Merci pour votre question. Tout d’abord, j’aimerais vous dire qu’il est difficile d’y répondre. On ne connaît pas encore avec certitude toutes les raisons pour lesquelles des bovins boivent de l’urine. La littérature spécialisée évoque de multiples raisons. Dans la pratique et dans la littérature, l’affouragement est un motif fréquemment évoqué. L’approvisionnement en eau, en sel bétail et en oligoéléments joue souvent un rôle central. Toutes les vaches doivent avoir libre accès à l’eau. A ce sujet, on constate que selon l’emplacement des bassins (manque de possibilités d’évitement), le nombre et les dimensions de ceuxci, les animaux de rang inférieur en particulier sont exposés à un stress. L’approvisionnement en sel bétail est optimal lorsque les vaches disposent d’au moins 50 g de sel bétail par animal et par jour. La distribution via la ration mélangée ou la ration de base est un gage de sécurité accrue.
Lorsque le sel bétail est proposé sous forme de bacs à lécher, la consommation peut par contre varier selon le statut hiérarchique de l’animal ou son stade de lactation. Un approvisionnement correct en minéraux est un autre point crucial. En cas de doutes concernant l’approvisionnement en oligoéléments, il est conseillé de vérifier ce point à l’aide d’analyses sanguines, en collaboration avec le vétérinaire d’exploitation. Il faut être conscient que les points évoqués ci-dessus s’appliquent aussi aux génisses et, le cas échéant, aux vaches taries détenues séparément du troupeau.
Le stress est également cité comme un facteur incitant les vaches à consommer de l’urine. Une densité animale trop élevée par rapport au nombre de logettes ou de places au cornadis, c’est-à-dire un manque d’espace et de possibilités d’évitement, font partie des facteurs de stress. Certains animaux prennent l’habitude de boire de l’urine parce qu’ils s’ennuient et il est alors difficile de corriger un tel comportement.
Dans un cas présenté, une augmentation des problèmes de consommation d’urine a été constatée dans un troupeau souffrant d’une hausse du pH (alcalose de la panse). Le professeur Hoffmann a expliqué que dans ce troupeau, l’équilibre acides-bases, qui est surtout influencé par l’alimentation, s’était décalé vers un excédent basique. Un bilan cations-anions élevé est surtout dû aux facteurs suivants : excédent de protéine brute, teneur élevée en ammoniac dans l’ensilage et teneur élevée en cendres brutes. Les fourrages qui se sont échauffés peuvent aussi entraîner un stress alcalin élevé. Une analyse d’urine (valeur pH, NABE) peut également fournir des indications utiles. On assiste toutefois également à des cas de consommation d’urine en présence d’un pH sanguin trop acide. Cela peut par exemple arriver lorsque les vaches taries reçoivent, avant le vêlage, trop de sels acides. Dans ce cas également, une analyse du pH de l’urine constitue une bonne aide.
Pour résoudre ce problème au sein de votre troupeau, je vous recommande de déterminer dans un premier temps quels animaux ont tendance à boire de l’urine (âge, stade de lactation, groupes concernés). Sur cette base, vous pourrez ensuite vérifier les points évoqués plus haut pour chaque animal ou chaque groupe et, si vous constatez des problèmes manifestes, y remédier directement. Si cela ne devait pas être le cas, je vous recommande d’analyser la ration de manière plus approfondie, en collaboration avec votre vétérinaire d’exploitation ou votre conseiller en affouragement.