Quels sont les avantages tangibles de la digitalisation dans l’agriculture et où y a-t-il encore des obstacles ?
Parmi les dispositifs technologiques développés, un grand nombre sont déjà sur le marché ou en passe de l’être. Sur ce plan, le potentiel est énorme : les techniques de modulation intra-parcellaire permettent de réduire la quantité d’engrais ou produits phytosanitaires utilisés, tout en maintenant un rendement égal, voire supérieur. De plus, la charge administrative peut être réduite, par exemple en automatisant les rapports destinés aux services administratifs et aux organisations de labellisation. Certaines technologies, comme le GPS et les systèmes de guidage, deviendront progressivement la norme. Pour d’autres technologies ou applications, comme la modulation intra-parcellaire des intrants, les investissements requis et les risques encourus restent souvent trop importants pour certaines exploitations.
Les exploitations bénéficient-elles toutes des mêmes avantages liés à la digitalisation ?
Qu’elle soit petite ou grande, bio ou conventionnelle, dédiée aux grandes cultures ou aux cultures spéciales, aux surfaces herbagères ou à la garde d’animaux, en théorie, toute exploitation peut potentiellement tirer parti de la digitalisation grâce au large éventail d’innovations proposées. En pratique cependant, il arrive souvent que certaines cultures ou exploitations bénéficient plus de cette évolution que d’autres. Par exemple, les investissements sont souvent plus profitables aux grandes exploitations plus intensives. Cette sorte de fracture digitale peut être critique, notamment lorsque certaines exploitations sont ainsi distancées par d’autres et que les potentiels de la digitalisation, comme une empreinte environnementale plus faible, ne peuvent pas être exploités à rendement égal. Pallier ce problème requiert des efforts ciblés de la part du monde politique ainsi qu’une focalisation sur des solutions interentreprises.
Robert FingerEn théorie, toute exploitation peut tirer parti de la digitalisation.
Les services de vulgarisation deviendront-ils un jour superflus ?
Le potentiel de la digitalisation est énorme : les outils et plateformes digitaux peuvent permettre à de nombreuses exploitations d’accéder facilement aux connaissances et aux expériences, y compris dans des domaines qui autrement, sont difficiles d’accès ; il en va de même pour les échanges entre agriculteurs de différentes régions, voire pays. Cependant, cet accès facilité au savoir ne remplace pas un service de conseil classique, mais le complète plutôt. C’est que dans le monde digitalisé aussi, il faut des connaissances solides.