Les animaux de rente sont destinés à la production de denrées alimentaires. Une bonne santé animale est essentielle pour le bienêtre des animaux et réduit le risque de transmission de germes pathogènes au personnel qui s’occupe des animaux ou à l’être humain via les denrées alimentaires. Les mesures de biosécurité permettent de diminuer l’introduction de germes pathogènes et le risque d’infection au sein des exploitations ou entre catégories d’âge. Les exploitations disposant d’un bon standard de biosécurité sont moins sujettes aux maladies et utilisent moins d’antibiotiques. Les mesures de biosécurité ne favorisent donc pas seulement la santé animale, mais aussi la santé du personnel qui s’occupe des animaux et celle des consommateurs.
Chaque achat d’animal induit un risque d’introduction d’agents pathogènes.
Qu’est-ce que la biosécurité ?
La biosécurité comprend toutes les mesures qui réduisent le risque d’introduction d’une maladie ou d’un agent pathogène et la propagation d’affections néfastes pour la santé, le bien-être ou la sécurité alimentaire. On distingue la biosécurité externe et interne.
Mesures de biosécurité externes
Ces mesures protègent l’entreprise vis-à-vis de l’extérieur, afin d’empêcher ou de diminuer l’introduction de pathogènes dans l’entreprise. Les principales sources d’introduction sont l’achat d’animaux infectés ou le contact avec ceux-ci, ainsi que les vecteurs animés, tels que des personnes, des rongeurs nuisibles, des oiseaux, des insectes, des chiens, des chats ou le contact avec des animaux sauvages. C’est pourquoi les animaux achetés devraient provenir d’un petit nombre d’entreprises dont l’état sanitaire est connu. De plus, toutes les personnes, y compris le personnel, ne devraient pénétrer dans la porcherie qu’en passant par un sas d’hygiène et avec des habits propres à l’exploitation. Comme tout le monde le sait maintenant avec le Covid– 19, l’hygiène des mains joue un rôle essentiel pour limiter la propagation des agents pathogènes. Les germes pathogènes peuvent aussi parvenir dans l’entreprise via des vecteurs inanimés, tels que des véhicules de transport d’animaux ou de fourrages, des tonneaux à lisier, du fourrage, de l’eau, de la litière ou des outils contaminés et partagés avec d’autres exploitations (appareil d’anesthésie). Les agents pathogènes peuvent aussi être transportés par l’air sur plusieurs kilomètres. C’est le cas, par exemple, des virus de la grippe, du virus du SDRP, des circovirus ou de l’agent responsable de la pneumonie enzootique (PE).
Mesures de biosécurité internes
Ces mesures réduisent ou empêchent la propagation de pathogènes, tant au sein d’une entreprise qu’entre différentes espèces animales ou groupes d’âge dans une entreprise. Le transfert d’animaux malades au sein d’une entreprise (sevrage de porcelets souffrant de diarrhée) ou la dissémination de pathogènes par les bottes, les mains ou des instruments sales représentent les principaux facteurs de risque de propagation d’agents pathogènes au sein d’une entreprise. Les animaux malades produisant et excrétant des quantités massives d’agents pathogènes, il est important de les séparer afin d’éviter qu’ils ne transmettent leur maladie aux animaux sains.
Actions possibles
Chaque achat d’animal constitue un risque d’introduction d’agents pathogènes car chaque animal porte sur ou en lui la flore microbienne propre à son exploitation d’origine. C’est pourquoi les animaux d’engraissement devraient provenir d’un nombre de porcheries restreint et les animaux d’élevage si possible toujours de la même exploitation AR (statut SSP le plus élevé), et être intégrés au troupeau après une quarantaine. Une hygiène insuffisante des instruments (seringues, aiguilles, lames de bistouri) est un facteur de risque important pour les inflammations articulaires, les hernies ombilicales ou les abcès chez les porcs gras. Un traitement immédiat et correct de l’animal malade réduit le développement de germes et le risque de contamination. Par ailleurs, séparer les animaux malades des animaux sains diminue le risque de propagation de maladies et contribue considérablement à réduire la pression infectieuse. Un bon nettoyage suivi d’une désinfection peut diminuer de plusieurs millions de fois la quantité de pathogènes.
Le nettoyage est considéré comme bon lorsque :
- la couleur et la structure d’origine sont visibles partout ;
- l’eau qui s’écoule est propre.
La saleté et le froid pouvant diminuer voire inactiver l’effet des désinfectants, un nettoyage méticuleux et une température d’environ 20° C sont des conditions importantes pour que la désinfection soit efficace. Le succès de cette dernière dépend aussi des propriétés de l’agent pathogène et de sa quantité, de la famille chimique, de la concentration et de la durée d’application du désinfectant.
Avant de réintroduire des animaux, les locaux nettoyés doivent avoir bien séché, car les germes résiduels peuvent rapidement se multiplier dans l’humidité. Afin de ne pas compromettre le nettoyage et la désinfection, seuls des animaux propres devraient être installés dans les boxes nettoyés.
Qualité des mesures de biosécurité en Suisse
En raison du trafic d’animaux très limité avec l’étranger et de la très bonne santé des cheptels de porcs suisses, les mesures de biosécurité ont été jusqu’à présent négligées en Suisse.
Cependant, la pression sociale visant à augmenter la santé et le bien-être des animaux ainsi qu’à réduire l’usage d’antibiotiques chez les animaux de rente, mais aussi la propagation incontrôlée de la peste porcine africaine, notamment en Europe de l’Est, incitent de plus en plus d’exploitations à se protéger de l’introduction de maladies à l’aide de mesures de biosécurité.
Guides et auto-évaluation sur la biosécurité dans l’exploitation
La division de médecine porcine, à Zurich, a été mandatée par l’OSAV pour développer, avec le Service sanitaire bovin (SSB) et le Service sanitaire porcin (SSP), des instruments visant à sensibiliser les entreprises à l’importance des mesures de biosécurité. Un support de cours électronique (e-learning), deux guides sur la biosécurité (court et long) ainsi qu’une au-to-évaluation numérique, qui permet de juger les mesures de biosécurité externes et internes de sa propre entreprise, ont ainsi été créés. Ces mesures peuvent être améliorées grâce à une analyse intégrée des points faibles.