L’objectif premier de toute exploitation d’élevage devrait être d’avoir au moins 80 % des truies qui atteignent la troisième portée. Pour y parvenir, il faut préparer les cochettes soigneusement avant leur première saillie : l’âge, le poids, des réserves de graisse suffisantes ainsi que l’attente du troisième œstrus, en plus d’un statut vaccinal complet et adapté à l’exploitation, sont tous des éléments déterminants.
Une période de quarantaine et de socialisation d’au moins six semaines à l’arrivée dans la nouvelle exploitation joue par ailleurs un rôle crucial.
Des exigences spécifiques
Durant la première gestation, les cochettes sont encore en pleine croissance. Les luttes hiérarchiques avec les truies plus âgées pouvant être source de stress supplémentaire, il est préférable de n’introduire les cochettes dans le grand groupe qu’après leur première, voire leur deuxième portée. Leurs besoins alimentaires spécifiques doivent également être pris en compte : pendant la gestation, les cochettes ont besoin d’une ration qui leur permette d’accumuler suffisamment de réserves pour compenser la perte de poids due à la lactation, qui peut atteindre 10 % de poids vif (PV). En plus de l’énergie, elles nécessitent également des protéines supplémentaires sous forme d’acides aminés en vue de soutenir leur croissance et le développement de la mamelle. Pour respecter cet impératif, il s’agit de leur fournir, pendant toute la période de gestation, une ration pour truies adultes dès le 85 e jour de gestation, tout en restreignant l’utilisation d’aliments de satiété au profit de l’aliment principal, en raison de leur capacité d’ingestion encore réduite. Jusqu’au 85 e jour de gestation, il est aussi possible de reconstituer les réserves minérales en distribuant brièvement des aliments minéraux.
Durant la première gestation, les cochettes sont encore en pleine croissance.
La phase péripartum est particulièrement stressante pour les cochettes et peut entraîner des troubles tels que l’anorexie ou la constipation. Une ration riche en fibres et en énergie peut contribuer à maintenir leur activité intestinale et à prévenir les carences énergétiques pendant la mise bas.
Introduction progressive
Le démarrage de l’alimentation après la mise bas doit être progressif, étalé sur une période d’au moins dix jours. En effet, les cochettes ne tolèrent pas une augmentation rapide de la quantité d’aliments ; par ailleurs, leur capacité d’ingestion étant encore limitée, il ne leur est pas possible de couvrir leurs besoins nutritionnels avec des aliments complets. Il est donc recommandé d’utiliser un aliment concentré pour augmenter la densité énergétique de la ration pendant toute la durée de l’allaitement. Un apport supplémentaire en eau à l’auge, l’équilibrage des portées et l’alimentation complémentaire précoce des porcelets allaités peuvent également soulager les cochettes. Par ailleurs, compte tenu de la forte activité métabolique liée à la production de lait, qui entraîne une production de chaleur importante chez l’animal, les truies ont besoin d’un climat de porcherie plutôt frais (18 - 21° C). Lorsque ce n’est pas le cas, la consommation alimentaire diminue, ce qui a des effets délétères sur leur état corporel.
Attention lors de la deuxième portée
La priorité de l’organisme en matière d’utilisation des nutriments est toujours d’abord de couvrir ses propres besoins, puis de garantir la survie de la descendance. S’il reste des nutriments disponibles, la production d’une nouvelle génération est alors encouragée. Pour les cochettes, dont la croissance n’est pas encore achevée, cette particularité signifie qu’elles devraient recevoir un surplus de nutriments après le sevrage pour favoriser la maturation des ovules. Il est donc essentiel de limiter la perte de réserves corporelles pendant la première période d’allaitement, afin de répondre au mieux aux besoins propres de la cochette. Le « flushing » (suralimentation temporaire), qui consiste à fournir de l’énergie et des substances actives facilement disponibles dans le centre de saillie, offre pour sa part un regain d’énergie au métabolisme, stimulant de la sorte la production d’ovules mûrs de bonne qualité et favorisant l’apparition de l’œstrus.
Pour éviter tout dommage aux membres encore en développement lors d’éventuelles saillies, il est également conseillé de garder les truies primipares séparées des truies adultes dans le centre de saillie. Un programme d’éclairage de 300 à 500 lux au niveau de la tête pendant 14 heures (par jour) est en outre à même de soutenir le taux de gestation et de mise bas des cochettes et des truies avant leur deuxième portée. Pendant la deuxième gestation, l’alimentation est ensuite ajustée en fonction du BCS (note de l’état corporel) individuel, afin de reconstituer suffisamment de réserves pour la lactation à venir.