Ces dernières années, le nombre de vaches élevées en stabulation libre a énormément augmenté. Outre divers avantages liés à la rationalisation du travail, les stabulations libres répondent bien aux besoins des animaux. La présence de déjections sur une plus grande surface est par contre un désavantage. Ces aires d’exercice souillées (et par conséquent aussi humides) augmentent les souillures des onglons et donc le risque de maladies à ce niveau. En outre, ces vastes surfaces souillées produisent des émissions d’ammoniac plus importantes. Pour toutes ces raisons, il y a lieu d’éliminer régulièrement l’urine et les fèces présentes dans les couloirs. Dans les étables dont les sols sont perforés (caillebotis), les éleveurs recourent de plus en plus fréquemment aux robots racleurs. Pour l’instant, il existe peu de recommandations visant une utilisation optimale de ces robots. Dès lors, leur potentiel ne peut pas être pleinement mis à profit.
Essai
L’essai a été effectué dans l’étable expérimentale d’Agroscope sur les émissions, à Tänikon, avec 20 vaches. Le couloir d’affouragement de 330 cm de large et le couloir de circulation de 260 cm de large entre les logettes étaient constitués de caillebotis en béton avec revêtement en caoutchouc, tout comme les couloirs transversaux non perforés. Les trois rangées de logettes étaient composées de logettes profondes recouvertes d’un matelas de paille.
Le robot racleur utilisé dans le cadre de l’essai était un Lely Discovery 90 SW. Ce robot nettoie les surfaces perforées en poussant et en comprimant les déjections à travers les fentes du revêtement. Le Discovery 90 SW est équipé d’un dispositif de vaporisation d’eau.
Au total, quatre routes distinctes ont été programmées : dans le cadre des routes 1 et 2, le Discovery nettoyait toute la surface du couloir situé entre les deux rangées de logettes et réalisait un seul passage de nettoyage à l’arrière des logettes situées dans le couloir d’affouragement. Les parcours 1 et 2 étaient identiques, seul le sens du parcours étant inversé. La route 3 servait à nettoyer les couloirs transversaux et la route 4 à racler entièrement le couloir d’affouragement.
Sur la base de ces parcours, cinq variantes de fréquence de nettoyage et d’utilisation d’eau ont été définies dans le cadre de l’essai. Ces cinq variantes allaient de la variante 0 (pas de robot racleur) à la variante 4 (nettoyage très fréquent et humidification avec de l’eau). Chaque variante a été analysée pendant 4 jours consécutifs en été. Le degré de souillure des surfaces a été enregistré quotidiennement à l’aide d’un schéma d’évaluation. L’analyse du comportement des vaches vis-àvis du robot racleur s’est faite en observant les animaux et en enregistrant par vidéo leur consommation de fourrage avec ou sans passage du robot racleur.
Nettoyage fréquent à l’eau
C’est dans les variantes 0 (5,1 mm) et 1 (3,7 mm) que la hauteur de recouvrement des surfaces par les déjections a été la plus élevée et dans la variante 3 qu’elle a été la plus faible (1,6 mm). Un nettoyage plus fréquent (variante 4) n’a pas amélioré davantage la qualité de nettoyage. La fréquence de passage accrue a permis de faire passer le pourcentage de fèces de 9 % dans la variante 0 à 2 % dans la variante 4. La formation d’une couche grasse était plus importante dans le cas des variantes 1 (3,5 %) et 2 (6,5 %) que dans celui des variantes 3 (1,0 %) et 4 (0,7 %). La fréquence de nettoyage plus élevée associée à la vaporisation d’eau a contribué à réduire nettement la formation d’une couche grasse et le risque de glissade pour les animaux.
Les vaches évitent le robot
Sur les 368 réactions manifestées par les vaches lors du passage du robot, 72 % ont pu être classées dans la catégorie « esquive », 16 % dans la catégorie « comportement exploratoire » et 11 % dans la catégorie « sortie du cornadis ». Les vaches quittaient le cornadis même lorsque le robot nettoyait la zone située derrière les logettes à une distance de plus d’un mètre. La plupart du temps, les animaux couchés dans les logettes ont réagi au passage du robot par un simple mouvement attentif de l’oreille. Les observations effectuées n’ont pas montré que les vaches avaient tendance à se réfugier dans les logettes, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que les animaux de l’étable d’essai avaient suffisamment d’espace dans les couloirs pour esquiver le robot. Une grande partie des « esquives » était des « esquives vers l’avant sans contact », ce qui indique que les vaches étaient capables d’évaluer le trajet du robot et de l’éviter par précaution.
Présence au cornadis
Les vaches présentes au cornadis ont réagi nettement au passage du robot racleur. Dans le cadre de la variante avec le robot (variante 4), le nombre de vaches en train de manger a brièvement chuté de 8,5 à 5,5 animaux avant de remonter rapidement à 8,0. Bien que les vaches aient parfois été dérangées plusieurs fois par le robot, elles n’ont interrompu leur repas que le temps absolument nécessaire. Lorsqu’un racleur stationnaire passe dans le couloir d’affouragement, on constate que les animaux interrompent également leur repas pour l’éviter. Ici, le robot a même l’avantage d’être moins large.
Consommation d’eau
On parle souvent d’une consommation d’eau plus élevée et d’une plus grande quantité d’eau dans la fosse à lisier lorsqu’on utilise la fonction de vaporisation d’eau du robot racleur. Dans le cadre des différentes variantes analysées, la consommation d’eau du robot racleur a été comprise entre 1,3 m 3 et 4,9 m 3 par vache et par an (300 jours d’utilisation d’eau).
Conclusion
La comparaison des différentes fréquences de nettoyage montre qu’un nettoyage supplémentaire des surfaces perforées est impératif pour assurer une propreté suffisante. Dans cette optique, la variante 3 « fréquence de nettoyage optimisée avec utilisation d’eau » s’est avérée meilleure que les autres. Utiliser la fonction de vaporisation d’eau s’avère également nécessaire pour éviter la formation d’une couche grasse. Le comportement des vaches indique qu’elles s’habituent vite au robot racleur et qu’elles apprennent à l’éviter. Suite au passage de ce dernier, les vaches n’interrompent leur présence au cornadis que pendant peu de temps. Afin de déranger le moins possible les animaux pendant leur repas, la zone située autour des cornadis devrait être nettoyée en dehors des phrases principales d’affouragement.
L’analyse concernant les robots de raclage a été réalisée par Agroscope à Tänikon dans le cadre du travail de master de Theresa Leinweber (Université d’Hohenheim).
A quoi faut-il être attentif lorsqu’on achète ou qu’on installe un robot racleur ?
- Le robot peut-il être équipé d’une fonction de pulvérisation d’eau ?
- Le système de guidage peut-il être installé dans l’étable existante (selon le type : arrêtes de butée ? Largeur de couloir ?)
- Quelle est la durée de chargement électrique et quel est le nombre maximal de parcours (routes) quotidiens ?
- Le robot est-il adapté à l’étable (p. ex. seuils, pente, type de litière, etc.) ?
- Quelle est le meilleur emplacement pour la station de chargement et de remplissage d’eau ?
- Est-il possible et simple de programmer des parcours différents et des plans journaliers ?
- Comment planifier les parcours de façon à gêner le moins possible les animaux tout en assurant une qualité de nettoyage optimale ? (heures d’affouragement, heures de traite, etc.)