Tout éleveur de poules pondeuses connaît le problème des oeufs avec une mauvaise qualité de coquille. Lorsque la coquille et la membrane ont un défaut, on parle d’œufs cassés. Ceux-ci doivent être éliminés, ce qui représente une perte pour les producteurs.
On parle d’œufs fêlés lorsque la coquille est abîmée mais que la membrane est encore intacte. Ces œufs peuvent être vendus au marchand d’œufs mais sont utilisés pour fabriquer des produits transformés à base d’œufs. Ils sont écoulés à un prix inférieur. La proportion d’œufs fêlés oscille en moyenne entre 4 % et 8 % par rotation.
S’agissant des œufs bruns, on part généralement du principe que les œufs plus sombres bénéficient d’une coquille de meilleure qualité que celle des œufs clairs. Dans ce cas, la couleur peut être un indicateur de la résistance à la rupture de l’œuf. Les œufs blancs ne fournissent en revanche pas de telle indication.
Protéger le contenu de l’œuf
La coquille représente 10 à 11 % du poids total de l’œuf et pèse, selon la taille de ce dernier, entre cinq et six grammes. La coquille sert de protection et de moyen de conservation des précieux nutriments que l’œuf recèle. Le carbonate de calcium est le principal élément constitutif de la coquille. Cette dernière contient environ trois grammes de carbonate et deux grammes de calcium pur. L’obtention d’une coquille de bonne qualité passe donc par un approvisionnement en calcium adapté aux besoins.
Age de la poule
On sait que plus les poules sont âgées, plus la qualité de leurs coquilles diminue. Cela est dû notamment au fait que la taille des œufs augmente dès que les poules ont plus de 45 semaines environ. Comme les poules ne peuvent stocker, pour des raisons génétiques, qu’une quantité restreinte de calcium dans leur coquille, un œuf de plus grande taille présente une coquille plus fine et donc moins solide.
Avec l’âge, les poules pondeuses sont moins en mesure d’absorber du calcium dans l’intestin, raison pour laquelle il est judicieux d’augmenter l’approvisionnement en calcium lorsque la proportion d’œufs fêlés est élevée. Un approvisionnement trop élevé est par contre à proscrire, car il a un impact négatif sur l’ingestion. La capacité de mobiliser le calcium issu des os diminue aussi avec l’âge et la poule transforme alors moins de carbonate de calcium.
Production de la coquille
Une partie du calcium nécessaire à la formation de la coquille provient directement de la digestion. Près de 30 % du calcium utilisé est prélevé dans le squelette. En tant que réservoir, ce dernier emmagasine le calcium fourni par l’aliment pendant la journée.
Dans le corps de la poule, le processus de formation de la coquille dure environ 19 heures. Plus des deux tiers de la coquille sont formés pendant la nuit, lorsque le poulailler est sombre et que la poule se repose. Si les quantités de calcium provenant de la digestion et des os sont insuffisantes durant cette période, la formation de carbonate de calcium et par conséquent l’épaisseur de la coquille sont plus faibles. Une mobilisation accrue de calcium à partir des os n’est possible que de manière limitée. Il faut donc mettre à disposition du calcium lentement soluble. Ce dernier reste plus longtemps dans le gésier et est dissous constamment. De ce fait, l’absorption de calcium est possible quand la poule peut le digérer et l’utiliser de manière optimale. Lorsque la qualité des coquilles est insuffisante au sein d’un troupeau, il y a donc lieu d’augmenter les quantités de calcium lentement disponible.
L’aliment expandé (farine) peut être complété par du grit grossier. Si l’on utilise des granulés ou des miettes, on peut distribuer du calcaire grossier directement au poulailler, via un doseur. Idéalement, le grit de chaux devrait être distribué uniquement lors des deux derniers repas. C’est en effet ainsi qu’il a le meilleur effet.
Alimentation par phases
Il est difficile d’influencer le poids des œuf. Dans une mesure limitée, on peut empêcher l’augmentation du poids de l’œuf en réduisant la teneur en protéine brute, en méthionine et en acide linoléique. Une alimentation par phases, avec le passage à un aliment dernière phase, répond à cette exigence. La teneur en protéine brute est réduite progressivement et celle en calcium, augmentée. Le passage à un aliment deuxième et dernière phase est donc judicieux pour éviter que les œufs ne deviennent trop grands et favoriser la qualité des coquilles. Un aliment dernière phase aide en outre à éviter des excédents en nutriments.
