Les troubles métaboliques trouvent leur origine dans l’évolution des mammifères et en particulier celle des bovins. Ces derniers donnent généralement naissance à un seul veau dont la survie dépend, au cours des premières semaines de vie, exclusivement de l’approvisionnement en lait. Afin d’assurer la survie du veau après l’énorme stress énergétique occasionné par les neuf mois de gestation, l’évolution a accordé une priorité marquée aux fonctions de la glande mammaire dans le métabolisme. La priorité accordée à la glande mammaire dans le métabolisme, surtout en début de lactation, contribue à ce que la production laitière reste assurée, même en cas de déficit en énergie et en nutriments, avec tous les risques qui s’ensuivent pour la vache. Après le vêlage, plus l’ingestion est faible et le niveau de production laitière élevée, plus ce bilan énergétique négatif est marqué.
Sélection sur les performances laitières
La priorité accordée à la glande mammaire en début de lactation est un élément déterminant pour le progrès génétique rapide enregistré en quelques générations seulement dans le cadre de la sélection sur la performance laitière. Contrairement aux performances laitières, l’ingestion n’a pas augmenté de façon notable. L’écart entre l’ingestion d’énergie et les besoins effectifs de la vache se creuse par conséquent toujours davantage. La vache peut compenser dans une large mesure son déficit énergétique en dégradant de la graisse corporelle. Les grandes quantités d’acides gras libres issus des dépôts corporels surchargent toutefois énormément le métabolisme du foie. Les acides gras libres sont stockés dans le foie, ce qui peut même entraîner une stéatose hépatique. Les acides gras excédentaires, qui sont en fait des vecteurs d’énergie au sein du métabolisme, sont par ailleurs transformés en corps cétoniques. Présents en concentrations élevées dans le sang, ces derniers engendrent des cétoses subcliniques et cliniques. Des essais ont montré que les corps cétoniques réduisent directement la concentration en glucose dans le sang. Or le glucose est le vecteur d’énergie le plus important pour la production laitière et le système immunitaire. Des concentrations élevées d’acides gras libres et de corps cétoniques entravent le système immunitaire et entraînent une dégradation de la fertilité, des performances laitières et de l’ingestion. Il s’ensuit un cercle vicieux : une vache qui mange moins mobilise encore plus de réserves corporelles. Les quantités d’acides gras libres et de corps cétoniques augmentent encore davantage. Le risque de déséquilibres métaboliques et de maladies infectieuses augmente massivement. C’est pourquoi les mammites, les cétoses, les problèmes d’onglons, les retournements de caillette et une mauvaise fertilité font partie des causes d’élimination les plus fréquentes en début de lactation.
Les troubles métaboliques peuvent affecter des vaches de tous niveaux de production.
Chaque vache réagit très différemment au stress métabolique. Les vaches hautes performances ont certes plus de risques de souffrir de troubles métaboliques, surtout en cas de gestion inappropriée du troupeau et de l’affouragement. Les troubles métaboliques peuvent toutefois affecter des vaches de tous niveaux de production. Ces dernières années, de nets progrès ont été enregistrés en ce qui concerne la sélection sur les critères de longévité et de robustesse.
Prévention des troubles du métabolisme
Les problèmes métaboliques ne pourront jamais être totalement évités. Une solution consiste à réduire préventivement les risques de troubles métaboliques. Les vaches souffrant d’un embonpoint excessif après le vêlage ingèrent par exemple moins de fourrage que les vaches bénéficiant d’un état corporel idéal. Elles mobilisent aussi plus de graisse corporelle. Pour éviter des conséquences négatives au cours de la lactation suivante, le BCS (body condition scoring) ne devrait jamais être corrigé pendant la phase de tarissement mais déjà au cours du dernier tiers de la lactation précédant le tarissement. Exceptionnellement, les vaches souffrant d’un embonpoint excessif pourront être traites sans interruption (pas de phase de tarissement), pour éviter que leurs réserves corporelles « fondent » trop après le vêlage. Le cas échéant, il faut être prêt à accepter une baisse significative des performances laitières.
Outre une complémentation minérale et une prophylaxie du risque d’hypocalcémie, une alimentation appropriée pendant la phase de tarissement et de préparation à la lactation est tout aussi importante. Souvent, plusieurs maladies métaboliques surviennent en même temps et on a donc du mal à les détecter. Les vaches qui n’arrivent pas à se lever après la mise bas produisent moins de lait, mangent moins et développent souvent des maladies consécutives (retournement de caillette, cétose, etc.). Les vaches souffrant de cétose subclinique ont entre une et vingt fois plus de risques de souffrir de maladies consécutives.
Systèmes d’affouragement basés sur le pâturage et les herbages
Chez les vaches laitières, un pourcentage élevé d’herbe dans la ration ne couvre qu’une part limitée de la performance laitière. Les rations à base d’herbe et de pâture ne suffisent souvent pas à couvrir les besoins en énergie et en nutriments induits par les performances élevées en début de lactation. Bien qu’un pâturage bien exploité présente une valeur nutritive élevée, sa teneur en énergie est un facteur limitant. En plus de cela, les variations qualitatives de l’herbe en cours de saison ont un impact sur le métabolisme des vaches laitières. En début de printemps et en automne, dans les jeunes peuplements végétaux, la teneur en hydrates de carbone solubles peut entraîner une acidose de la panse et favoriser l’apparition de boiteries. Il faut aussi veiller à un approvisionnement en magnésium suffisant. Lorsque la ration se compose uniquement d’herbe ou de pâture, il peut arriver que la teneur en pro téine brute de la ration soit supérieure aux valeurs recommandées. Si la protéine brute ingérée ne peut pas être transformée par les microbes de la panse, l’azote excédentaire est absorbé à partir de la panse sous forme d’ammoniac, qui est décontaminé dans le foie et excrété sous forme d’urée, avec toutes les conséquences négatives qui s’ensuivent pour l’environnement.