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Production animale

L’élevage des coqs frères en point de mire

Chez Bio Suisse, à partir de 2026, il sera interdit de tuer les poussins mâles. Cette modification exige de trouver de nouvelles solutions pour l’élevage de coqs frères et de poules à deux fins. Mais quels sont les enjeux et les opportunités qui en découlent ?

Les coqs frères sont souvent élevés dans des poulaillers de poulettes.

Les coqs frères sont souvent élevés dans des poulaillers de poulettes.

(Photo: Eva Studinger)

Publié le

Actualisé le

Rédactrice, Revue UFA

Le 1 er janvier 2026, la mise à mort des poussins mâles éclos ne sera plus autorisée sous le label Bio suisse. La détermination du sexe dans l’œuf, appelée sélection in ovo, ne sera pas non plus permise. Cette décision a déjà été prise en 2021 par l’Assemblée des délégués de Bio Suisse. Il reste donc encore environ un an pour trouver une place d’élevage aux 100 % des poussins mâles issus de la production de poules pondeuses. Actuellement, environ la moitié de toutes les poules pondeuses bio ont déjà un frère qui est élevé. Bio Suisse table ainsi sur l’élevage d’environ 600 000 coqs bio d’ici 2026.

Coq frère ou poule à deux fins

On distingue les coqs frères (mâles issus des lignées de pondeuses pour la production d’œufs) et les poules à deux fins. Les coqs frères ont une croissance journalière plus faible (de 17 à 20 g / jour pour une durée d’engraissement de 63 jours), produisant moins de viande. Chez les poules à deux fins, en revanche, on recherche un équilibre entre la ponte et la croissance musculaire. Il existe ici un compromis : les coqs atteignent de meilleures performances d’engraissement (gain journalier supérieur à 20 g / jour pour une durée d’engraissement de 63 jours), tandis que les poules pondeuses pondent nettement moins d’œufs que les pondeuses hybrides normales.

Le Cahier des charges de Bio Suisse impose une durée d’engraissement minimale de 63 jours. De plus, les coqs frères et les coqs à deux fins doivent être élevés dans un système à plusieurs étages avec évacuation du fumier. Les coqs à deux fins dont le gain journalier dépasse 23 g (par jour) ne peuvent plus être élevés dans les poulaillers pour poulettes. Ils doivent être gardés conformément aux directives pour l’engraissement des poulets dans des troupeaux de 500 animaux maximum. Enfin, le cahier des charges en question précise que le gain journalier des coqs frères doit être d’au moins 17 g en moyenne.

Alimentation des coqs frères

En raison de leur croissance plus lente, les coqs frères ou les races à deux fins ont d’autres exigences en matière d’alimentation que les hybrides d’engraissement. Cependant, les modalités d’alimentation (intensité) influent aussi sur les performances d’engraissement de ces hybrides élevés de manière plus extensive. Ainsi, un aliment complémentaire spécial à haute teneur en énergie et en protéines permet de couvrir leurs besoins de manière optimale et d’obtenir la meilleure croissance musculaire possible. Le potentiel des animaux est mieux exploité avec un aliment pour jeunes coqs qu’avec un aliment pour jeunes poules. Il est également crucial que la consommation d’aliments soit la plus élevée possible, ce qui est favorisé par sa structure en miettes. En revanche, l’utilisation d’aliments en granulés n’est pas recommandée. C’est la conclusion à laquelle est parvenue la société allemande de l’agriculture (DLG), qui écrit dans une fiche technique que l’utilisation d’aliments en granulés dans l’engraissement des jeunes poulets s’est avérée contre-productive à plusieurs reprises. La DLG souligne aussi que des problèmes tels que les combats hiérarchiques et le cannibalisme chez les jeunes coqs sont évoqués, précisant que leur gravité augmente avec l’âge des animaux. Pour ces raisons, elle estime qu’il est particulièrement important de fournir un espace suffisant et bien structuré et de faire en sorte que les animaux puissent s’occuper.

Miser sur les coqs frères

En Suisse, Gallina Bio AG est un important protagoniste du secteur qui mise sur l’élevage des coqs frères. Roman Clavadetscher, son directeur, explique que cette année, 24 exploitations engraissent 150 000 coqs pour la production biologique, lesquels sont abattus chez Wick AG, une entreprise spécialisée dans l’abattage de jeunes coqs. La viande ainsi produite est utilisée (à près de 95 %) pour fabriquer par exemple des produits tels que saucisses, galettes de steak haché, nuggets ou du fromage d’Italie. Les coqs frères sont élevés notamment dans des poulaillers pour poulettes, ou encore dans des poulaillers mobiles (comme dans l’engraissement des poulets bio).

La durée d’engraissement chez Gallina Bio est comprise entre 63 et 70 jours. « Nous avons également testé des périodes d’engraissement plus longues, mais un engraissement plus court s’avère plus efficient, car à partir de 70 jours, l’indice de consommation est moins bon », explique Roman Clavadetscher. Selon ce dernier, le plus important dans l’activité de garde est avant tout de bien observer les animaux afin de détecter à temps les mauvais développements.

L’éleveur conclut : « La durée de rotation est certes plus courte, mais l’élevage de coqs frères offre aussi la possibilité de mieux exploiter le poulailler. » 

Retours du terrain

Coqs frères dans le poulailler pour poulettes

Enguerrand Piot, de Thierrens (VD), a déjà acquis une précieuse expérience dans l’élevage de coqs frères. Il les élève dans son poulailler qui peut accueillir 4000 poulettes ou coqs frères. Même si beaucoup de choses sont similaires avec l’élevage, il y a quelques petits détails à prendre en compte. Ainsi, il a installé des mangeoires supplémentaires dans la volière afin de permettre un accès facile à la nourriture et de favoriser la consommation d’aliments : l’objectif est que les coqs mangent le plus possible. Il a cependant pu observer que les jeunes coqs mangent relativement bien d’eux-mêmes et prennent généralement un meilleur départ par rapport aux poulettes. Il les nourrit avec un aliment complémentaire pour jeunes coqs (voir solution 2 dans l’encadré), qu’il leur distribue du début à la fin de l’engraissement.

L’objectif est que les coqs mangent le plus possible.

Après 64 jours d’engraissement, les coqs affichent un poids vif d’un peu plus d’un kilogramme. Enguerrand Piot a remarqué que jusqu’à présent, les coqs se déplacent moins que les poulettes et que la litière s’humidifie plus rapidement, l’obligeant à en rajouter plus souvent et à utiliser plus de paille. Le poids des animaux est suivi en permanence à l’aide d’une balance électronique, ce qui, selon l’agriculteur, est très utile pour maîtriser le développement des animaux.
Pour le producteur, c’est un moyen optimal de remplir son poulailler de poulettes et de réduire les phases de vide.

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