Les céréales absorbent entre 20 et 28 kg de soufre par hectare. Contrairement aux crucifères (p. ex. colza), le blé, comme l’ensemble des céréales, est considéré comme une espèce dont les besoins en soufre sont modérés. Pour produire 60 q / ha, un blé mobilise de l’ordre de 24 kg S / ha. La cinétique d’absorption du soufre au cours du cycle de développement du blé est analogue à celle de l’azote. L’essentiel du prélèvement de soufre a donc lieu pendant la montaison. Le soufre disponible dans le sol suffit généralement à assurer les faibles besoins de la culture jusqu’au stade épi 1 cm.
Une dynamique dans le sol proche de celle de l’azote
Comme l’azote, le soufre est présent dans le sol essentiellement sous forme organique. Il est donc soumis aux processus de minéralisation. Comme pour l’azote, la teneur en soufre total du sol n’est pas un indicateur de sa disponibilité pour les cultures. En conditions de sol aéré, la minéralisation du soufre organique aboutit à la forme sulfate, très sensible au lessivage. Par conséquent, un apport fractionné de soufre au printemps au plus proche de l’absorption des cultures est la meilleure garantie d’une assimilation rapide, tout en minimisant les pertes. En général, les apports de soufre en automne sont exposés au lessivage hivernal et sont déconseillés. Une partie du soufre se trouve également adsorbée sur certains constituants du sol : oxydes, matières organiques… Elle peut constituer une réserve de soufre disponible à court terme pour les cultures.
Les conditions à risques
Le risque d’une carence importante en soufre existe sur tous les sols légers, après des précipitations importantes et sur des sols à faible structure ainsi que dans toutes les conditions entravant un bon développement racinaire (p. ex. sol compacté). L’application raisonnée d’engrais sous forme de sulfate au printemps garantit un apport suffisant de soufre sur toute la période de végétation. Par ailleurs, les apports organiques fréquents ou les apports de soufre sur le précédent cultural contribuent à limiter le risque.
Ne pas attendre l’apparition des symptômes
La carence en soufre est parfois difficile à distinguer d’une carence en azote, à laquelle elle pourrait être liée. Les symptômes d’une carence en soufre sont le jaunissement des jeunes feuilles, conséquence d’une faible production de chlorophylle. La croissance est généralement plus faible.
Pour les céréales, le nombre des talles est réduit. En général, il ne faut pas attendre l’apparition de symptômes marqués pour apporter du soufre, sous peine de pertes de rendement significatives, pouvant être supérieures à 10 q / ha.
Ainsi, l’apport préventif en fonction du risque évalué est la meilleure stratégie. Les carences sans symptôme sont beaucoup plus fréquentes que les carences prononcées.
La carence en soufre est parfois difficile à distinguer d’une carence en azote.
Engrais soufrés
Les engrais soufrés disponibles sur le marché contiennent le plus souvent du soufre sous forme de sulfate, associé à un ou plusieurs autres éléments tels que l’azote, le phosphore, le potassium ou le magnésium. On trouve également du soufre sous forme élémentaire ou thiosulfate. Ces trois formes ont des efficacités voisines. Toutefois, les deux dernières impliquent une mise à disposition du soufre légèrement différée : elles ne sont pas absorbables directement par les cultures, car une transformation en sulfate par voie microbienne est d’abord requise.
Soufre en fertilisation foliaire
Lorsqu’il s’agit uniquement de couvrir des pics de besoins en soufre ou de prévenir des carences latentes, une fertilisation foliaire est conseillée, avec Sulfomag ou Azos par exemple. Avec cette stratégie, les engrais foliaires sont immédiatement assimilables par les plantes. En plus de cela, ces applications peuvent être combinées avec des mesures de protection des plantes.
Notre conseil
Combiner azote et soufre
L’absorption du soufre par la plante permet une meilleure valorisation de l’azote. C’est la raison pour laquelle la combinaison des apports d’azote et de soufre s’avère optimale. Cette stratégie permet en outre d’assurer l’approvisionnement en soufre jusqu’au début de la minéralisation du soufre dans le sol, qui intervient en mai-juin.