S’agissant de la pulpe de betterave, les principales sources d'énergie dans les glucides résiduels sont la pectine et l'hémicellulose. Par rapport aux céréales, ce fourrage est très pauvre en amidon et en sucre, garantissant un milieu ruminal équilibré (stabilisation du pH). La pectine et l’hémicellulose sont dégradées lentement et uniformément dans la panse, où elles fournissent de l’énergie aux microorganismes. La pulpe de betterave n’a certes pas d’effet structurant, mais elle contient nettement plus de fibres que d’autres fourrages de même catégorie énergétique. Sa teneur élevée en énergie, de 7,1 mégajoules (MJ) d’énergie nette lactation (ENL), dépasse celle des ensilages de maïs. De plus, très appétant, ce fourrage peut augmenter l’ingestion de matière sèche (MS) des animaux. Enfin, les microorganismes de la panse valorisent mieux les rations contenant peu de glucides rapidement disponibles lorsqu’on y intègre la pulpe en question.
Substitut ou complément de l’ensilage de maïs
Très répandue dans l’élevage laitier, la pulpe des betteraves sucrières est fortement appréciée dans les exploitations sans ensilage, en raison de sa teneur faible ou nulle de maïs. Il n’est pas forcément nécessaire de ramollir les pulpes séchées : les granulés peuvent aussi être affouragés par l’intermédiaire du distributeur de concentrés ou du robot de traite. Dans les exploitations avec ensilage, ce fourrage s’intègre bien dans toutes les rations. S’agissant du bétail laitier, les quantités optimales se situent entre 2 et 5 kg de MS. Dans l’engraissement de taureaux, on recourt aussi volontiers aux pulpes, en remplacement ou en complément de l’ensilage de maïs. Les quantités utilisées peuvent s’étendre jusqu’à 50 % de la MS ingérée. En revanche, la pulpe de betterave est peu utilisée dans l’élevage allaitant ; elle constituerait cependant un complément intéressant aux rations à base d’herbages durant l’hiver.
Complémentation minérale importante
La pulpe des betteraves sucrières contenant beaucoup de calcium et peu de phosphore, il faut veiller à la compléter avec les minéraux adéquats et éviter d’en donner aux vaches taries (justement en raison de sa teneur élevée en calcium).
La pulpe de betterave est très intéressante d’un point de vue financier : si elle peut être obtenue en vrac et stockée dans des infrastructures existantes (silo-tour ou tranchée), les coûts par MJ ENL sont comparables à ceux de l’ensilage de maïs et nettement inférieurs à ceux des céréales, de l’ensilage d’herbe ou du foin. Les balles de pulpe sont plus chères mais elles sont intéressantes lorsque les capacités de stockage sont limitées. En effet, ce sont elles qui offrent la plus grande flexibilité au niveau de l’affouragement. La pulpe pressée peut aussi être conservée dans un silo-boudin si l’on dispose d’un outil de désilage adéquat.
Bien tasser lors de l’ensilage
Lors de l’ensilage, il faut bien évidemment veiller à la propreté ainsi que mettre la pulpe de betterave en silo aussi vite que possible et alors qu’elle est encore chaude, tout en assurant un tassement homogène et de bonne qualité. Pour éviter une accumulation de chaleur, les silos-tranchées devraient être remplis au maximum jusqu’à 180 cm de hauteur et les silos-tours ne devraient pas dépasser un diamètre de 3,5 m. Le silo devrait être ouvert au plus tôt après six semaines afin d’assurer un refroidissement suffisant de l’ensilage. Essentiel, le désilage doit être effectué à une vitesse d’au moins 15 cm (par jour) dans les silos-tours, et de 140 cm (par semaine) dans les silos-tranchées. Des études montrent que les ensilages de pulpe de betterave sont très instables en milieu aérobie et que ce ne sont pas des moisissures qui posent problème, mais des bactéries et des levures. L’échauffement est principalement provoqué par des levures qui survivent malgré l’absence d’air et la valeur de pH basse. Si de l’oxygène pénètre dans le fourrage après l’ouverture du silo, les levures s’activent et se multiplient, produisant chaleur et élévation de la valeur du pH. La plupart des pertes d’énergie surviennent après l’ouverture du silo en raison d’une mauvaise gestion (p. ex. vitesse de désilage trop faible ou ameublissement du front d’attaque).