En bref
– Un essai à grande échelle sur plusieurs sites a montré que les engrais verts en mélange produisent plus de biomasse que leurs composants individuels.
– A durée de croissance égale, la quantité de biomasse produite dépend de la date de semis et du site.
– Les mélanges d’engrais verts contribuent à la fertilité du sol et peuvent aider à économiser les engrais et les produits phytosanitaires.
La part d’humus d’un sol arable diminue naturellement avec le temps en raison des cultures qui le consomment, du travail intensif du sol et de son érosion. Pour lutter contre une perte de fertilité, il est utile d’intégrer des engrais verts dans la rotation. Adaptés au site, ils peuvent produire beaucoup de biomasse sur une courte période végétative et être intégrés de manière optimale dans la planification de la rotation des cultures. Ils fournissent ainsi de la matière organique au sol. Après leur mort, ils contribuent à la formation d’humus et à l’amélioration de la fertilité du sol.
Essai avec des engrais verts
Afin de déterminer quelles espèces en culture pure et quels mélanges d’engrais verts présentent un développement juvénile rapide et compétitif en surface et en sous-sol, Semences UFA a lancé un essai pluriannuel à l’été 2021 sur différents sites. En collaboration avec trois écoles d’agriculture, jusqu’à 150 engrais verts différents, en mélanges et variétés pures, ont été semés sur les exploitations du Strickhof (ZH), de l’Inforama Rütti (BE) et d’Agrilogie Grange-Verney (VD). Les données relatives à l’évolution de la biomasse ainsi que la capacité à éliminer les espèces végétales indésirables ont été régulièrement recueillies.
Sur les différents sites, le semis de toutes les parcelles expérimentales a été effectué à trois dates distinctes : mi-juillet, mi-août et mi-septembre. Il s’agissait donc d’étudier l’avance de croissance d’un mélange, ou d’un de ses composants, lorsqu’ils sont semés plus tôt.
Plus de succès pour les mélanges
Sur le site du Strickhof, environ quatre semaines après le semis, les mélanges ont atteint en moyenne plus de 20 % de couverture du sol en plus par rapport aux composants individuels. Cela montre que les différentes espèces végétales se développent mieux lorsqu’elles sont mélangées. L’avantage ici est que l’offre en nutriments du sol peut être mieux mise en valeur par des plantes de différentes familles ayant des exigences différentes. Une population végétale hétérogène, c’est-à-dire mélangée, a un enracinement plus dense et plus profond. Outre les différences morphologiques et physiologiques entre les espèces, la concurrence pour les nutriments et l’espace joue un rôle essentiel dans l’enracinement du sol. Ainsi, les mélanges atteignent différents horizons pédologiques. Les plantes à enracinement profond telles que le lupin ou le tournesol, par exemple, préviennent fortement le risque de compactage du sous-sol. Avec l’apport de légumineuses, un mélange d’engrais verts peut en outre enrichir la couche supérieure du sol en azote atmosphérique pour la culture suivante. Cela permet d’économiser de l’engrais par la suite.
Les plantes à enracinement profond préviennent le risque de compactage du sous-sol
Certains mélanges comme Beta Fit, UFA Lepha et UFA Legu Fit ainsi que UFA Winter Fit se sont particulièrement démarqués, car ils présentaient une forte couverture du sol (plus de 80 %) après six semaines, et ce indépendamment du site. Un développement juvénile très rapide a été observé avec les mélanges UFA Delta, UFA Winter Fit et le mélange vesces-avoinepois. Ces derniers ont atteint une couverture du sol de plus de 20 % déjà seulement deux semaines et demie après le semis.
Choix d’un mélange adapté au site
Tous les mélanges n’ont pas atteint une telle couverture du sol. Par exemple, un mélange expérimental composé de radis chinois, de moutarde jaune et d’avoine de printemps a atteint une couverture du sol de 25 % au bout de quatre semaines sur le site du Strickhof, alors qu’il a atteint une couverture du sol de plus de 80 % sur une parcelle à Moudon (VD). Cette observation souligne l’importance du choix d’un mélange adapté au site. Il convient de tenir compte de la nature du sol et des conditions météorologiques locales. Il faut également tenir compte des incompatibilités de rotation, par exemple des légumineuses à graines qui se succèdent sur la même parcelle.
La bonne date de semis
Outre l’influence du site, les essais ont permis d’observer que la date de semis joue un rôle élémentaire dans le développement juvénile des mélanges d’engrais verts testés. Concrètement, cela signifie que la quantité de biomasse produite dans un laps de temps donné varie en fonction de la date de semis. Ainsi, les composants individuels comme la phacélie, le lin oléagineux et l’a voine maigre avaient jusqu’à quatre fois plus de masse selon la date de semis. Les mélanges se montrent flexibles face aux conditions de croissance variables et présentent un potentiel plus élevé de suppression des mauvaises herbes en cas de durée d’implantation plus longue. Ceci parce que les différentes espèces de plantes permettent d’utiliser de manière optimale les facteurs de croissance que sont la lumière, l’eau et les nutriments.
Stefan Lüthy Product Manager Engrais verts, Semences UFA
Revue UFA : Avez-vous constaté quelque chose de particulier lors de ces essais sur les engrais verts ?
Stefan Lüthy : Oui, l’essai a reconfirmé que l’engrais vert ne gèle parfois pas complètement, voire pas du tout, lorsque le semis a été effectué tardivement. Dans l’essai, il s’agissait du 15 septembre.
Y a-t-il une explication au fait que les plantes ne gèlent pas ?
Oui, les jeunes plantes en pleine croissance sont nettement plus robustes. Elles résistent donc à des températures basses. Plus la plante est âgée, plus elle est vulnérable. C’est pourquoi il ne faut pas attendre trop longtemps avant de semer.
Le mélange est-il toujours meilleur, ou y a-t-il aussi de la concurrence en son sein ?
Les mélanges ont été meilleurs, indépendamment du site. Une phacélie par exemple, en semis pur, serait rapidement mise en réserve si elle devenait trop grande. Mais elle n’a pas poussé aussi haut. Il y a naturellement des plantes qui disparaîtraient dans un mélange et c’est pourquoi elles n’y figurent pas.
Un mélange ne demande-t-il pas plus de travail ?
Non, si le mélange est correctement constitué. Dans lecas d’un mélange avec de la moutarde, celle-ci ne doit pas arriver à la floraison, monter en graine et poser des problèmes à la culture suivante. On choisit donc une moutarde à maturité tardive.
Quel exemple d’avantage direct pourrait-on donner ?
Prenons par exemple les mélanges semi-gélifiants de trèfle d’Alexandrie et de trèfle incarnat. Ici, le trèfle d’Alexandrie gèle, se décompose pendant l’hiver et nourrit le sol. Le trèfle incarnat forme cependant une couverture verte jusqu’au printemps. Il fournit de l’azote via ses nodosités, supprime les mauvaises herbes et protège de l’érosion, ce dont profite le maïs qui est semé ensuite.