Gelées tardives
Selon les régions et les sites, les vignes ont été touchées de manière diverse par les gelées tardives en 2017. Dans les régions au climat plus doux on observe que les bourgeons poussent normalement. Là où les sarments gelés sont taillés, on peut espérer jusqu'à 30% de compensation.
Développement de la vigne
Pour les vignes n'ayant pas subi de dégâts dus au gel, le rendement dépend de la taille et de la sélection. Le développement de la vigne est basé sur le système de culture. Cela signifie que les jeunes pousses provenant des yeux secondaires, mais également des yeux principaux trop proches l'un de l'autre et les gourmands, sont éliminés. Ainsi, l'énergie nécessaire à la croissance bénéficie aux pousses restantes contenant le raisin le plus robuste.
L’objectif prioritaire du traitement des vignes ayant subi des dégâts consiste à assurer le développement de la vigne l'année suivante. Sur les vignes fortement touchées, les yeux dormants bourgeonnent sur pied en masse. Ces tiges secondaires ne présentent cependant pas un rendement aussi important que les pousses de première génération, et leur raisin mûrit également moins bien.
En fonction de l'importance des dégâts, chaque pied de vigne doit faire l'objet d'une nouvelle évaluation. Les pousses non endommagées des bourgeons principaux et secondaires avec leurs grappes peuvent être laissées, même s'il s'agit de doubles tiges. Les pousses stériles provenant des yeux secondaires ou de gourmands doivent subsister, pour autant qu'elles disposent de suffisamment de place. Elles fournissent leurs assimilas en grande partie aux raisins de la pousse voisine ou constituent des réserves pour l'année suivante. Néanmoins, il convient d'avoir le courage d'éliminer les gourmands et les pousses chétives qui ne poussent pas correctement. Ceux-ci puisent en effet de manière inutile dans les réserves de nutriments, entravent les traitements phytosanitaires et, lors de la taille suivante, font perdre la vue d'ensemble.
Fumure en cas de gel
Jusqu'à la floraison, la vigne n'absorbe pas l'azote du sol. Elle pousse à partir des réserves emmagasinées dans son bois. A partir de la floraison, les substances nutritives sont puisées dans le sol. Juste après la floraison, la vigne commence à emmagasiner ses assimilas sous forme de substances de réserve. Dès la fin juin, les ébauches de bourgeons sont prêtes pour l'année suivante. Ainsi, les conséquences de la fumure azotée ne seront perceptibles que l'année suivante. Une fumure équilibrée est indispensable pour la santé et la vitalité de la vigne mais également pour la qualité du raisin et du vin. Tant les surplus que les carences sont à éviter.
La vigne puise 60 à 100 kg de N/ha dans le sol au cours de la période de végétation. Plus de la moitié de l'azote se trouve dans les feuilles et le bois et, pour l'essentiel, reste sur le vignoble. Avec le raisin, et selon le rendement obtenu, seuls 20 à 40 kg de N/ha sont exportés du vignoble. En conditions normales, remettre cette quantité suffit. La variété et la vigueur de la croissance déterminent tout apport supplémentaire ou inférieur. De manière générale, la fumure azotée doit être adaptée au rendement. Lorsque le rendement est juste un peu inférieur à la moyenne en raison de dégâts dus au gel, il convient alors de diminuer la fumure azotée en conséquence, voire éventuellement de la supprimer totalement.
Une fumure azotée trop importante conduit à une croissance excessive de la vigne, une sensibilité accrue aux maladies telles que le mildiou et le botrytis, ainsi qu'à une plus grande charge de travail. La fumure ne doit toutefois pas non plus être trop faible. Une carence en azote dans le raisin diminue finalement la qualité du vin. Qu'elles soient jeunes ou anciennes, les vignes doivent systématiquement bénéficier d’une fumure à base de nitrate d’ammoniaque. Pour les autres vignes, il convient d'attendre jusqu'à ce que le rendement puisse être estimé. Afin de pouvoir réagir rapidement sur le rendement actuel, utiliser, en application en surface, un engrais azoté à action rapide. L'autre alternative consiste à utiliser de l'urée perlée en solution de 0,8 à 1% ou d'autres engrais azotés liquides avec un produit phytosanitaire. Pour un rendement attendu de, par exemple, 300 g/m 2 , on peut appliquer 4 kg d'urée (1,84 kg N/ha) pour 400 litres à l'hectare sous forme de traitement foliaire en solution à 1%. Les besoins totaux de 9 kg/ha sont couverts avec cinq applications.
Les engrais foliaires ayant un effet bénéfique sur l'équilibre hormonal de la vigne (Hasorgan Profi) et renforçant la capacité de résistance de la plante (Phosfik) peuvent être judicieux dans certains cas. Il convient également de ne pas renoncer à un apport de magnésium, même en cas de faible rendement, car un bon apport de magnésium permet de prévenir le dessèchement de la rafle.
Freiner la croissance
Que faire lorsque l’engrais azoté a déjà été épandu et que la vigne présente une croissance trop vigoureuse? Afin de freiner la croissance de la vigne, laisser l'herbe pousser dans le vignoble au lieu de désherber. Un enherbement estival important permet de contrer un surplus d'azote. Le travail du sol devrait être maintenu au strict minimum, afin d'éviter une minéralisation et donc une mobilisation de l'azote.
AuteurHeinz Mathys, Service technique Landor, 4127 Birsfelden