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Production animale

De l’ombre pour inciter les poules à sortir

Mettre une aire de sortie au pâturage à la disposition des poules ne signifie pas nécessairement qu’elles l’utiliseront. Pour que cela soit le cas, il faut créer des structures et les répartir sur l’ensemble du pâturage. C’est le seul moyen de garantir que les poules n’utiliseront pas toujours les mêmes surfaces situées à proximité du poulailler, ce qui a pour effet d’abîmer le couvert végétal.

Des bâches tendues peuvent faire office de structures artificielles au pâturage.

Des bâches tendues peuvent faire office de structures artificielles au pâturage.

(Photo: Revue UFA)

Publié le

Rédactrice, Revue UFA

Au pâturage, les poules grattent le sol à la recherche d’insectes, de graines ou de vers. Elles creusent aussi des cavités pour prendre des bains de sable. Ce comportement a un impact négatif sur le couvert végétal, ce d’autant plus que les poules restent très souvent au même endroit et que la fréquentation du pâturage est donc irrégulière.

Mauvaise répartition

La zone de pâturage proche du poulailler est toujours celle où les poules circulent le plus, d’autant plus lorsque les poules fréquentent mal le reste du pâturage. Le couvert végétal y est alors détruit et les cuvettes qui se forment se remplissent d’eau. L’hygiène des animaux en pâtit, car les saletés transportées par les poules contiennent des agents pathogènes, qui sont alors répartis dans l’aire de promenade, voire le poulailler.

Le choix de la surface utilisée à titre de pâturage a un impact important sur la protection du couvert végétal. Les emplacements ombragés et en pente ainsi que les endroits humides devraient si possible être évités. « L’accès en plein air au pâturage devrait être aménagé de manière à ce que l’ensemble de sa surface soit utilisée par les poules, afin d’éviter qu’un endroit soit surfréquenté », explique Urs Heer, spécialiste UFA pour la volaille.

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Dans le cadre du label Bio Suisse, les structures naturelles doivent représenter au moins 50 % des structures disponibles. Jusqu’à ce que les buissons et les arbres aient atteint une taille suffisante, on peut utiliser des éléments artificiels.

(Photo: Revue UFA)

Structurer le pâturage

Les ancêtres de nos poules actuelles habitaient la jungle. C’est ce qui explique pourquoi les poules ont besoin de structures leur assurant une protection contre les oiseaux de proie et les protégeant contre le soleil et le vent. Plus les structures sont situées à proximité du sol et meilleure est la protection contre les oiseaux de proie. C’est pourquoi les directives SRPA stipulent que l’aire de sortie au pâturage doit comporter des refuges comme des arbustes ou des abris. La végétation naturelle constituée d’arbres et de buissons figure parmi les structures possibles. Des éléments artificiels peuvent toutefois aussi être utilisés pour structurer le pâturage. Ils ont l’avantage d’être mobiles, si bien que le peuplement végétal peut se régénérer. En présence d’un large choix de structures diverses, la poule arrive plus facilement à trouver le refuge qui lui convient le mieux. Pour que les poules tirent le meilleur parti du parcours extérieur, les installations procurant de l’ombre et une protection doivent être réparties de façon judicieuse.

Ménager le couvert végétal en…

  • répartissant régulièrement différentes structures sur l’aire de sortie au pâturage 
  • mettant à disposition des bains de sable 
  • pratiquant le pâturage alterné 
  • répartissant des copeaux dans le passage entre poulailler et pâturage 
  • créant un parcours de sortie en plein air par mauvais temps pour que la végétation puisse se renouveller

Que faire en cas de pluie ?