Diminuer le stress
Le stress peut avoir un impact négatif sur la formation des œufs et sur la qualité des coquilles. Une température ambiante élevée nuit aussi à la qualité des coquilles. Soumise à des températures élevées, la poule augmente sa fréquence respiratoire (elle halète) pour diminuer sa température corporelle, ce qui a pour effet de diminuer la concentration en CO dans le sang. Le pH du sang devient alcalin, réduisant à la fois la disponibilité du calcium et du carbonate. L’équilibre acido-basique perturbé se solde par une augmentation du nombre d’œufs ayant une coquille « molle ».
L’ingestion diminue par ailleurs en cas de stress thermique, ce qui réduit l’absorption de calcium tout en augmentant simultanément la résorption de calcium à partir des os. La résorption est limitée, raison pour laquelle il se peut qu’il n’y ait pas suffisamment de calcium à disposition pour que la coquille ne se forme correctement.
Elevage
La période d’élevage influence la formation du squelette, qui se développe essentiellement entre la sixième et la douzième semaine de vie. A l’âge de douze semaines, le 95 % du squelette est formé.
Un aliment pré-ponte est particulièrement judicieux : la teneur en calcium d’un tel aliment est accrue à hauteur de 20 g / kg tout en restant inférieure à celle d’un aliment de démarrage. Les poulettes qui commencent à pondre tôt disposent ainsi déjà de suffisamment de calcium, tandis que celles qui ne pondent pas encore ne sont pas confrontées à un trop grand excédent en calcium.
L’uniformité des lots de poulettes est un autre critère important. En présence de lots déséquilibrés, il faut s’attendre à ce que les poules moins développées disposent d’un squelette mal formé.
Prévenir le stress thermique chez les poules
Chez les poules, des températures trop chaudes, en particulier en présence d’une humidité de l’air relative élevée, entraînent un stress thermique. Ne disposant pas de glandes sudoripares, les poules sont contraintes d’évacuer leur chaleur corporelle via les voies respiratoires. Elles ont donc besoin de beaucoup d’énergie pour abaisser leur température corporelle. Associées à une consommation d’aliment et d’eau réduite, ces caractéristiques morphologiques ont un impact négatif sur la performance de ponte, le poids des œufs et la solidité de la coquille. Il arrive alors aussi que le jaune d’œuf soit plus pâle et que la sensibilité aux maladies augmente. En été, lors de températures extérieures élevées, il faut donc tout faire pour que le climat du poulailler convienne bien aux poules. La température optimale oscille entre 18 et 22° C.
Il convient de veiller aux points suivants :
- Bonne hygiène et qualité de l’eau – Rincer régulièrement les conduites et les désinfecter. – Changer régulièrement l’eau stagnante pour que la qualité et la consommation d’eau soient adaptées.
- Optimiser le climat au poulailler – Viser un climat de poulailler optimal avec un apport important d’air frais et tempéré. – Contrôler régulièrement les réglages des ventilateurs. – Utiliser éventuellement une installation de nébulisation permettant de réduire la température au sein du poulailler par évaporation.
- Stabiliser la circulation Le stress thermique entraîne le développement de radicaux libres dans l’organisme. Si ces derniers sont présents en trop grandes quantités, c’est-à-dire si le corps n’est plus en mesure de les dégrader, les cellules sont endommagées. On parle alors de stress oxydatif. L’adjonction d’antioxydants, par exemple l’additif estival « Thermostop », aide à réduire le stress oxydatif.
- Eviter les excédents au niveau de la ration Eviter des excédents, p. ex. en protéine brute. La poule génère en effet de la chaleur supplémentaire pour excréter les fientes.
- Eviter le stress La gestion du troupeau, qu’il s’agisse de l’alimentation, du climat ou de la pression des maladies (parasites, p. ex.) doit être optimisée.
- Accès au parc Les poules élevées en plein air ont besoin de suffisamment d’emplacements ombragés (naturels ou artificiels).