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Production animale

Engraisser correctement les porcs

Le syndrome hémorragique intestinal (SHI) ou « porc gonflé » est la plus importante cause de pertes dans l’engraissement de porcs. Il s’agit d’une maladie multifactorielle dont l’étiologie doit être soigneusement analysée.

Des cas de mort subite chez les porcs d’engraissement ? Il pourrait s’agir du SHI.

Des cas de mort subite chez les porcs d’engraissement ? Il pourrait s’agir du SHI.

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Actualisé le

Ancien employé, UFA SA

SHI

Lorsque la flore intestinale du porc est déséquilibrée, il peut s’ensuivre une production excessive de gaz qui provoquent des torsions de l’intestin et l’interruption de la circulation sanguine, aboutissant à une symptomatique de choc et à la mort subite de l’animal. « Cette pathologie peut rarement être ramenée à un agent spécifique ou à un seul facteur », explique Christian Hassler, vétérinaire, rappelant qu’elle peut relever d’une mauvaise hygiène alimentaire, mais qu’il faut souvent prendre en compte d’autres facteurs pour pouvoir maîtriser le problème, comme dans le cas de l’exploitation de Roman Winiger.

Bonnes performances

La ferme de Roman Winiger se trouve au-dessus de Neudorf, dans le canton de Lucerne. En 2004, il abandonne la production laitière pour se concentrer sur l’engraissement porcin. Les 504 places d’engraissement sont occupées en continu. Toutes les trois semaines, 96 gorets arrivent dans sa porcherie. L’engraissement se décompose en deux phases: chaque semaine, les porcs de boucherie sont livrés dans le canal CNf. Ils sont engraissés à la soupe alimentaire avec de l’eau chaude. L’ordinateur d’alimentation est réglé sur une courbe visant 900 g de gain journalier. Pour permettre un démarrage optimal de l’engraissement, les halles sont chauffées avant la mise en place et les box sont recouverts de non-tissé (vlies).

Carte d’identité du domaine

  • Exploitation de Roman Winiger
  • SAU: 17,5 ha
  • Cheptel: 504 places d’engraissement CNf occupées en continu
  • Grandes cultures: maïs, blé d’automne, orge d’automne, triticale, prairie artificielle

Analyse des décès

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Peter Amstutz explique les avantages d’un concept d’hygiène bien mené.

L’exploitation engraisse environ 1600 porcs par an. Alors que Roman Winiger tablait habituellement sur 1,8 à 2 % de pertes, ce qui correspond à la moyenne, il a remarqué aux cours des dernières années une augmentation progressive de cellesci causées par le SHI. En janvier 2018, les pertes sont devenues inhabituellement nombreuses, ce qui a alerté Roman Winiger. Il va demander conseil à Christian Hassler, son vétérinaire du cabinet Berghof à Hildisrieden. Tous les cas de décès sont analysés et la présomption de SHI comme agent causal est confirmée pour tous. Le spécialiste déclare que « l’alimentation est le facteur central lors de torsions de l’intestin. Une trop faible part de fibres, une part trop élevée de levures, de mycotoxines, mais aussi de bactéries coliformes, peuvent provoquer le SHI. L’approvisionnement en eau doit être optimal, et l’influence de la génétique est indéniable. Aujourd’hui, les porcs à l’engrais ont des gains journaliers supérieurs et deviennent plus lourds qu’autrefois, ce qui fait qu’ils sont devenus plus sensibles au SHI. Très souvent, ce sont les plus beaux individus qui sont touchés. »

Importance du concept d’hygiène

Afin de cerner la problématique, on a fait appel à deux autres experts: Hansruedi Wicki, spécialiste en alimentation chez UFA et Peter Amstutz, de l’entreprise Halag-Chemie AG, spécialiste dans le domaine de l’hygiène. Ils n’ont pas trouvé à priori de causes manifestes aux cas de SHI. L’installation d’alimentation de la porcherie est déjà stabilisée après chaque distribution avec « Selco RD Mix ». Peter Amstutz précise que la stabilisation est importante pour empêcher une multiplication explosive des bactéries et des levures. Le pH de la soupe alimentaire (4,5) se situe dans une fourchette idéale. Toute l’installation est régulièrement nettoyée dans les règles de l’art avec du « Stallcip 666 ». C’est là un point important, car avec le temps, il se forme dans les conduites un biofilm qui constitue un nid idéal pour la production de germes. Peter Amstutz évoque d’autres sources possibles de tels « nids à bactéries »: tuyaux à eau affaissés ou à l’intérieur poreux et fissuré; mauvaise circulation dans les conduites d’eau, ce qui facilite la multiplication des germes. Chez Roman Winiger, l’installation semblait être à cet égard parfaitement conforme. Pour réduire encore la pression des germes, il désinfecte toutefois deux fois par semaine l’installation d’alimentation avec du « Halades 01 ». Après avoir détruit les bactéries, l’acide peracétique se décompose en eau, en CO2 et en traces de vinaigre. « La soupe alimentaire peut alors être administrée sans hésitation », assure le spécialiste en hygiène.

