Quels sont les défis dans la sélection des pommes ?
Les maladies connues, telles que la tavelure, l’oïdium et le feu bactérien, restent importantes. Les pommiers sont aussi confrontés à une nouvelle maladie depuis dix ans : la chute des feuilles due à Marssonina. Cette maladie est problématique dans les vergers avec une protection phytosanitaire réduite ou biologique. Suite au retrait ou à la diminution continue des produits phytosanitaires, les maladies de conservation, comme par exemple la pourriture lenticellaire, vont augmenter. C’est pourquoi nous avons aussi commencé à rechercher des résistances et des marqueurs moléculaires associés pour la sélection contre ces maladies. Le changement climatique s’accompagne de risques supplémentaires directs, au travers de conditions de production changeantes, et indirects, par l’apparition de nouveaux organismes nuisibles. L’objectif est donc de disposer de plantes capables de composer avec des facteurs de stress climatiques, des maladies et des ravageurs tout en présentant une bonne qualité de fruit.
Y aura-t-il des changements au niveau des variétés cultivées ?
Je l’espère vivement. La société demande un tournant agroécologique qui comprend une diminution significative de l’usage des produits phytosanitaires tout en maintenant la productivité et la qualité. C’est pourquoi Agroscope investit depuis des années dans la sélection et la recherche de variétés de pommes résistantes présentant d’excellentes qualités au niveau de l’arbre et du fruit. Le marché doit cependant aussi se développer et jouer le jeu. Il est actuellement assez compliqué d’introduire une nouvelle variété tolérante sur le marché.
Des variétés existantes sont-elles également améliorées ?
Pour le pommier, seul le génie génétique, NTS comprises, permet d’améliorer une variété spécifique. La sélection classique engendre avec chaque croisement une grande diversité génétique et ainsi toujours une nouvelle variété qui peut être très différente de ses parents. Des lignées de Gala cisgéniques résistantes à la tavelure et au feu bactérien, qui n’ont été développées qu’à des fins de recherche, ne contiennent chacune qu’un seul gène de résistance. Les variétés résistantes destinées à la commercialisation devraient toutefois impérativement combiner plusieurs gènes de résistance contre une même maladie / un même ravageur afin d’obtenir une tolérance durable. Deux variétés génétiquement modifiées, Arctic Golden et Arctic Granny, de la société « Okanagan Specialty Fruits », ont été mises sur le marché au Canada et aux Etats-Unis. Leur chair ne brunit pas une fois le fruit coupé, ce qui représente une plus-value pour la vente de pommes coupées.
Explications
Marqueurs moléculaires Courts segments d’ADN qui peuvent être visualisés par une méthode moléculaire. S’ils proviennent d’une région proche d’une caractéristique souhaitée dans la plante, ils peuvent être utilisés comme critère de sélection.
NTS Nouvelles technologies de sélection, à l’exemple de la méthode CrisprCas, qui permet de modifier l’ADN à un endroit prédéterminé du génome.
Cisgénèse Des gènes de la même espèce sont introduits dans un individu à l’aide du génie génétique. Pour les pommes, il peut s’agir d’autres variétés ou de pommiers sauvages.