Céréales bio
En grandes cultures bio, et notamment en ce qui concerne les céréales, la gestion de l’azote est un défi à prendre au sérieux. Les engrais de ferme, le digestat, le compost et les engrais organiques du commerce sont autant de moyens contribuant à subvenir aux besoins des plantes. Mais encore faut-il les utiliser au bon moment et de manière raisonnée. La pression écologique augmente toujours d’avantage, même pour l’agriculture bio, et ne permet pas de faire n’importe quoi. La disponibilité des ressources doit faire partie intégrante de la réflexion au niveau de la fumure azotée d’une exploitation agricole bio.
Le cycle des éléments nutritifs d’une exploitation agricole bio diffère selon qu’elle détient du bétail ou ne dispose pas d’engrais de ferme. Pour une exploitation élevant du bétail, il est plus facile de maintenir une bonne fertilité du sol, ce qui n’est pas forcément le cas d’une exploitation sans bétail. Pour cette dernière, dynamiser l’activité biologique du sol passe notamment par des apports de matière organique (MO). Une analyse de terre régulière permet de vérifier l’état général du sol. Cette analyse permet également de planifier un chaulage en cas de pH du sol défavorable.
Fertilisation des céréales
L’industrie alimentaire a besoin de céréales panifiables de qualité. Il est par conséquent important de penser à la fumure et au précédent cultural. Les prairies temporaires ou les légumineuses à graines sont les meilleurs précédents. Après un maïs grain, il faut par contre éviter de cultiver du blé panifiable ou fourrager en raison des besoins élevés en azote nécessaires à la décomposition des résidus de récolte et de l’augmentation du risque de fusariose. Pour atteindre une bonne qualité, il est nécessaire d’apporter 70-120 unités d’azote par hectare ( tableau 1).Les besoins en azote des espèces de céréales dépendent avant tout des objectifs et potentiels de rendements prévus et sont dans l’ordre décroissant: Blé > orge/triticale > avoine > épeautre/ seigle > amidonnier/engrain.
Assimilation
Comme mentionné dans un précédent article intitulé «Engrais Organiques: rendements et qualités» paru dans l’édition du mois d’octobre 2017 de la Revue UFA, les engrais organiques du commerce (EOC) et les engrais de ferme se distinguent par leur coefficient de minéralisation (plus le coefficient de minéralisation est faible, plus l’apport devra se faire rapidement). On parle aussi du rapport C/N (carbone/azote): plus ce rapport est faible et plus l’azote sera rapidement assimilable. Cet indicateur permet d’évaluer globalement l’évolution de la matière organique apportée et en particulier son potentiel d’apport en azote aux cultures. Le tableau 2indique le rapport C/N de divers produits ainsi que leur coefficient de minéralisation. Les EOC sont commercialisés soit en bouchons (pellets) ou sous forme fractionnée compactée. Le bouchon agit un peu moins vite en raison de sa taille. L’assimilation est accélérée par l’humidité et l’incorporation au sol (herse étrille/houe rotative). Selon les conditions, 25 mm de pluie en un seul épisode peut suffire pour les dissoudre, d’où l’intérêt de les apporter tôt.
Important à retenir
Le précédent (légumineuse) influence le rendement et le taux de protéine d’une culture de blé
Les fumures fractionnées « peuvent » jouer sur les deux résultats, rendement et protéine pour le blé
L’état général du sol (structure, pH, MO, fertilité) et l’état physiologique de la céréale détermine plus l’efficacité de l’engrais que la nature de l’engrais elle-même (fientes, plumes, etc.)
L’engrais organique profite autant aux adventices qu’à la culture. Il est donc inutile de sur-fertiliser une culture sale pour qu’elle prenne le dessus, au risque d’obtenir l’effet inverse.
Auteur
Antonin Etter, conseiller en production biologique, 1510 Moudon