Sous notre climat, la prise en considération du stress thermique pour les ruminants n’est pas encore une évidence. En effet quand le climat est idéal pour nous, il n’en est pas de même pour nos animaux. La zone de confort thermique d’un mouton va de – 3 à 19° C, celle d’un veau de 15 à 24° et celle d’un bovin adulte de 0 à 15°. Quand nous sommes bien, les vaches ont chaud !
Evaluation du stress
Pour évaluer le stress thermique, l’indice THI (Index combinant Température et Humidité) a été élaboré. Il est à préciser que les températures des stations météo sont relevées sous abri et que l’indice ne tient pas compte de la vitesse de circulation de l’air influençant également le stress. Par conséquent, les bovins peuvent être dans une situation aggravée par l’exposition au soleil, ou à l’intérieur même des bâtiments par la fermentation des litières et le rayonnement des translucides. Il est donc nécessaire de se mettre au plus près des conditions de détention pour prendre en compte le THI.
Les études montrent que dès 22° C et une humidité ambiante dépassant les 40 %, THI >68, les effets dépressifs du climat sur les animaux se font sentir. Le stress thermique est redouté par les vaches comme par les taureaux en engraissement.
Calculateur UFA pour le stress thermique
Afin de mesurer rapidement sur son exploitation si les vaches souffrent de stress thermique et dans quelle mesure, UFA et
Meteonews ont développé ensemble un calculateur ad hoc. Simple d’utilisation, il permet de calculer le stress thermique dans un lieu défini. Une fois ce lieu saisi dans le système, il y reste enregistré. La température, l’humidité relative de l’air et le THI en dehors de l’étable sont affichés. Les prévisions pour les deux jours suivants permettent à l’utilisateur d’anticiper la situation. Afin de connaître le stress thermique effectif dans l’étable, il suffit d’entrer les valeurs affichées (température et humidité de l’air) dans le calculateur UFA, lequel adapte ces données mesurées à l’extérieur aux conditions de l’étable en question (plus chaud/plus froid, plus humide/plus sec). En général, en l’absence de mesure de refroidissement comme une ventilation, la température et l’humidité de l’air sont plus élevées dans l’étable. L’utilisateur peut enregistrer la page web du calculateur UFA sur son smartphone et l’utiliser comme une application. Le calculateur de stress thermique est disponible sur :
Conséquences animales
Le bovin possède une capacité à évacuer la chaleur qui est très limitée (système de thermorégulation). Pour se faire, il accélère sa fréquence respiratoire, son rythme cardiaque et active sa transpiration. C’est pourquoi les vaches ont tendance à s’agglutiner pour transpirer davantage et à se tenir debout pour laisser la transpiration s’évaporer. Le temps consacré au repos et à la rumination en position couchée est fortement réduit, alors que la vache doit pouvoir s’allonger de 10 à 14 h / jour.
La progression de l’indice THI aggrave le stress, qui peut engendrer de la suffocation avec une incapacité à refroidir le métabolisme. La fréquence respiratoire est ainsi amenée à doubler. Comme le système de régulation ne suffit plus à maintenir la température corporelle normale, la T° rectale augmente avec l’élévation du THI. Des T° rectales supérieures à 39° C ont des incidences très négatives sur la santé et les performances.
Le stress thermique génère des acidoses
Les fibres qui stimulent la rumination génèrent de la chaleur supplémentaire qui augmente encore la température corporelle (lorsque les fermentations sont très intenses, la T° de la panse peut atteindre 41° C).
En période chaude, les animaux consomment moins de fibre, mangent à des heures où l’atmosphère est plus fraîche et réduisent la fréquence des repas. Ces modifications comportementales sont des sources supplémentaires d’acidose du rumen, avec passage d’acide lactique dans le sang.
Le mécanisme de régulation de la chaleur corporelle par l’hyperventilation provoque in fine une mobilisation de substances tampons qui affaiblit encore le pH du sang.
L’animal doit donc faire face à deux sources d’acidification : l’acidose ruminale et l’acidose métabolique. Il est contraint de trouver dans son sang les substances alcalines afin de maintenir l’équilibre du métabolisme entre acide et base.