Dans la pratique, la pluie est un problème important. Dans le cadre du programme SRPA, les poules doivent bénéficier d’un accès quotidien au pâturage, sauf en cas de forte pluie, de vent, de surfaces recouvertes de neige ou de températures trop basses. L’éleveur est souvent confronté à un dilemme : il s’agit de ménager le couvert végétal tout en respectant les directives en matière de sortie des animaux. Dans ces circonstances, la création d’une aire de promenade (aire de sortie par mauvais temps) est un gage de flexibilité. Pendant la période de repos végétatif ou par temps de pluie, les poules disposent ainsi d’un accès en plein air, bien que l’accès au pâturage soit fermé. L’aire de sortie par mauvais temps contribue à protéger le couvert végétal.

Zone de transition

Pour éviter que les poules ne grattent trop le sol, on peut installer dans la zone concernée, avant le semis, des filets ou des plaques Ecoraster. Cette solution contribue à ce que cette zone, qui est de toute manière fortement mise à contribution, soit moins surchargée.

Pour que les zones situées à l’entrée du poulailler ne se muent pas en des surfaces boueuses, on peut les recouvrir de copeaux de bois, qui doivent dans certains cas être changés à chaque rotation. Epandre des copeaux est relativement onéreux. « Mais cela en vaut la peine lorsque cela permet d’éviter des bourbiers où de nombreux agents pathogènes prolifèrent », explique Erika Bilger, d’Aviforum.

Parcours pour mauvais temps

En agriculture biologique, un parcours en plein air pour sortie par mauvais temps est obligatoire. Les directives SRPA stipulent qu’un tel parcours n’est nécessaire que lorsque l’accès au pâturage est restreint, pendant la période de repos végétatif.

Concernant la litière, les directives SRPA stipulent que l’accès en plein air par mauvais temps doit être recouvert de suffisamment de litière pour que les poules puissent creuser.

Pour des raisons d’hygiène, Erika Bigler recommande de recouvrir le parcours pour sortie par mauvais temps d’un sol en dur : « Avec un sol bétonné, la litière est plus facile à changer ». Erika Bigler explique par ailleurs que les directives de protection des eaux doivent être respectées. Dans certains cantons, un sol en dur avec dispositif d’évacuation des eaux est même obligatoire. La litière doit être suffisamment profonde pour que les poules puissent s’y gratter. A cet effet, Urs Heer recommande une profondeur d’au moins 10 cm, voire 15 cm.

Les galets sont une alternative intéressante. Ils occasionnent des coûts relativement importants, mais n’ont pas besoin d’être évacués à chaque rotation, pour autant qu’ils puissent être lavés.

Pâturage alterné

Dans la plupart des systèmes, l’alternance des parcelles est autorisée. Dans le cadre du label Bio Suisse, au moins 70 % de la surface du pâturage doit être accessible en permanence. Pour les labels Coop Naturafarm (CNf) et Migros, par exemple, 50 % de la surface de pâturage minimale requise doit être accessible en permanence.

Urs Heer recommande vivement de clôturer une partie des zones très fréquentées donnant sur le pâturage, pour que le couvert végétal puisse se renouveler. Les directives concernant les dimensions minimales des ouvertures de sortie doivent être respectées.

Réensemencement

Lorsque le couvert végétal est détruit, il vaut la peine d’envisager un nouveau semis. Pour les aires de sortie pour la volaille, il existe des mélanges de graminées appropriés contenant une proportion élevée de graminées comblant rapidement les lacunes. Pour qu’un couvert végétal dense puisse se former, il est important que ces surfaces soient clôturées correctement une fois le semis réalisé.

Qu’en est-il des petits cheptels ?

Pour les petits effectifs inférieurs à 100 poules pondeuses, on recommande une surface de pâturage de 5 à 10 m 2 par poule. Dans le cas des effectifs de plus petite taille, on constate plus souvent que l’aire de sortie ou une partie de cette dernière est « noircie ». Cela signifie que l’aire de sortie est trop exiguë par rapport au nombre de poules élevées ou qu’elle est surfertilisée (p. ex. lorsque l’aire de promenade est déjà utilisée depuis longtemps). Dans ce cas aussi, il est important de créer des structures. Si nécessaire, on peut également utiliser une autre aire de sortie pour que le couvert végétal se renouvelle.

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