L’époque où les engrais verts étaient considérés comme une obligation, voire une contrariété, est révolue. Aujourd’hui, les couvertures de sol sont cultivées pour leurs divers effets bénéfiques, tels que la protection contre l’érosion, l’activité microbienne, la production d’humus, l’amélioration de la structure du sol ou la fixation de l’azote. Pour pouvoir tirer profit d’un engrais vert, il faut respecter quelques points. Il s’agit d’abord de définir clairement quels effets sont attendus sur les différentes parcelles, en considérant l’ensemble de la rotation, afin de trouver l’engrais vert adapté à son exploitation.
Fournisseurs d’azote
Le mélange UFA Legu Fit est composé presque exclusivement de légumineuses qui couvrent très rapidement le sol. S’il est semé en juillet, il peut livrer jusqu’à 120 kilos d’azote par hectare à la culture suivante. Grâce à son rapport C / N bas, cet engrais vert se décompose très vite au printemps suivant. L’azote est ainsi libéré rapidement – et pas uniquement à la fin de l’été, ce qui pourrait causer des problèmes dans les betteraves sucrières et le tournesol. Ces plantes aux besoins élevés requièrent beaucoup d’azote dès le début de la période de végétation. Par ailleurs, le mélange contient la nouvelle féverole à petits grains « Avalon », la première féverole à présenter un poids de mille grains (PMG) nettement inférieur à celui des variétés actuelles. Cela offre l’avantage de pouvoir la semer avec le mélange sans risque de séparation. Ce mélange est particulièrement adapté aux exploitations bio ou de grandes cultures pures, mais il peut aussi être utile à d’autres exploitations.
Réducteurs de nématodes
Les populations de nématodes peuvent être réduites en utilisant un engrais vert approprié. Le mélange UFA Pom Fit fonctionne par exemple très bien pour les pommes de terre. Il a été conçu pour répondre aux exigences spécifiques de la culture de pommes de terre moderne. Le radis fourrager multirésistant de la variété « Defender » diminue les taches de rouille dans cette culture par la réduction des populations de nématodes du genre Trichodorus, notamment pour les variétés de pommes de terre sensibles au virus du rattle du tabac (TRV). Il est important que le radis ne soit pas broyé en automne s’il doit geler. Ses racines vigoureuses risquent sinon de redémarrer au printemps. Le radis doit geler sur pied pour que le gel puisse parvenir jusqu’aux racines. Il peut être broyé fin février. Il est préférable de renoncer à cultiver de la phacélie, car celle-ci favorise la gale.
Rotation
La rotation doit tenir compte des exigences agronomiques des différentes cultures. Il ne faut en outre pas négliger les liens de parenté entre les espèces. Ainsi, dans les rotations chargées en colza, on devrait renoncer aux plantes de la famille des crucifères, telles que la moutarde et le radis, car elles peuvent favoriser la hernie du chou. Le tournesol et le niger appartiennent à la famille des composées. De longues fréquences de retour – de six ans – sont recommandées pour les pois protéagineux en raison des maladies du pied (fusarioses).Il en va de même pour la féverole, bien que cette dernière soit moins sensible et qu’un intervalle de trois ans suffise. Les légumineuses sont très appréciées dans la rotation, car elles enrichissent le sol en azote et le couvrent rapidement. Cependant, cela peut entraîner une fatigue du sol. Ce problème n’est actuellement pas très répandu en Suisse, mais il pourrait augmenter, notamment sur les exploitations sans bétail, c’est pourquoi il faut rester vigilant.
Tenir compte de l’enracinement
Lors du choix des mélanges de dérobées, il vaut la peine d’en étudier les divers composants et leurs effets sur le sol. Les mélanges permettent aux plantes de déployer leurs effets bénéfiques. Les espèces à enracinement superficiel, telles que le trèfle ou la phacélie, peuvent coloniser la couche supérieure du sol avec leurs racines et concurrencer la flore adventice. Le tournesol, le niger et le radis sont des plantes à enracinement profond importantes et servent de tuteur.
Soigner le semis
Seul un semis précis et effectué rapidement après la récolte permet d’assurer une bonne levée et beaucoup de biomasse. Le lit de semence devrait être fin et le semis superficiel. Un bon rappuyage à l’aide d’un rouleau est ensuite une bonne chose. Les adventices lèveront certes en même temps, mais elles seront concurrencées par un bon engrais vert.