La vache tarie est l’animal le plus important à l’étable. Elle prend du poids, subit un changement hormonal et quitte son environnement habituel tout en étant confrontée à un changement de ration alimentaire. Les vaches taries devraient donc bénéficier d’une attention accrue. L’hygiène, le confort d’étable, la place à disposition et l’affouragement méritent par conséquent une attention particulière. Au moment du tarissement, il convient de contrôler l’état des onglons et de les parer ou de les soigner le cas échéant. Cela permet de garantir que les onglons se reconstituent bien au cours de la phase de tarissement. Les maladies affectant l’espace interdigité nécessitent souvent un second traitement. Les ulcères de la sole, notamment, guérissent pendant la phase de tarissement. Au cours de la phase de tarissement, la mamelle se régénère et les cellules épithéliales mammaires se renouvellent.
Stabiliser l’ingestion
L’ingestion de fourrage avant la mise bas décide largement des performances et de la santé des vaches en début de lactation. Avant la mise bas, il faut veiller à ce que l’ingestion ne baisse pas trop fortement. Mais comment identifier suffisamment tôt les vaches à problème qui ne mangent pas assez ? Les notes de remplissage de la panse permettent de déterminer le degré de remplissage de cette dernière. Dans l’ordre croissant, les notes 1 à 5 indiquent un meilleur remplissage de la panse et, par conséquent, une meilleure ingestion de fourrage. Pour les vaches qui doivent vêler prochainement, la note 4 est l’optimum. Une telle note indique que la panse est bien remplie. Idéalement, une vache tarie devrait consommer au moins 13 kg de matière sèche (MS). Plus la consommation est élevée et mieux c’est ! Pour éviter que les vaches deviennent trop grasses, la ration est diluée en fonction de leur état corporel.
Après la mise bas, les vaches taries qui s’alimentent bien ont moins de peine à ingérer les quantités de fourrage dont elles ont besoin pour couvrir les besoins en énergie élevés liés à la phase de démarrage. Les vaches qui mangent beaucoup souffrent ainsi nettement moins souvent de cétoses (acétonémie) et des troubles qui en découlent (comme les problèmes de fertilité et d’onglons). Il faut en revanche tout faire pour favoriser l’ingestion des vaches qui ont tendance à moins manger. Dans un essai réalisé à la station de recherche d’Iden (Allemagne), l’ingestion des vaches qui avaient tendance à manger moins a pu être améliorée de 2,6 kg, soit de 33 %, pour passer à 10,5 kg/vache/jour à l’aide de mesures de management. Dans cette station de recherche, il a également été démontré que les vaches qui s’alimentaient le moins pendant la période de tarissement étaient également celles qui régressaient le plus juste avant la naissance et qui étaient par conséquent éliminées nettement plus rapidement du troupeau.
La ration de tarissement devrait être élaborée avec un spécialiste en affouragement. La ration des vaches taries (surtout au cours des trois semaines précédant le vêlage) ne doit pas être trop différente de celle des vaches en lactation. La ration de tarissement idéale devrait contenir toutes les composantes brutes de la ration des vaches en lactation, sous une forme diluée. La concentration doit augmenter pour pallier l’ingestion réduite et les besoins accrus. Les fourrages de base doivent être d’excellente qualité. Une ingestion de fourrage accrue passe aussi par une amélioration du confort d’étable et une bonne santé des onglons. Il est essentiel que les vaches se déplacent volontiers et qu’elles se rendent souvent à la table d’affouragement.
Le plus important en bref
- Contrôler les onglons au moment du tarissement et les parer si nécessaire
- Chez les vaches taries, maintenir l’ingestion à un niveau élevé (diluer la ration avec de la paille ou du foin issu de prairies écologiques)
- Tenir compte de l’équilibre acidesbases
- Adapter l’approvisionnement en minéraux pendant la phase de tarissement (moins de calcium)
Équilibre acides-bases
Le DCAB (diatary cation anion balance), soit l’équilibre acides-bases pendant la phase de tarissement, a un impact déterminant sur l’occurrence de la fièvre du lait. Des valeurs DCAB élevées de plus de 200 meq/kg MS entraînent un métabolisme basique, ce qui réduit la réaction des os et des reins à la parathormone, une hormone qui favorise le prélèvement de calcium (Ca) dans les os. En présence de valeurs DCAB élevées, les mécanismes de régulation du calcium ne fonctionnent pas correctement, ce qui augmente le risque de fièvre du lait, avec des vaches souffrant de parésie. Deux semaines avant le vêlage, il faudrait donc favoriser un métabolisme acide.
Approvisionnement en minéraux
Au cours de la phase de tarissement, l’approvisionnement en minéraux, oligo-éléments et vitamines joue un rôle décisif. Il est primordial que l’approvisionnement en phosphore, en magnésium et en oligo-éléments soit garanti. En cas de carence en magnésium, les quantités de calcium prélevées dans les os baissent et l’absorption de calcium diminue. Le magnésium est par ailleurs un élément incontournable pour transformer la vitamine D3 inactive en vitamine D3 active. Une teneur en magnésium plus élevée et un DCAB inférieur contribuent à réduire le risque de fièvre du lait. S’agissant du calcium, lorsque la quantité distribuée avant le vêlage est trop élevée, le corps de la vache n’est pas assez entraîné à mobiliser ses propres réserves corporelles. Après la mise-bas, l’approvisionnement en minéraux doit être immédiatement réajusté. Cela signifie que les quantités de macro-éléments distribuées, en particulier le calcium, doivent être massivement augmentées, pour couvrir les besoins. L’augmentation de la production laitière se traduit en effet par des besoins accrus en calcium.