Quel impact le changement climatique a-t-il en viticulture ?
Ces dernières années, de fortes différences ont caractérisé les millésimes, exigeant beaucoup de flexibilité de la part des exploitations. Les systèmes viticoles doivent désormais résister à des années froides et humides avec une forte pression des maladies comme en 2021, mais aussi à des années de canicule comme en 2022. Ce sont surtout les périodes où les mêmes conditions météorologiques persistent (comme celles que nous avons connues au printemps ou au mois de juin, qui a été très sec) qui requièrent d’agir avec dextérité. Ce n’est pas facile dans une culture pérenne, car les variétés ou porte-greffes ne peuvent pas être modifiés du jour au lendemain. En viticulture biologique, il s’agit avant tout de protéger les vignes par des actions préventives et permettant d’anticiper les problèmes ainsi que des techniques culturales adaptées.
Quelles sont les stratégies culturales à différents termes ?
Au cours de la saison, il faut viser un feuillage bien aéré, notamment en effeuillant les zones contenant des grappes. Ce faisant, il est important de trouver la juste mesure, car il s’agit aussi d’éviter les brûlures dues au soleil. Cette manière de faire garantit également une bonne adhérence des produits de protection des plantes, ce qui est essentiel pour les produits de contact utilisés en viticulture biologique. De plus, il est crucial de planifier l’application de ces produits de manière optimale. Les systèmes de prévision des infections, tels que Vitimeteo ou RimPro, constituent un outil important à cet égard. A long terme, le choix de cépages robustes présente un grand potentiel, car ceux-ci permettent de réduire de deux tiers la quantité de produits phytosanitaires utilisés. Il existe aujourd’hui une multitude de variétés Piwi, présentant différentes caractéristiques. Cette multiplicité ne facilitant pas le choix variétal, le FiBL réalise actuellement un essai sur les caractéristiques culturales et la qualité vinicole des nouvelles variétés, en collaboration avec le Centre viticole de Wädenswil et la Haute école de Changins. Les systèmes d’agroforesterie, c’est-à-dire la plantation d’arbres au sein des vignobles, suscitent également un grand intérêt. Ainsi, le FiBL mène deux projets pour étudier les impacts positifs attendus sur l’approvisionnement en eau et en nutriments de la vigne ainsi que sur le microclimat en présence.
Quelle importance revêt la gestion du sol ?
Garant de l’approvisionnement des plantes, le sol donne à la vigne sa vitalité. Dans l’idéal, il sert de réservoir pour les nutriments et l’eau, qu’il met à disposition des plantes en période de sécheresse. Il est rare de trouver un sol de vignoble optimal. En viticulture biologique, l’ensemencement est un élément essentiel pour améliorer les propriétés du sol. En ce moment sont réalisés les premiers essais préliminaires pour trouver un engrais vert (de printemps et d’automne) améliorant les propriétés du sol à long terme par la formation d’humus. Il s’agit notamment d’augmenter la capacité d’absorption et de rétention d’eau du sol, des caractéristiques qui joueront un rôle central à l’avenir pour alimenter les vignes de manière optimale – même lors d’années marquées par un temps changeant.