Aliments 7

Les aliments UFA-7 fournissent aux exploitations à problèmes une aide supplémentaire pour corriger les mesures de management, le but étant de maintenir l’intestin fonctionnel et d’empêcher la météorisation par des levures et des bactéries indésirables, ainsi que la production de toxines. Ces aliments spéciaux contiennent une part plus élevée de fibres, lesquelles agissent également dans le gros intestin. Ils limitent en même temps à un minimum l’utilisation des sucres rapides. Le recours à un additif permet de fixer, de manière sélective, les endotoxines dans l’intestin et d’en débarrasser l’animal avant qu’elles n’engendrent des dégâts.

Hansruedi Wicki, spécialiste en alimentation animale.

Ingestion sans stress

Hansruedi Wicki a trouvé quelques pistes. Les décès dus au SHI peuvent être liés au fait que les animaux ingèrent trop vite trop d’aliment, ce qui déséquilibre le tractus intestinal. En présence d’une forte hiérarchisation de la prise de nourriture chez le porc, la fréquence de la distribution permet aussi aux animaux plus faibles de se nourrir normalement et sans stress. Chez Roman Winiger, les porcs sont nourris depuis quatre ans quatre fois par jour. Le risque est donc plutôt faible à ce niveau. Pour assurer la stabilité de la flore intestinale, le bol alimentaire ne doit pas parcourir trop rapidement le tractus intestinal. La part de fibres brutes et leur qualité constitue ici un facteur déterminant. Comme les fibres brutes sont digérées plus lentement, la « vitesse du transit » diminue et les animaux n’ingèrent pas trop d’aliment en trop peu de temps. C’est pourquoi Roman Winiger administre désormais à ses porcs et pendant tout l’engraissement de l’UFA 331-7, produit qui contient beaucoup de fibres brutes (voir encadré).

Être méthodique

Malgré un léger fléchissement du rendement, l’exploitant est satisfait de cette solution. Il a calculé qu’en raison des 20-30 g perdus en gain journalier, il doit nourrir ses porcs pendant trois à quatre jours de plus. Mais la perte de rendement est compensée s’il arrive à mener cinq porcs de plus à la boucherie. Il est important d’être méthodique dans la mise en œuvre de toutes les mesures. Il suffit de ne pas désinfecter les conduites alimentaires pendant une semaine pour que des cas de SHI surviennent à nouveau. « Il convient d’avoir toujours tous les facteurs à l’œil », ajoute l’exploitant, qui compte à long terme passer à nouveau à un affouragement par phases. Il est cependant important de ne pas tout changer d’un coup. « Cela stresse considérablement les animaux ». M. Hassler, vétérinaire, confirme: « Le stress fait également partie des facteurs favorisant le SHI. Enfin, les facteurs climatiques influent également sur l’évolution de la maladie: en été, on observe moins de SHI. En effet, la chaleur rend les porcs indolents, ils restent plus longtemps couchés et cela diminue le risque de torsions de l’intestin. »

La bonne quantité d’eau

L’eau ingérée est un important facteur lors de risque de SHI. C’est pourquoi le premier contrôle doit toujours être celui des tétines dans tous les boxes ! Le débit devrait être de 1,5 à 2 litres d’eau par minute. En présence d’un débit insuffisant, les animaux boivent beaucoup trop peu. En cas de débit excessif ou de pression trop élevée, l’eau gicle et les porcs ne peuvent plus boire sans être stressés. Chez R. Winiger, tout était correct à cet égard. Le vétérinaire, M. Hassler, continue: « Le SHI est une maladie multifactorielle. Dans certains cas, on identifie une seule cause, et celle-ci peut être éliminée. Il arrive aussi parfois que l’on ne trouve pas la cause précise de la maladie, mais des mesures de soutien permettent quand même de réduire le problème. Souvent, la mesure d’urgence consiste à acidifier la soupe, et à réduire ainsi la pression des germes et à stabiliser la flore intestinale du porc. »

R. Winiger estime que la situation s’est nettement améliorée. Au cours des mois passés, il a encore eu une perte due au SHI, ce qu’il juge être « dans la norme et correct ». Un élevage sans pertes est presque impossible, car on a affaire à une maladie multifactorielle. Il s’agit d’en identifier les causes possibles en recourant aux bons spécialistes et de les neutraliser. Grâce à la bonne collaboration entre l’éleveur, le vétérinaire, le spécialiste de l’hygiène et le conseiller en affouragement, l’exploitation de R. Winiger a de nouveau le vent en poupe. 

Auteur  Manuel Jossen, responsable SPP, 3360 Herzogenbuchsee

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