La Suisse compte 89 sites marécageux d’une beauté particulière et d’importance nationale. Bien que protégés, ils restent menacés, notamment par l’assèchement et l’apport d’éléments nutritifs. C’est pourquoi l’Office fédéral de l’environnement a lancé le projet «Une utilisation durable est bonne pour les marais suisses». Dans le cadre de ce projet, Agroscope a reçu pour mandat d’établir une vue d’ensemble des utilisations alternatives des surfaces agricoles jouxtant les marais. Ces surfaces sont en effet en étroite interaction avec les marais en raison de leur régime hydrique.
Cultures alternatives sur les surfaces agricoles hydromorphes adjacentes
Agroscope a évalué les connaissances acquises en Europe sur les utilisations agricoles possibles dans les biotopes humides en vue d’une application en Suisse. Celles-ci concernent notamment:
- la pâture avec des espèces adaptées: races bovines légères et robustes, buffles d’Asie, moutons, chevaux, poneys, cervidés et oies
- l’exploitation de surfaces à litière, de prairies humides, fraîches ou détrempées, telles que les prairies à populage ou les peuplements d’alpistes roseaux
- l’exploitation de surfaces de massettes et de roseaux
- la culture de saules à courte rotation, ainsi que la culture de sphaignes et la riziculture humide
Ces cultures permettent un niveau d’eau plus élevé dans les surfaces agricoles jouxtant les marais. Elles les préservent ainsi de l’assèchement et réduisent le risque lié aux émissions de gaz à effet de serre des sols organiques.
Huit fiches techniques sur les cultures, sur leurs avantages et inconvénients
Les cultures alternatives sont décrites dans huit fiches techniques orientées sur la pratique. Outre des descriptions détaillées des cultures alternatives, les fiches fournissent également, si disponibles, des informations sur les conditions requises, les critères de sélection, la technique, la rentabilité et les soutiens financiers possibles, par exemple par le biais des paiements directs.
Le soutien financier, clé de la mise en œuvre
La plupart des cultures examinées n’offrent pour le moment que des rendements faibles. Elles ne peuvent généralement pas concurrencer les utilisations sur sols drainés. Les exploitations ont donc besoin d’un soutien financier pour compenser les pertes de rendement, développer de nouveaux marchés et rémunérer les services rendus à la société tels que la réduction des gaz à effet de serre, la protection des marais adjacents et la promotion de la biodiversité dans les surfaces agricoles.
Les études scientifiques sur ces cultures alternatives ne sont pour l’instant que ponctuelles en Suisse. Elles devraient être approfondies notamment en ce qui concerne leur mise en place, les facteurs environnementaux (hydrologie, flux d’éléments nutritifs, émissions de gaz à effet de serre et biodiversité) ainsi que leur rentabilité en conditions suisses.
Source: Agroscope