Il est plus important que jamais de couvrir le plus possible les besoins en matières premières par la production indigène. Il faut agir avec prudence et suivre attentivement la demande. Les recommandations culturales de fenaco GOF pour la production de céréales, oléagineux et matières premières fourragères constituent depuis plusieurs années un outil d’aide à la décision.
Cette année, des nouveautés arrivent dans le système Maxi, un instrument du groupe fenaco-LANDI qui a fait ses preuves depuis longtemps déjà dans la commercialisation des matières premières indigènes. fenaco GOF a revu le système et les recommandations culturales pour les centres collecteurs et les producteurs·trices.
Joseph von Rotz« Le potentiel de production de nombreuses cultures est actuellement inexploité. »
Suivre la demande
« En termes de qualité et de quantité, l’offre de l’agriculture productrice devrait s’aligner sur la demande indigène », déclare Joseph von Rotz, responsable opérationnel ad interim de fenaco GOF. Les centres collecteurs Maxi sont donc chargés de faire coïncider au mieux l’offre avec les possibilités d’écoulement. Le potentiel de production de nombreuses cultures est actuellement inexploité. La demande en oléagineux (tournesol, colza, soja), en blé fourrager, en maïs grain et en féverole dépasse nettement l’offre.
Objectifs concrets pour le blé panifiable
fenaco GOF a revu les recommandations culturales pour le blé panifiable Suisse Garantie de la récolte 2023. Des objectifs quantitatifs concrets par classe de qualité et centre collecteur ainsi que des réflexions logistiques forment une base transparente pour les recommandations culturales individuelles. En outre, les possibilités et les besoins des centres collecteurs et des exploitations agricoles doivent être intégrés dans les décisions de production avec les producteurs·trices. « Les centres collecteurs s’adressent aux productrices et producteurs de façon à ce que la planification de leurs cultures corresponde aux besoins du marché. Ils augmentent ainsi leurs revenus si l’on considère l’ensemble de la rotation des exploitations », affirme Joseph von Rotz. Les écarts par rapport aux quantités cibles n’auront pas d’incidence financière pour la récolte 2023, même si une gestion active des quantités avec des conséquences financières est prévue ultérieurement. « C’est actuellement déjà le cas pour les oléagineux, ce qui nous permet d’aligner encore mieux la production sur la demande effective », explique Joseph von Rotz. Les quantités de toutes les spécialités, telles que le blé biscuitier, le seigle et l’épeautre, continuent d’être régies par des contrats de production.
Bio : maigre bilan pour 2021
La production bio a aussi souffert en 2021. Selon Bio Suisse, il y a moins de céréales sur le marché que l’an passé. La part indigène a reculé à 48 % pour les céréales panifiables (−17 %) et à 59 % pour les céréales fourragères (−22 %). En outre, la majorité des céréales panifiables ont affiché des teneurs en protéines relativement faibles. Pour le seigle, presque toute la récolte a dû être écoulée en tant que seigle fourrager en raison de temps de chute bas. Les conditions météorologiques, principales responsables de cette situation compliquée, ont été particulièrement rudes pour le maïs grain : seule la moitié des quantités 2020 a été livrée aux centres collecteurs. Concernant les oléagineux, tant le tournesol que le colza ont fourni des rendements décevants. Seul un tiers des quantités contractuelles planifiées de colza a été livré aux centres collecteurs. Les fabricants de tofu ont néanmoins pu profiter d’une récolte de soja réjouissante, tant en termes de qualité que de quantité.
Progression du bio
Mais qu’en est-il aujourd’hui de la demande pour les cultures bio ? Pour Andreas Rohner, de fenaco GOF, « presque toutes les cultures moissonnées sur les champs bio helvétiques sont demandées ». Toutefois, malgré ces perspectives réjouissantes, il faut ici aussi s’adapter à la demande concrète. Actuellement, on recommande d’augmenter en particulier les surfaces de tournesol classique et HO, d’avoine alimentaire à flocons, de soja fourrager, de féverole ainsi que de blé panifiable et fourrager. Andreas Rohner précise aussi que la rentabilité de certaines cultures spéciales, comme l’avoine à flocons, le tournesol et les légumineuses, doit encore progresser par rapport à celle d’autres cultures.
Andreas Rohner« Presque toutes les cultures moissonnées sur les champs bio helvétiques sont demandées. »
Recommandations pour les céréales fourragères et panifiables bio
Pour Andreas Rohner, les surfaces de blé panifiable ont encore du potentiel. L’épeautre jouit aussi de bonnes perspectives commerciales et toutes les variétés d’épeautre de la liste bio peuvent être commercialisées. En revanche, les surfaces de seigle ne devraient être que légèrement augmentées. « Le blé fourrager indigène, y compris celui de reconversion, reste extrêmement recherché », relève Andreas Rohner. Concernant le maïs grain, il est important que les exploitations, notamment celles en reconversion, planifient leurs surfaces avec modération et misent davantage sur les légumineuses à graines. Parmi les cultures associées, on recommande surtout la combinaison pois-orge, qui permet de favoriser aussi la culture de pois. Andreas Rohner ne voit en revanche qu’un faible potentiel commercial pour le triticale et l’a voine fourragère de reconversion.
Recommandations variétales en bio
Blé panifiable : Rosatch (très résistante, barbue, teneur en protéines élevée), Montalbano (barbue et productive), Baretta (productive, pour les sites bien approvisionnés en azote) et CH Nara (ne figure pas sur la liste officielle des variétés bio à cause de ses pailles très courtes mais est bien prise en charge par les moulins). Diavel (barbue, performante comme blé de printemps) et Wiwa (variété leader de la sélection GZPK).
Blé fourrager : Poncione et Spontan (variétés productives) qui devraient remplacer Ludwig.
Epeautre : toutes les variétés de la liste du FiBL / Bio Suisse (bioactualites.ch).
Informations sur les semences, les variétés et les possibilités de culture sur www.semencesufa.ch et dans le catalogue des semences UFA.
Perspectives pour les oléagineux bio
Tous les oléagineux bio sont soumis à des contrats de production avec les centres collecteurs. Certains centres Maxi se voient assigner des quantités et attribuent des contrats de production. L’orientation future du système Maxi prévoit de favoriser fortement le marché du tournesol bio en coordination avec les acheteurs d’oléagineux, mais aussi de poursuivre la culture sous contrat de colza, un oléagineux précieux. En production biologique, le tournesol offre une meilleure sécurité de rendement que le colza et permet donc une meilleure planification. Pour la récolte 2023, il est prévu d’augmenter la surface de tournesol (de type « classique » et « HO ») d’au moins 100 à 200 hectares rien que dans le cadre de la culture sous contrat Maxi.
Un mécanisme bien huilé
Il faut aussi garder en tête que les recommandations culturales dans le système Maxi de fenaco GOF jouent un rôle important pour la sécurité de l’approvisionnement en Suisse. Elles diminuent aussi la dépendance vis-à-vis des importations. Les réserves stratégiques constituent en outre un élément important du système. Elles ont par exemple permis de compenser en grande partie la faible récolte 2021. Elles ont aussi pour effet d’atténuer les fluctuations de prix en faveur des consommatrices et consommateurs suisses.