Les prix intéressants pour les vaches de réforme et une demande soutenue ont incité plus d’une exploitation à se lancer dans la finition des vaches. Jusqu’en 2020, le nombre de vaches abattues n’avait cessé de reculer. En 2021, 153 000 vaches ont été conduites à l’abattoir, soit 3000 de plus que l’année précédente. Les vaches sont un pilier important de la filière suisse de la viande : on abat 1,5 fois plus de vaches que de taureaux et de génisses, et trois fois plus de vaches que de bœufs. Constituant près de 40 % du poids d’abattage total du gros bétail, elles forment donc une ressource essentielle, que la finition permet d’exploiter efficacement.
Prix intéressants
La majeure partie des vaches de réforme ne sont pas revendues pour la finition, ce travail étant réalisé directement dans les fermes laitières. Au cours des dernières années, le nombre de vaches de boucherie issues d’exploitations spécialisées dans l’engraissement a toutefois progressé. Cette augmentation est due à différents facteurs : d’une part, de nombreuses exploitations qui ont abandonné la production laitière ont opté pour l’engraissement de vaches, compte tenu des stabulations existantes. D’autre part, la bonne situation du marché en matière de prix a incité les exploitations à se lancer dans l’engraissement professionnel. A l’heure actuelle, le prix payé approche dix francs par kilo de poids mort. Il y a dix ans, on en recevait la moitié. L’augmentation du nombre de finisseurs de vaches tire également la demande vers le haut. Les animaux de grand gabarit possédant des membres solides sont particulièrement recherchés. Ils offrent en effet des conditions optimales pour assurer une prise de poids rapide sans souffrir de problèmes sanitaires. Les vaches de réforme ne devraient pas non plus produire plus de 20 kilos de lait par jour au moment de l’achat, pour prévenir les problèmes de tarissement.
Le bon moment
Le prix des vaches de réforme varie en fonction de la saison. Avec la désalpe en automne, l’augmentation de l’offre fait baisser les prix. Pour les engraisseurs, c’est le meilleur moment pour acheter. Les prix sont également intéressants vers la fin de l’affouragement hivernal. Au printemps, avec la saison d’estivage qui pointe, c’est la demande en vaches de réforme qui croît. Compte tenu de la faiblesse de l’offre, c’est à cette période que les prix des vaches de réforme sont les plus élevés. C’est donc au printemps et en été qu’il est intéressant de vendre les vaches de réforme.
La durée de finition des animaux dépend de l’intensité d’affouragement. La couverture de graisse joue un rôle décisif dans la détermination du moment optimal d’abattage : on recherche ici une couverture de graisse de 3 ou 4. Les vaches pour lesquelles cette valeur n’est que de 1 ou de 2 devraient encore être engraissées.
Outre la couverture de graisse, la finition permet aussi d’améliorer la charnure. Celle-ci à son tour dépend de la taxation au moment de l’installation : de manière générale, on peut l’améliorer d’une à deux classes. Ainsi, il est tout à fait possible qu’une vache classée X au moment de l’achat atteigne la classe T avec la finition. On notera dans ce contexte que les vaches sont souvent abattues trop tôt car, en fonction de la taxation, la finition permet d’améliorer nettement le revenu de l’abattage.
Augmenter l’ingestion
Rudolf Weber, de Frauchwil (BE), engraisse des vaches depuis deux ans. Comme c’était déjà le cas auparavant avec les vaches laitières, il attache beaucoup d’importance à une alimentation optimale, à un bon climat d’étable ainsi qu’au bien-être des animaux. Dans la stabulation entravée, les vaches sont placées sur une épaisse couche de paille et six ventilateurs assurent un climat optimal. C’est la disponibilité des stabulations qui l’a décidé à se lancer dans l’engraissement des vaches. Il a ainsi pu continuer à exploiter ces bâtiments sans interruption, malgré l’abandon de la production laitière. A l’exception du démontage de la machine à traire, Rudolf Weber n’a rien changé à l’étable. La mélangeuse reste donc un élément important de l’affouragement. « En fait, garder des vaches à l’engrais, c’est un peu comme détenir des vaches laitières, mais sans la traite et les vêlages », estime l’éleveur. La ration mélangée illustre bien son propos : elle est parfaitement mélangée et présente une longueur optimale.
