praticien·nes.