En Suisse, les veaux âgés de deux à quatre mois ne peuvent pas être élevés seuls. Il existe cependant des exceptions à cette règle, notamment pour l’élevage en igloo, pour autant que les veaux bénéficient d’un contact visuel avec leurs congénères. En plus de cela, les veaux doivent toujours avoir accès à une aire de sortie en plein air (courette), afin d’être exposés au climat extérieur et aux stimuli environnementaux. Les igloos ne devraient pas être placés dans des bâtiments fermés et l’aire de sortie doit toujours offrir une vue sur trois côtés. La surface de l’aire de sortie doit être suffisamment grande pour que les veaux puissent s’y tourner confortablement. Au cours des deux premières semaines de vie, d’un point de vue sanitaire, la garde individuelle en igloo est considérée comme idéale car peu chargée en germes pathogènes.
Certains points doivent néanmoins aussi être observés, les veaux ne disposant encore que d’une immunité restreinte et étant sensibles aux facteurs environnementaux. Dans le cadre de la détention en igloo, la saisonnalité joue un rôle important. Le stress thermique tout comme l’exposition au froid, au vent et à la pluie sont à éviter.
En hiver, il faut utiliser un maximum de paille pour que les veaux bénéficient d’une aire de repos confortable.
Bon pour l’hygiène
Les igloos ont l’avantage d’être faciles à nettoyer. En cas de pression infectieuse élevée (p. ex. diarrhée), il est judicieux de laver et de désinfecter les igloos au départ de chaque animal. La lumière du soleil (rayons UV) ayant pour effet de tuer les virus, on recommande de retourner les igloos après les avoir nettoyés et de les laisser sécher au soleil pendant deux jours.
En termes de santé animale, les igloos individuels permettent d’éviter que les veaux aient des contacts entre eux et de réduire ainsi la transmission de germes pathogènes. On recommande donc d’espacer les igloos à plus d’un mètre de distance. La transmission de maladies par l’être humain, par exemple via les bottes et les habits, est également un facteur de contamination non négligeable qui peut réduire à néant les avantages du mode de garde individuelle. La protection des eaux est un autre aspect à prendre en compte. Selon un arrêt du Tribunal fédéral datant du 15 juin 2015, les igloos pour veaux sont considérés comme une étable de substitution et sont par conséquent assimilés à une aire de sortie accessible en permanence, raison pour laquelle un revêtement de sol étanche doté d’un écoulement dans la fosse à purin est obligatoire.
Elevage individuel
La Protection suisse des animaux (PSA) estime que la garde individuelle des veaux en igloos n’est pas idéale, les veaux ayant besoin de vivre en groupe. La PSA souhaite par conséquent encourager la détention en igloos collectifs pour plusieurs veaux, avec aire de sortie.
Dans le cas du mode d’élevage en groupe, les veaux peuvent interagir avec leurs congénères et vivre ainsi leur comportement social. Le cas échéant, limiter la taille des groupes à quatre veaux peut être une solution judicieuse, les igloos de plus de quatre veaux représentant un défi en termes d’hygiène et de transmission des agents pathogènes. Un groupe composé d’animaux d’âges différents peut être un facteur de stress pour certains veaux, avec des conséquences négatives sur leur bien-être. Dans l’entreprise agricole d’Urs Guggisberg et de Nicole Hälg à Derendingen, tous les veaux sont élevés en igloos six à huit semaines après la naissance.
Pour éviter des problèmes de succion mutuelle, surtout entre les veaux d’élevage, les Guggisberg privilégient la détention en igloos individuels. Selon Nicole Hälg, qui est également vétérinaire, le principal atout des igloos est la pression réduite des maladies. « Cet avantage ne se matérialise toutefois qu’à condition de prendre toutes les mesures d’hygiène nécessaires, comme une hygiène correcte à la naissance, un état de propreté irréprochable des igloos et la distribution de colostrum d’excellente qualité », précise l’agricultrice. Dans son troupeau, l’agricultrice de Derendigen prend des mesures préventives pour les nouveaux-nés. Ainsi, au cours des 24 heures qui suivent sa naissance, le veau n’a pas accès à l’aire de sortie : il est bloqué dans son igloo, pour éviter qu’il ne glisse en se relevant.
On évite ainsi que le nouveau-né se blesse en tombant sur le seuil et qu’il reste étendu sur une surface non recouverte de litière.
Protection thermique
Placer les igloos sous un toit est une solution avantageuse pour le personnel qui s’occupe des animaux, qui est alors à l’abri pour accomplir ses travaux quotidiens. Un toit procure aussi un ombrage en été, ce qui permet d’éviter des problèmes de stress thermique chez les veaux. On peut cependant aussi créer de l’ombre en posant un filet qui ne sera installé que provisoirement pendant l’été.
La PSA estime que les igloos occasionnent aussi un stress thermique. Elle recommande par conséquent d’utiliser des igloos pourvus d’une isolation. Si ce n’est pas le cas, en été, il serait préférable de les placer sous un avant-toit à un endroit où l’air circule bien.
En hiver par contre, on souhaite que les igloos soient réchauffés par le soleil. Changer l’emplacement des igloos en fonction des saisons pourrait être une solution avantageuse en termes d’hygiène.
Pour ne pas exposer directement les animaux au vent et à la pluie, il convient aussi d’orienter les igloos correctement. Afin d’éviter des déperditions de chaleur en été, il faut impérativement veiller à ce que le sol soit sec et répandre suffisamment de paille dans l’igloo. Pour conserver une bonne température ambiante, Nicole Hälg recommande de fixer un sac à l’entrée des igloos, pour créer une sorte de rideau. Par temps froid, ce genre de protection peut s’avérer très utile au cours des premières semaines de vie. Il risque par contre d’empêcher le renouvellement de l’air. Les couvertures pour veaux sont un autre moyen d’empêcher que les veaux aient froid.
L’ordonnance sur la protection des animaux exige que les veaux bénéficient constamment d’un accès à l’eau, indépendamment du fait qu’ils soient élevés en igloos ou à l’étable. Les veaux âgés de plus de deux semaines doivent par ailleurs avoir libre accès au foin ou à d’autres fourrages grossiers. Selon la PSA, cet accès permanent à l’eau n’est pas assuré en cas de gel. L’accès à l’eau et le niveau des températures peuvent alors constituer un défi important, raison pour laquelle les igloos seraient moins adaptés dans ce genre de situation.
Plus informations:
Informations concernant l’emplacement correct des igloos individuels: www.osav.admin.ch
Informations en vue d’empêcher le stress thermique: www.osav.admin.ch