Texte : Dominic Räz et Dr Roger Bolt
La couverture de graisse est influencée par des facteurs individuels liés aux animaux et par des facteurs environnementaux (voir illustration). L’impact de la génétique sur l’accumulation de graisse a déjà été analysé de manière approfondie. On sait que les races très charnues et à maturité tardive n’atteignent pas une couverture de graisse suffisante, en raison de leur potentiel de formation musculaire élevé. La race Angus a quant à elle tendance à accumuler de la graisse. Les facteurs influençant la couverture de graisse ont été analysés de manière approfondie dans le cadre d’un travail de diplôme réalisé en collaboration avec UFA.
En Suisse, au cours des quatre années écoulées, la part d’animaux dotés d’une couverture insuffisante a augmenté de 3 %. Cela a des conséquences négatives sur la qualité de la viande et sur la rentabilité dégagée par les engraisseurs de taureaux. Chez les animaux partiellement couverts (classe de tissus gras 2), une mauvaise taxation de carcasse pour cette raison occasionne un manque à gagner financier de l’ordre de 3 % par animal abattu. En cas de couverture insuffisante (classe de tissus gras 1), un animal labellisé est même déclassé et la prime de label est supprimée. Dans ce cas, le manque à gagner financier atteint même 9 %. L’adoption de systèmes d’étable respectueux des animaux revêt une importance grandissante pour se conformer aux exigences de la population et des pouvoirs politiques. Les bâtiments des exploitations sous label sont plus spacieux. Les animaux y disposent par conséquent d’une plus grande liberté de mouvement. Cela peut avoir des conséquences sur la couverture de graisse des animaux engraissés.
Comparatif label AQ
L’analyse, sur quatre ans, de 11 300 animaux abattus en provenance de 27 exploitations a fourni des indications claires. Alors que dans les étables AQ 84,2 % des animaux abattus présentaient un degré de finition optimal, dans les étables sous label, seuls 78,8 % des taureaux affichaient un niveau de couverture suffisant. Dans les étables sous label, les animaux ont plus de place et bougent donc davantage. L’énergie ainsi consommée manque alors pour assurer la couverture de graisse. Les écarts entre les différents labels sont toutefois importants.
Bons résultats pour les logettes
L’analyse approfondie des différents systèmes de stabulation a été suivie d’une analyse des taxations obtenues dans le cadre des quatre systèmes de stabulation Lospa, logettes, fumier flottant et litière profonde. Avec 84,5 % d’animaux taxés en classe 3, ce sont les animaux élevés dans le système à logettes qui ont obtenu les meilleures taxations pour la classe de tissus gras. Le système Lospa arrive en seconde position, avec 84,2 % d’animaux en classe 3. Avec 76 % des animaux taxés en classe 3 et 20 % en classe 2, les animaux élevés dans les systèmes fumier flottant et litière profonde ont été nettement moins bien classés (voir graphique).
Le moins bon résultat des deux systèmes utilisant beaucoup de paille s’explique par la grande surface de l’aire de repos mise à disposition des animaux. Les taureaux peuvent se défouler dans l’aire de repos, ce qui leur fait consommer énormément d’énergie. La paille (litière) ingérée dilue par ailleurs la ration. Dans les systèmes à logettes, les animaux bougent par contre très peu sur leur aire de repos et ingèrent moins de paille, les logettes étant souvent recouvertes de pellets.
En Suisse, le pourcentage d’animaux ayant une couverture en graisse insuffisante a augmenté de 3 % au cours des quatre dernières années.
Vigilance concernant la taille des lots
Dans l’engraissement de gros bétail, la gestion des lots est un facteur de réussite incontournable pour atteindre de bons niveaux de couverture de graisse. Plus la taille des lots augmente, plus la proportion d’animaux taxés en classe de tissus gras 3 diminue et plus la part d’animaux en classe 2 augmente. A partir d’un effectif supérieur à 20 animaux par lot, la part de taureaux taxés en classe 3 chute de 10 %. Dans les grands lots, les animaux sont souvent remélangés une fois encore beaucoup plus tard et ils ne sont jamais tous abattus en même temps. Les changements de lots opérés pendant la phase de finition et le retrait précoce de quelques animaux d’un lot sont une source de stress pour leurs congénères, qui doivent former une nouvelle hiérarchie. Cela se solde par une grande nervosité et beaucoup de mouvement au sein des lots, avec, à la clé, une baisse de l’indice de consommation. La gestion des groupes doit par conséquent être mûrement réfléchie : il s’agit de constituer des groupes homogènes. Dans le système à logettes, il faut impérativement créer des groupes homogènes, les dimensions des logettes ne laissant qu’une marge de manœuvre réduite pour de grands écarts de poids. Un autre aspect est la place totale à disposition. Dans les groupes de grande taille, l’espace disponible est globalement plus important, ce qui se traduit par des trajets plus longs entre le cornadis et l’aire de repos. Pour que les animaux disposent d’une couverture de graisse optimale, il s’agit d’être très attentif à cet aspect lors de la planification d’une nouvelle étable.