Dans la culture des céréales, des plantes en bonne santé sont la clé de rendements stables et d’une agriculture performante. Cependant, les carences en nutriments peuvent avoir un impact considérable sur la croissance et affaiblir la résistance des plantes.
N, P et K, le tiercé gagnant
L’une des carences en nutriments les plus fréquentes concerne l’azote. Elle se traduit par une chlorose (jaunissement des feuilles les plus anciennes). Les plantes touchées présentent un développement limité et un tallage réduit. Parmi les causes principales figurent la sécheresse, le compactage du sol et une faible teneur en azote dans celui-ci, due au lessivage par de fortes précipitations. Il en résulte une performance limitée de la photosynthèse, réduisant la production de biomasse et péjorant les rendements.
Un autre nutriment crucial est le phosphore, dont la carence se traduit par une coloration bleu-violet des feuilles, une croissance réduite des racines et un faible développement de la jeune plante. Une disponibilité insuffisante du phosphore, un pH acide, un compactage du sol ou une sécheresse en sont souvent la cause. Cette déficience limite le tallage et affecte aussi bien la formation des fleurs que celle des grains.
La carence en potassium se manifeste quant à elle par des nécroses sur les bords des feuilles et la mort de tissus (sous forme de taches), ce qui rend les plantes concernées plus vulnérables aux facteurs de stress. Les causes principales sont de faibles teneurs en potassium dans le sol, des besoins élevés de la plante en cet élément, un pH défavorable ainsi qu’une fertilisation insuffisante. Absorbant moins d’eau, les plantes touchées sont ainsi plus sensibles au stress hydrique et à diverses maladies.
Carences en d’autres macroéléments
Une carence en magnésium se manifeste par une décoloration vert jaunâtre entre les nervures des feuilles les plus anciennes. Si elle se prolonge, des nécroses peuvent apparaître sur les bords des feuilles. Les sols particulièrement légers (sablonneux), les teneurs élevées en potassium ou en calcium et les pH faibles favorisent ces symptômes carentiels. Cette déficience péjore la performance de la photosynthèse, la croissance des racines et le développement des plantes.
Le soufre est aussi très important pour la croissance des céréales. Une carence en cet élément se manifeste par une décoloration vert jaunâtre des jeunes feuilles qui deviennent pâles ainsi que par un faible développement général de la plante. Les sols sablonneux, les précipitations importantes qui entraînent le lessivage du soufre et les températures basses comptent parmi les principales causes. En conséquence, la valorisation de l’azote est réduite, la formation de protéines, inhibée et la croissance des racines, entravée.
La carence en manganèse est fréquente dans les cultures si le pH est élevé ou sur des sols sablonneux bien aérés et riches en matières organiques. Les symptômes comprennent des décolorations chlorotiques des plus jeunes feuilles, des structures foliaires déformées et un développement irrégulier des peuplements. La régulation hormonale des plantes est alors perturbée, la formation de chlorophylle, réduite et la croissance, globalement inhibée.
Causes des carences
Les carences en nutriments résultent souvent d’interactions complexes entre le sol, les conditions météorologiques et les modalités d’exploitation. Outre les déficits directs en nutriments, des conditions de sol, des pH ou des facteurs climatiques défavorables peuvent jouer un rôle.
Le compactage du sol et les conditions météo extrêmes (p. ex. sécheresses prolongées ou fortes précipitations) influencent aussi la disponibilité des nutriments. Lors des périodes de sécheresse, les nutriments n’intègrent pas la solution du sol, alors que les fortes précipitations peuvent provoquer un lessivage. Les sols légers sont particulièrement concernés par ce phénomène, car ils ont un pouvoir tampon plus faible.
Stratégies contre les carences en nutriments
On distingue deux types de carences en nutriments : celles dites latentes et celles dites aiguës.S’agissant des carences latentes, le rendement des plantes touchées régresse sans que des symptômes carentiels soient visibles. Dans les cultures céréalières intensives en particulier, une application préventive d’engrais foliaires avec des oligoéléments peut s’avérer judicieuse. Quant aux carences aiguës, elles se manifestent par des symptômes typiques tels que décolorations ou troubles de la croissance. Dans de tels cas, une application ciblée d’engrais foliaires peut rapidement apporter de l’aide.
Comme l’absorption des nutriments se fait directement par les feuilles, cette méthode est particulièrement efficace si les conditions du sol sont difficiles. Sur les sols problématiques comme les sites marécageux, une application conséquente d’engrais foliaires prévient les carences à long terme. Pour prévenir les carences en nutriments, des analyses de sol régulières sont indispensables. Une fertilisation adaptée au site permet ensuite d’assurer un approvisionnement optimal des plantes. Par ailleurs, un chaulage équilibré contribue aussi à stabiliser la structure du sol et à améliorer la disponibilité des nutriments. Les cultures dérobées aident aussi à maintenir la structure du sol à long terme.
Notre conseil
Fertiliser les céréales d’ici peu
En ce qui concerne l’azote, il est conseillé d’utiliser les formes d’azote nitrate et ammonium (p. ex. nitrate magnésien soufré avec 24 N + 5 Mg + 6 S) pour le premier apport au printemps.
Durant la phase de démarrage après l’hiver, l’apport de soufre et de magnésium soluble dans l’eau est particulièrement important. Dans les sites connus pour leurs carences, il convient également de procéder à une application d’engrais foliaires appropriée au printemps (p. ex. apport avec du manganèse sur les céréales cultivées dans des sols marécageux).