Journée suisse des grandes cultures bio
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Frédéric Zosso ne se repose pas sur ses lauriers: production laitière, grandes cultures, installation de biogaz, panneaux solaires, magasin à la ferme, cultures maraîchères, membre du conseil d’administration de la coopérative Progana: toutes ces activités n’ont pas encore réussi à assouvir sa soif d’innovation, et le voilà qui projette de construire un poulailler de ponte.
Nouvelle motivation
A la tête d’une exploitation de près de 90 ha de SAU avec un droit de production de 500 000 kg de lait de fromagerie, Frédéric Zosso s’est reconverti à l’agriculture biologique en 2016. «Il y a plusieurs raisons qui m’ont motivé à faire le pas vers le bio. En conventionnel, j’avais l’impression d’avoir fait le tour de la question et de perdre la motivation pour mon métier.
En plus de cette motivation intérieure, Frédéric Zosso voit beaucoup plus de perspectives dans la production biologique. «En bio, il y a encore de nombreux projets à concrétiser dans la confection de produits transformés. A l’avenir, j’envisage de mieux mettre en valeur mon lait, par exemple en fabriquant du fromage ou des yogourts», explique-t-il. Pour l’instant, tout son lait est écoulé dans le canal conventionnel mais, en tant que lait de fromagerie, il en obtient tout de même un bon prix. Frédéric Zosso a installé un robot de traite en 2005 lors de la construction de sa stabulation.
Large palette de cultures
Jusqu’à présent, la reconversion ne lui a pas posé de grands problèmes. Hormis une forte présence de rumex sur deux parcelles et un champ dans lequel il a fallu enlever le gaillet à la main, tout est sous contrôle. «Cet arrachage manuel a finalement été l’occasion de discuter de différents sujets avec mon père et mon associé et de mieux se connaître», sourit le chef d’exploitation.
Dans les grandes cultures, Frédéric Zosso mise aussi sur un parc de machines performant. Avec plus de 45 ha de terres ouvertes, il n’y a pas de place pour l’amateurisme. La première année de reconversion lui a permis de se faire la main, notamment avec les cultures associées (pois-orge) et le sous-semis dans le colza. Producteur de betteraves avant la reconversion, il aperçoit de nouvelles perspectives avec la réouverture du marché en bio qui se dessine pour cette année. En 2016, il s’est également lancé dans les cultures de légumes en collaboration avec un maraîcher bio, l’objectif étant avant tout d’approvisionner son magasin à la ferme.
La décision d’accueillir la Journée suisse des grandes cultures bio est survenue plutôt fortuitement. Bien qu’habitué à organiser des portes ouvertes chez lui, Frédéric Zosso avait quelques réticences à accepter. «Je suis en deuxième année de reconversion et je ne voudrais pas qu’on me prenne pour un donneur de leçons», explique-t-il. Il a fini par accepter car son domaine, bien placé et offrant une taille suffisante, se prêtait à merveille pour une telle manifestation.
Journée suisse des grandes cultures bio
Quand: jeudi 8 juin 2017 Où: Cournillens (FR) sur la ferme bio de Grand Champ chez Frédéric Zosso
A l’occasion de la journée technique des grandes cultures bio, les organisateurs ont concocté un programme très diversifié. Outre des démonstrations de machines, plusieurs thèmes seront abordés sur différents postes.
Programme du jour
8h30 Ouverture du secteur des exposants, café-croissants dans la tente des fêtes 9h00 Accueil et conférence invitée 9h30 Présentation des postes thématiques 10h30 Démonstration de machines dès 11h30 Apéritif et repas de midi 13h30 Présentation des postes thématiques 15h30 Démonstration de machines 17h00 Fin de la manifestation
Postes thématiques
Céréales: essais variétaux pour le blé, cultures alternatives au blé Oléagineux: fertilisation, semis de couverture, lutte contre les ravageurs Pommes de terre: techniques de plantation, de désherbage et de protection phytosanitaire Cultures associées: association de différentes cultures Cultures fourragères: mélanges Bio, fertilisation Cultures printanières: techniques agricoles et marché; carottes, betteraves, lin, millet, quinoa Désherbage: démonstration de machines, robot de désherbage Fertilité du sol: structure, matière organique, activité biologique Energie/Engrais de ferme: production d’énergie sur la ferme, utilisation des engrais de la ferme Biodiversité: mesures de biodiversité et leur utilité
La demande en produits bio reste importante
2017 sera une année record pour les reconversions en bio. Parmi les exploitations en reconversion, la part de celles qui pratiquent surtout des grandes cultures est particulièrement élevée. Le marché est-il en mesure d’absorber cette production?
