Comme leur nom l’indique, les macro-éléments sont ingérés en plus grandes quantités que les oligoéléments par les animaux.
Macro-éléments
Les macro-éléments remplissent souvent les fonctions suivantes :
- Eléments constitutifs des os et des tissus ;
- Constituants des liquides, par exemple dans le plasma sanguin ;
- Equilibre acides-bases et interactions osmotiques ;
- Transmission d’impulsions électriques aux extrémités nerveuses ;
- Contraction et détente musculaire. Le calcium, le phosphore, le magnésium, le potassium, le sodium et le chlore font partie des macroéléments les plus connus. Les trois derniers jouent un rôle important pour l’équilibre électrolytique, qui revêt une importance primordiale car de nombreuses fonctions métaboliques en dépendent. Les électrolytes agissent par osmose et sont importants pour l’équilibre hydrique de l’animal. C’est pourquoi il est très important, en cas de diarrhée, de compenser les pertes de liquide et les pertes en électrolytes.
Calcium et phosphore
Le calcium et le phosphore sont généralement indiqués sous forme de rapport. Dans la ration pour bovins, on vise un rapport de 2 : 1.
La fièvre du lait résulte d’un manque de calcium disponible. Après le vêlage, la vache passe brusquement de la phase de repos à la phase de haute productivité. Lorsque le métabolisme n’est pas préparé à mobiliser suffisamment de calcium à partir des réserves corporelles et de la ration, une hypocalcémie survient. Plus de 99 % du calcium est stocké en réserve dans les os. Lorsque le mécanisme de régulation parathor-mone-squelette-sang ne fonctionne pas parfaitement juste après la naissance, la teneur en calcium dans le plasma sanguin diminue. La vache n’a alors plus assez de calcium à disposition pour maintenir ses fonctions corporelles, ce qui peut induire des symptômes tels que des tremblements musculaires, une parésie, une perte d’appétit ou de l’apathie.
Outre le bilan calcique, le bilan phosphorique est lui aussi soumis à un changement brutal après la mise-bas. Une carence peut aussi apparaître au niveau de cet élément, entraînant des complications similaires à une carence en calcium.
Magnésium
Une carence en magnésium entraîne souvent de graves problèmes. Les vaches en lactation affichent des besoins élevés en magnésium. Contrairement au calcium, le magnésium ne peut pas être prélevé dans les réserves corporelles. Cela signifie que le magnésium indispensable à la vache doit être apporté via la ration. Il est principalement absorbé dans la panse. Le potassium entrave l’absorption du magnésium et peut par conséquent entraîner une carence de ce dernier. On parle alors de carence secondaire. Il s’agit d’une tétanie : théoriquement, il y a assez de magnésium à disposition, mais ce dernier ne peut pas être absorbé à cause de diverses interactions chimiques. La forme de tétanie la plus connue est la tétanie d’herbage. Elle survient surtout au printemps et / ou en automne, lorsque les ruminants ingèrent beaucoup d’herbe jeune. Cette dernière présente une concentration plus élevée en potassium que la vieille herbe. La teneur en potassium augmente par temps froid.
Oligoéléments
Dans l’organisme, les oligoéléments remplissent des fonctions différentes de celles des macro-éléments. Ils sont des composants des hormones et de certains enzymes. Ils contrôlent et régulent la multiplication et la différenciation cellulaire, ainsi que la réaction immunitaire.
Sélénium
Le sélénium fait partie des oligoéléments essentiels. Il est un composant de certaines hormones thyroïdiennes. Le sélénium agit dans le corps en tant que fixateur de radicaux et protège ainsi la membrane cellulaire d’une destruction oxydative. La maladie du muscle blanc est due à une carence en sélénium. Dans ce cas, la mère souffre déjà souvent d’une telle carence, qui se traduit par un sous-approvisionnement massif du veau. L’approvisionnement naturel en sélénium des fourrages dépend du site et est souvent insuffisant, raison pour laquelle une complémentation via la ration est indispensable. Le taux d’absorption du sélénium dépend par ailleurs étroitement de la concentration en soufre. Un excédent en soufre entrave en effet l’absorption du sélénium.
Zinc
Le zinc est un autre oligoélément. L’absorption du zinc dépend de la concentration en autres macroéléments et micro-éléments. Des excédents en fer, calcium, cuivre et soufre peuvent entraîner un approvisionnement réduit en zinc. Cet oligoélément contribue à la guérison des plaies et est essentiel à la fabrication des protéines corporelles et de l’ADN. Une carence en zinc se traduit par des chutes de performance et des problèmes de peau. Un surdosage en zinc peut causer des troubles et des crampes de l’appareil digestif, ainsi qu’une perte d’appétit.
Impacts sur l’absorption
Le taux d’absorption des macroéléments et des oligoéléments ne dépend pas seulement des concentrations en autres éléments. Les phytates ont par exemple un effet négatif : ils regroupent les oligoéléments en des liaisons insolubles que l’on appelle des complexes. Les éléments ne peuvent alors plus être absorbés, ce qui peut engendrer, à long terme, des carences. Les phytates sont surtout présents dans le trèfle, le soja et le son de céréales. Le pH de la panse a par ailleurs un impact sur l’approvisionnement en macro- et en oligoéléments. Un milieu acide favorise les réactions chimiques comme l’oxydation et la formation de complexes. Des carences peuvent alors survenir. Rappelons que les microbes de la panse consomment eux aussi des macro-éléments et des oligoéléments. La vache ne dispose par conséquent pas de toutes les substances actives qu’elle ingère. Force est de constater que les macroéléments et les oligoéléments jouent un rôle essentiel dans l’affouragement. Une carence peut être lourde de conséquences. Un excédent n’est pas toujours préférable : la distribution de quantités trop élevées peut s’avérer toxique, voire, dans les cas graves, entraîner la mort. En cas de carence, il y a lieu de déterminer, sur la base d’une analyse de la ration totale mélangée, si un macro- ou un oligoélément est distribué en quantité insuffisante ou si les symptômes constatés résultent au contraire de la distribution excédentaire d’un autre élément.