Cultures associées
Les cultures associées connaissent un grand essor ces dernières années, suite au développement de l’agriculture biologique, qui en associant des céréales et des légumineuses (pois-orge, avoine-féverole), a montré l’intérêt et la possibilité d’une telle culture. Plus d’un agriculteur conventionnel s’est laissé tenter par l’expérience positive de l’association. Technique et avantages connus et reconnus depuis longtemps dans la production fourragère, où l’association de trèfle et de graminées est légion en Suisse. Alors pourquoi ne pas associer une culture principale lors de son installation à des engrais verts gélifs? Le colza d’automne est alors apparu comme une des cultures où les bénéfices de plantes associées étaient les plus prépondérants. La technique s’est d’abord développée en France, puis a naturellement trouvé ses adeptes sur les territoires limitrophes, comme à Genève ou dans le Jura, pour finalement s’étendre à toute la Suisse.
Principe
La technique est simple et s’apparente au principe de substitution en production fourragère. Elle consiste à semer simultanément le colza et les plantes associées gélives, utilisées comme couvert non récolté, et choisies pour les bénéfices qu’elles apportent et leur capacité de cohabitation avec le colza. Du stade cotylédons au stade 4 feuilles, le colza est sensible à la concurrence pour l’eau et la lumière. Par la suite, une fois que les racines se développent en profondeur, il entre en croissance active et devient très compétitif. Le choix se porte alors rapidement sur les légumineuses comme espèces associées. En effet, les légumineuses ont une installation plus lente avec une croissance retardée par rapport au colza. Cela limite la compétition pour l’eau, la lumière et les éléments nutritifs. Par la suite, cette compétition aura tendance à forcer les légumineuses à assurer leurs besoins azotés par la fixation symbiotique et optimisera ainsi le fonctionnement de l’association. Enfin, les légumineuses et le colza présentent des systèmes racinaires complémentaires.
Les autres espèces, non légumineuses, sont à éviter à cause de leur production de biomasse et de leur effet pompe à nitrates. Les plantes associées doivent impérativement être détruites durant l’hiver pour éviter la concurrence au printemps. On cherchera alors des légumineuses sensibles au gel qui pourront restituer une partie de leur azote au colza.
Conditions de réussite
Avant de se lancer dans cette technique, l’exploitant doit impérativement analyser la situation de départ. Notamment éviter cette technique sur les parcelles à risque élevé en adventices, surtout en dicotylédones à levée précoce. Sur les parcelles à fort reliquat azoté, le colza peut dans bien des cas assurer seul la fonction de concurrence contre les adventices. Sur les parcelles à faible disponibilité en azote, les effets des plantes associées sont mieux valorisés. L’apport de fertilisants organiques aura alors un effet bénéfique sur la croissance du colza et donc sur sa moindre sensibilité vis-à-vis des adventices.
Préparation du sol
Plus le lit de semis sera propre, plus l’implantation de l’association sera rapide et plus les mauvaises herbes seront tenues en échec. Le labour permet d’obtenir le lit de semis le plus propre, suivi des techniques de travail du sol simplifié, avec un gradient qui va du chisel au semis direct, en passant par le strip-till.
Implantation
La date de semis de l’association se fera à la même date que lors d’un semis d’un colza seul. Néanmoins, il faut privilégier les implantations jusqu’au 25 août. Les implantations plus tardives, dès le 1 er septembre, limitent rapidement la croissance des légumineuses et pénalisent les conditions de réussite. La densité de semis sera la somme des densités du colza et des espèces associées. Il est important de respecter la densité du colza et de se référer à la densité habituelle. La surdensité peut être encore plus préjudiciable qu’en colza seul.
Techniques de semis
Il existe deux modes de semis principaux avec chacun leurs avantages et inconvénients.
Le semis en un seul passage permet d’implanter le colza et les engrais verts gélifs en une fois. La couverture du sol sera très bonne et influencera positivement la concurrence contre les adventices. Par contre, cette technique nécessite de mélanger soi-même l’association au préalable. Le semis en deux passages maximise l’effet de concurrence. Lors du dernier passage de préparation de la parcelle, on peut mettre en terre les plantes compagnes, puis le colza, avec le semoir monograine, ceci dans un laps de temps assez rapproché, au maximum deux jours d’intervalle. Les graines, que ce soit le colza ou l’association, doivent impérativement être en contact avec le sol. Il n’est pas recommandé de faire des semis à la volée pour l’association. L’implantation n’est pas assez régulière.
Mélange associé recommandé
Semences UFA recommande le mélange UFA Colza Fix éprouvé dans la pratique. Il contient principalement des légumineuses: trèfle d’Alexandrie, poisette d’été, lentille fourragère, et gesse fourragère. Le mélange est complété par du guizotia et du sarrasin. La densité recommandée est de 30 kg/ha. En associant ces espèces, cela assure la réussite, tout en répartissant les risques.
Interventions de rattrapage
L’objectif est bien entendu de ne pas y avoir recours, mais dans certaines situations, cela peut devenir nécessaire, au risque de trop prétériter la culture. Contre les repousses de céréales, la réflexion sera la même que pour un colza seul. Les produits sont sélectifs. Des rattrapages en post-levée sont possibles dès le stade 4 à 6 feuilles du colza, mais avec une efficacité restreinte sur les dicotylédones. En sortie d’hiver, différentes matières actives sont disponibles, mais là aussi l’efficacité est limitée. Le mot d’ordre est d’observer sa culture et de réagir rapidement si nécessaire.
Gestion de la fumure et des ravageurs
La technique du colza associé n’a pas d’influence sur la gestion de la fumure et des ravageurs. Celle-ci se raisonne comme pour un colza seul.
Essais et recherche
Le colza associé est une technique qui fonctionne, mais qui doit absolument être bien réfléchie. Côté rendement, des essais en bande ont montré que le potentiel du colza n’était pas affecté si la pression des mauvaises herbes sur la parcelle était faible. Ceci est encourageant, d’autant plus que différents travaux de recherche sont en cours afin d’affiner la technique et de définir plus précisément les critères de réussite.
AuteurLukas Aebi, Semences UFA, 1510 Moudon