La demande en denrées agricoles bio produites en Suisse augmente depuis plus de dix ans. Pour répondre à cette tendance et parvenir ainsi à couvrir les besoins en matières premières bio d’origine suisse, il faut davantage de surfaces de grandes cultures bio. En ce qui concerne les céréales panifiables par exemple, la part de la production indigène n’est que de 35%. Le blé, l’épeautre et le seigle continuent à bénéficier d’une excellente demande.
Céréales et oléagineux
Le marché des produits d’origine animale bio continue à croître. Le marché de la viande bio affiche une croissance supérieure à celui du lait bio. Le marché des œufs bio est le marché le plus développé et continue à croître. Les besoins en aliments composés augmentent parallèlement à l’accroissement des effectifs animaux. Dès la première année de reconversion, les céréales fourragères peuvent être commercialisées au prix indicatif bourgeon. En ce qui concerne l’orge et l’avoine, les besoins indigènes sont couverts. En cas de récoltes abondantes et d’une extension trop importante de ces deux cultures, des problèmes d’excédents ne sont pas exclus, avec toutes les conséquences qui en découlent au niveau des prix. La prudence est donc de mise pour l’orge et l’avoine bio. En ce qui concerne le blé fourrager et le maïs grain, la part indigène est en revanche inférieure à 20%. Ces cultures sont donc très recherchées.
La récolte 2016 a permis, pour la première fois, de couvrir les besoins en oléagineux bio indigènes. Bien que le marché progresse, l’intérêt actuel manifesté par les producteurs est supérieur à la demande du marché. Avant de se lancer dans ces cultures, les producteurs intéressés doivent impérativement conclure des contrats de prise en charge.
Davantage qu’une niche
Sucre Suisse SA souhaite prendre en charge 12 000 t de betteraves sucrières bio, soit l’équivalent de 200 ha. Actuellement, les surfaces de betteraves sucrières bourgeon sont encore inférieures à 20 ha. Depuis cette année, Sucre suisse SA soutient la culture de betteraves sucrières bio en accordant une prime de 30 francs par tonne sur le prix de base.
Outre les betteraves sucrières, d’autres grandes cultures bénéficient également d’une progression de la demande et sortent de leur statut de niche. L’avoine alimentaire, le millet ou les courges à huile font partie de ces cultures.
AuteursChristian Hirschi, rédacteur auprès de «Bio Actualités», 5070 Frick Andreas Messerli, Product manager Grandes cultures auprès de Bio Suisse, 4052 Bâle
Informations supplémentairesbioackerbautag.ch
Le présent article est paru au mois de février dans le périodique «Bio Actualités»
Profil de l’exploitation
Zone de plaine, 580 m d’altitude
SAU: 86 ha
Production animale: 70 vaches Holstein et Red Holstein, élevage de la remonte et engraissement de quelques broutards. 2-3 porcs, 25 poules, abeilles
Production végétale: blé 20 ha, maïs grain 9 ha, pommes de terre de sélection 4,5 ha, cultures fourragères 9 ha (pois-orge, féverole, triticale). Légumes en culture intercalaire env. 9 ha (en 2016: brocolis, fenouil, choux de Chine, salade). Env. 45 ha de prairies temporaires et artificielles.
Production fourragère: env. 45 ha de prairies permanentes et artificielles.
Energie: Installation de biogaz de 120 kW, panneaux photovoltaïques 2000 m 2 , panneaux thermiques pour séchoir.
Autres activités: magasin à la ferme, conseil d’administration de la coopérative Progana.
Main-d’oeuvre: chef d’exploitation, son père, associé, apprenti.