La ration est constituée de 50 % d’ensilage de maïs et de 50 % d’ensilage d’herbe, auxquels s’ajoutent un kilo de fourrage sec, un kilo de concentré protéique UFA 158 - 6 et 700 grammes d’aliment de production UFA 142. Le chef d’exploitation accorde une importance particulière à la qualité du fourrage de base : « Comme pour les vaches laitières, la qualité du fourrage de base et une consommation maximale sont la clé de voûte d’un engraissement des vaches fructueux et rentable. » La ration mélangée est préparée et déchargée chaque jour, toujours au même moment. Et ce ne sont pas les performances de ses vaches qui vont lui donner tort : il achète 95 % de vaches taxées de X à 3X et les revend après environ trois mois comme -T ou T, avec une taxation de la graisse de 3 ou 4.
Rudolf Weber, agriculteur« Le fourrage de base et une consommation maximale sont la clé de voûte d’un engraissement des vaches fructueux et rentable. »
Mise à l’étable bien rôdée
Chez Rudolf Weber, la mise à l’étable se fait avec méthode : il vend cinq vaches à l’abattoir toutes les trois ou quatre semaines pour en admettre de nouvelles. Celles-ci sont d’abord placées dans une petite stabulation libre située dans l’ancien bâtiment, où elles sont affouragées avec du foin écologique et des refus de crèche, ainsi qu’avec un peu d’ensilage d’herbe. Elles sont ainsi rapidement taries. Rudolf ne les déplace qu’ensuite dans la stabulation entravée, car il n’aime pas que le lait s’égoutte sur la litière. En été, en plus des 30 vaches à l’étable, il en garde une quinzaine au pâturage, qu’il affourage dans l’aire de sortie au moyen d’un râtelier. « Celles qui sont tout d’abord gardées au pâturage restent aussi un peu plus longtemps chez moi, car le pâturage ne suffit pas pour engraisser les vaches », précise-t-il. Par ailleurs, chaque vache est vermifugée à son arrivée, car les animaux qui ont une verminose ne prennent pas de poids.
Profondeur et bons membres
Rudolf Weber achète l’essentiel de ses vaches par l’intermédiaire d’un marchand. Celui-ci voit exactement quelles vaches ont le potentiel pour faire de la viande. Il préfère les vaches Red Holstein et Holstein profondes : « Elles doivent consommer beaucoup de fourrage de base, sinon elles ne peuvent pas prendre de poids. » Il arrive néanmoins parfois qu’une vache ne prenne pas de poids. Il faut alors se résoudre à la vendre à la boucherie au bout d’un mois déjà.
L’éleveur réfute l’assertion selon laquelle la sélection aurait privé les races laitières de viande. D’ailleurs, ses taxations montrent que les vaches Holstein sont aussi en mesure de produire de la viande, si elles sont gardées et affouragées de manière optimale. Outre le gabarit, des membres et des onglons sains sont un autre facteur important pour engraisser les vaches de manière rentable. C’est pourquoi Rudolf a acheté un congrain. Cela paraît évident : « C’est comme pour les vaches laitières : lorsqu’elles boitent, elles ne mangent pas et ne produisent pas. » Ambition, bien-être animal et alimentation appropriée sont les clés du succès de Rudolf Weber pour engraisser ses vaches.
Notre conseil
A quoi faut-il veiller lors de la finition des vaches ?
- Les vaches profondes avec des membres solides sont les mieux adaptées.
- Dans l’idéal, les vaches ne devraient pas produire plus de 20 kilos de lait par jour au moment de l’achat.
- L’automne est le meilleur moment pour acheter des vaches.
- Proposer un bon aliment de base et assurer une consommation maximale.
- Les onglons doivent être sains.