La biofumigation est une méthode naturelle pour lutter contre les agents pathogènes du sol et les nématodes (voir encadré). Cette méthode a émergé il y a une vingtaine d’années en Australie. Depuis 2004, sept symposiums internationaux ont été organisés afin de faciliter l’échange d’informations sur cette thématique. Initialement prévue en mars 2020 en Suisse, la dernière édition s’est déroulée en ligne ce printemps. Pour la première fois, on a également abordé le sujet des plantes qui ne sont pas utilisées pour la biofumigation.
Recherche appliquée aux Etats-Unis
Bien qu’un symposium ait pour but principal l’échange entre scientifiques, l’édition de cette année a également offert des conférences extrêmement intéressantes pour la pratique. L’intervention de Robert (Bob) Larkin, un chercheur du service de recherche agricole américaine, a retenu toute notre attention. Il étudie depuis plus de 20 ans la santé du sol dans l’Etat du Maine, une région aux conditions climatiques comparables à celles de la Suisse. Il a présenté des essais sur la lutte contre les maladies transmises par le sol dans la culture de pommes de terre. Depuis 2004, il teste sur des champs de producteurs l’utilisation de divers engrais verts, rotations et cultures dérobées. Il étudie principalement leur effet contre le rhizoctone brun (Rhizoctonia solani) et la gale commune (Streptomyces scabies), des maladies également fréquentes en Suisse.
Effet direct et indirect
Dans ses essais, Bob Larkin a cultivé des plantes utilisées pour la biofumigation (moutarde, sorgho du Soudan), ainsi que des engrais verts, cultures dérobées et grandes cultures classiques (ray-grass, sarrasin, colza, maïs, haricots). Les plantes utilisées pour la biofumigation n’étaient pas les seules à être efficaces : certaines plantes qui ne libéraient aucune substance toxique ont également produit des effets. L’action de ces plantes repose sur la stimulation des microorganismes du sol, qui réduisent à leur tour les agents pathogènes présents dans le sol. Ainsi, la quantité de biomasse incorporée devrait être la plus importante possible afin de stimuler au mieux ces microorganismes.
L’action de ces plantes repose sur la stimulation des microorganismes du sol.
L’enfouissement n’est pas une obligation
La culture sans labour étant l’une des stratégies adoptées par Bob Larkins pour améliorer la santé du sol, ce-lui-ci a étudié l’importance de l’enfouissement des plantes dans le sol. Il s’est avéré que plusieurs espèces de plantes ont amélioré le rendement des pommes de terre et réduit les cas de maladies, même sans enfouissement. D’un point de vue économique, il a également étudié l’effet des cultures dont une partie de la biomasse aérienne est récoltée. Même dans ce cas de figure, certains effets se faisaient sentir. Toutefois, dans les deux cas, l’efficacité était moins grande que lorsque les plantes sont incorporées. L’effet des plantes utilisées pour la biofumigation sans enfouissement dans le sol est un sujet intéressant, qui a également été abordé par Matthew Back, chercheur en nématologie à la Harper Adams University, en Angleterre.
Rotations équilibrées et variées
Bob Larkin a également étudié les rotations sur plusieurs années. A noter que dans le Maine, la rotation classique pour la culture de pommes de terre dure deux ans, en alternance avec l’orge et le trèfle. L’augmentation des rendements de pommes de terre, qui a atteint jusqu’à 50 % grâce à l’utilisation d’engrais verts ou de cultures dérobées, n’est donc pas transposable à la Suisse.
Recommandations
Bob Larkin a conclu son exposé avec les recommandations suivantes :
- L’effet des engrais verts (incorporés dans le sol) est toujours plus important que celui des cultures dérobées (non incorporées).
- C’est en utilisant des plantes pour la biofumigation que la santé du sol est le plus favorisée.
- Ces mesures seules ne suffisent pas pour éliminer entièrement les maladies transmises par le sol ; elles doivent être complétées par d’autres méthodes.
Principe de base de la bio fumigation
La biofumigation est une méthode basée sur la culture d’espèces végétales spécifiques, qui, une fois enfouies dans le sol, libèrent des gaz toxiques. Ceux-ci se propagent alors dans le sol et tuent les agents pathogènes et les nématodes. Le désavantage de cette méthode naturelle est qu’elle n’est pas ciblée et que des organismes du sol utiles peuvent également être tués (ce qui est aussi le cas lors de la stérilisation du sol avec de la vapeur). Une fiche technique et une vidéo sur la biofumigation sont disponibles sur le site www.best4soil.eu.
Les exposés du Biofumigation 7 Symposium sont disponibles sur la chaîne YouTube d’Agroscope.
www.youtube.com ➞ Recherche ➞Agroscopevideo ➞Playlists➞7th Biofumigation Symposium
L’intervention de Bob Larkin est sous-titrée en français et en allemand.