La spécialité Alkamix Fresh
La spécialité Alkamix Fresh fait partie intégrante des mesures de management de l’alimentation. Elle apporte les éléments essentiels pour contrôler les acidoses alimentaires et thermiques et en réduire les effets dépressifs :
- Cocktail de substances tampons pour réguler l’acidité du rumen et du sang
- Concentré de levures vivantes pour améliorer la valorisation des fourrages, consommer l’acide lactique de la panse, stabiliser le pH ruminal et l’efficacité alimentaire
- Antioxydants naturels pour neutraliser les radicaux libres, protéger la vitamine E de l’oxydation et favoriser l’immunité
- Substances captatrices pour lier les endotoxines
Conséquences des acidoses alimentaires et thermiques
Les acidoses sont l’ennemi numéro un des ruminants par leurs répercussions sanitaires : problèmes de pieds, diarrhées et altération des muqueuses ouvrant la porte aux bactéries et toxines qui passent dans le circuit sanguin pour infecter le foie, dépression immunitaire, stress oxydatif accru (plus de processus inflammatoires), défaut de synthèse de toutes les vitamines B (négatif sur le plan santé animal et économique).
Les incidences sur les performances sont multiples : perturbation de la flore du rumen, baisse d’absorption des fermentations, réduction de l’efficacité alimentaire (ICL et ICV).
Cela se traduit concrètement par un affaiblissement de : la production laitière (↑cellules et mammites, ↓teneurs), la reproduction (↓chaleurs, ↑mortalité embryonnaire), la croissance des bovins d’élevage ou d’engraissement (↑temps de présence, ↓GMQ, ↓couverture graisseuse).
Mesures préventives
En période de stress thermique, prendre des mesures préventives contre les acidoses et en compenser les méfaits.
Le stress thermique perturbe la rumination, réduit la salivation et fait baisser le pH sanguin: un approvisionnement en substances tampons s’avère indispensable.
La transpiration des vaches de l’ordre de 15 - 20 litres / jour en hiver peut doubler durant l’été. Pour compenser les pertes de sodium, potassium et magnésium, il est essentiel de renforcer les apports en sel, minéraux et vitamines. La complémentation en levures vivantes aidera également à améliorer l’efficacité du rumen et des ajouts d’antioxydants favoriseront le statut immunitaire.
Le bilan énergétique déjà affecté par la baisse d’ingestion se trouve encore péjoré par les dépenses de thermorégulation, gourmandes en calories. Pour améliorer la densité énergétique, limiter cependant la part d’amidon starter en faveur de l’amidon lent moins acidifiant. Favoriser les parois digestibles et les pectines très intéressantes pour la vie du rumen et bénéfiques pour le TB. Pour les vaches fraîches et les troupeaux à haute productivité, un ajout de matière grasse végétale de qualité stable dans le rumen permet de compenser la baisse de synthèse ruminale sans générer d’acidification (préconisation pour réduire le déficit énergétique préjudiciable à la production, à la reproduction et au maintien de l’état corporel).
Management
L’accès à l’eau est primordial : débit, qualité et disponibilité. La quantité d’eau consommée par jour peut facilement doubler avec les fortes températures. Il est judicieux de nettoyer très fréquemment les abreuvoirs, car c’est un milieu propice aux développements bactériens.
Favoriser l’ingestion et l’efficacité alimentaire : équilibre du régime, respect des transitions, préparation et distribution des repas.
- Faire pâturer ou distribuer la ration aux heures les plus fraîches, avec un fractionnement des repas pour limiter les sur-fermentations et l’accumulation de gaz ruminaux.
- Humidifier la ration pour une meilleure homogénéité et en restreindre le tri.
- Maîtriser la fraîcheur du fourrage en évitant la prolifération microbienne au cornadis et par un avancement suffisant au silo pour prévenir les post-fermentations.
Améliorer la détention : faciliter la circulation de l’air, ombrager les parcours, privilégier le confort de couchage. Si possible, aménager une ventilation et brumisation. Ces installations doivent combiner débit d’air et alternance d’humidification et de séchage pour ne pas créer un nid à bactéries propice aux infections.