Toutes les fermes produisent des fourrages grossiers, qu’il s’agisse de foin issu de prairies extensives, de grandes cultures ensilées, d’engrais vert ou de prairies artificielles. La qualité et la composition varient beaucoup selon les cultures. Il faut tenir compte de ces écarts, surtout lorsque le fourrage grossier fait partie intégrante de la ration, comme c’est par exemple le cas pendant la phase de gestation. Par la suite, le processus de conservation joue aussi un rôle important. Des fermentations indésirables dans la ration peuvent avoir un impact négatif sur la rentabilité de la production porcine.
Quantités de fourrage grossier
Les directives Bio Suisse stipulent qu’il est obligatoire de distribuer quotidiennement aux porcs de l’herbe (en vert ou sous forme d’ensilage), du foin ou une culture dont la plante entière est récoltée (en vert ou sous forme d’ensilage). Les quantités varient selon que le fourrage grossier distribué est juste « un dessert » ou une composante essentielle de la ration. Dans ce dernier cas, les besoins doivent être calculés à l’aide d’un plan d’alimentation, pour que les animaux puissent être nourris conformément à leurs besoins et de manière équilibrée. Des erreurs à ce niveau peuvent entraîner des carences, un embonpoint excessif, voire un amaigrissement des animaux.
Vitaminisation
En production porcine, la vitaminisation est une pièce essentielle du puzzle de la ration. Des excédents ou des carences peuvent avoir des effets négatifs sur la croissance, la gestation ou la mise-bas. Pour ce qui est des rations comptant une part importante de fourrages grossiers, dans le cas des truies d’élevage en particulier, il est important de distribuer des minéraux supplémentaires en les adaptant à la complémentation et au fourrage grossier. Lorsque la composition du fourrage grossier change, il y a également lieu d’adapter l’affouragement complémentaire. L’herbe riche en trèfle est par exemple connue pour ses teneurs élevées en calcium. Distribuer de l’herbe riche en trèfle sans adapter le reste de la ration peut entraîner un surapprovisionnement en calcium, ce qui se traduit par des problèmes à la mise-bas.
Types de fourrage grossier et utilisation
La distribution de fourrages grossiers doit être bien intégrée aux travaux quotidiens en porcherie. Le fait de recouvrir le dépôt de stockage par un toit contribue à protéger le fourrage de la pluie et de la chaleur, et à éviter ainsi des post-fermentations.
Pour ce qui est de l’endroit où le fourrage est proposé, il faut être conscient que le fourrage grossier n’est jamais entièrement consommé. L’intégration de cette tâche au processus de nettoyage mécanique permet d’économiser du temps et en vaut la peine. Les râteliers à fourrage ou les râteliers muraux contribuent à réduire les pertes au strict minimum. Ces râteliers peuvent par exemple être construits à l’aide d’anciennes portes ou d’anciens cornadis.
La distance entre les barres du râtelier varie en fonction de l’âge des animaux et a un impact déterminant sur la vitesse d’ingestion et les pertes de fourrage.
Lorsque le fourrage grossier distribué au râtelier est une composante de la ration et que les porcs sont élevés dans de grands groupes, il est important que plusieurs râteliers soient mis à leur disposition. Ainsi, on évite que les animaux se battent entre eux pour s’alimenter, ce qui permet de réduire les risques de blessure et de disposer d’animaux plus calmes.
Appréciation de l’état corporel
Parallèlement à l’alimentation, l’état corporel des truies est un paramètre important à surveiller pour que les truies restent en bonne santé. Une appréciation du troupeau à l’aide du Body Condition Score (BCS) peut prévenir des problèmes comme le syndrome de dysgalactie postpartum (SDPP, aussi appelé MMA) ou un amaigrissement excessif. En ce qui concerne les truies, la note idéale oscille entre 3,5 et 4,0 à partir de la seconde portée. Pour les cochettes, on vise une note de 4,0. Lorsque l’on distribue des fourrages grossiers, préserver le bon état corporel des animaux est un défi. Il y a en effet toujours des porcs qui en mangent beaucoup et d’autres qui en mangent peu. Cela se traduit rapidement par une augmentation ou une diminution des notes BCS. On peut y remédier en adaptant l’alimentation. Selon le système de porcherie, les truies peuvent être transférées dans un autre compartiment, pour mieux réguler leur comportement alimentaire.
Chez les porcs, les principes de l’approvisionnement en fourrage grossier doivent être revus régulièrement. Les jalons d’un fourrage de qualité sont posés dès la récolte. Les processus de travail doivent être bien organisés pour éviter que l’alimentation ne devienne une trop grosse charge de travail. Le type et les quantités de fourrage grossier utilisés doivent rester constants sur une longue période, pour bien adapter la complémentation et la vitaminisation.