Le printemps arrivant à grands pas, la question de la fertilisation se posera rapidement, comme c’est le cas pour l’agriculteur Daniel Frei, qui gère une exploitation de grandes cultures sans bétail. Ses stocks d’engrais minéraux sont plus faibles que les années précédentes, car il n’a acheté que le strict nécessaire en raison des prix élevés de l’automne dernier.
Améliorer l’efficience
Daniel Frei réfléchit à la manière de réduire les dépenses et de répondre au mieux aux exigences sociales et politiques relatives à une utilisation écologique des engrais. L’une des clés pour y parvenir est d’améliorer l’efficacité des éléments nutritifs sur son exploitation. A cet effet, il souhaite avoir une vue d’ensemble des possibilités. C’est désormais possible plus rapidement qu’auparavant avec la liste gratuite de mesures publiée par Agridea. Les agriculteurs·trices comme Daniel Frei y trouveront des mesures qui leur permettront de choisir des modalités de fumure plus efficientes tout en maintenant les rendements aussi stables que possible.
Couvrir 90 % des besoins des plantes
L’agriculteur saisit donc sur le site Internet les paramètres de production végétale et ceux des grandes cultures. Il obtient alors une sélection de seize mesures. L’une d’entre elles lui saute immédiatement aux yeux : « utilisation efficiente de l’azote », qui consiste à ne couvrir que 90 % des besoins des plantes en azote. Réduire la quantité d’engrais utilisés comporte plusieurs avantages manifestes : cette manière de faire permet d’éviter les excédents et de réduire les coûts tout en augmentant l’efficience de l’azote dans la culture concernée. En effet, l’azote en stock dans le sol, qui a un effet tampon, garantit la sécurité des rendements. Ainsi, avec une fumure bien adaptée, les rendements devraient continuer à se situer entre 90 % et 100 %.
Déterminer la quantité d’éléments nutritifs dans le sol
Pour déterminer où et combien d’azote l’agriculteur doit apporter, il est essentiel de savoir quelle quantité est réellement présente dans le sol à ce moment-là. En effet, après un hiver sec comme le dernier, il se peut que le lessivage des éléments nutritifs ait été faible et que le sol contienne encore beaucoup d’azote. Il décide donc de vérifier ses valeurs empiriques à l’aide d’échantillons de sol Nmin. Il intègre la part d’azote minéral disponible pour les plantes dans son plan de fumure et calcule les apports nécessaires pour chaque parcelle.
L’azote en stock dans le sol, qui a un effet tampon, garantit la sécurité des rendements.
Adapter la rotation des cultures
Une autre mesure qu’il peut envisager est la « rotation des cultures efficiente pour l’azote ». Après s’être informé, Daniel Frei souhaite intégrer cette année des engrais verts avec une part de légumineuses dans la rotation des cultures. En effet, cette espèce végétale est en mesure d’absorber l’azote de l’air et de le mettre à disposition du sol. De plus, la couverture permanente du sol réduit le risque de lessivage des éléments nutritifs et apporte de la matière organique au sol.
Les engrais de ferme – précieux pour les plantes et le sol
Afin d’économiser des engrais minéraux et d’augmenter la fertilité des sols à long terme, l’agriculteur augmente également la part de lisier dans sa fumure. Il peut le faire car il a un contrat d’achat de lisier avec une exploitation laitière. Il se renseigne auprès d’une entreprise de travaux agricoles sur les possibilités existantes. Il apprend que si la rampe d’épandage à socs et l’enfouisseur à lisier sont plus chers que la rampe d’épandage à pendillards, ils ont l’avantage de limiter les émissions d’ammoniac, qui est ainsi immédiatement disponible pour les plantes sous forme d’azote ammoniacal.
Le producteur de grandes cultures dispose maintenant d’une multitude d’idées pour explorer de nouvelles voies dans la gestion de son exploitation, en visant un double objectif : augmenter l’efficacité de l’azote et réduire sa dépendance directe envers les engrais minéraux. En sus des mesures déjà mentionnées, il aimerait encore examiner et essayer d’autres mesures adaptées à son exploitation. Enfin, pour se perfectionner dans ce domaine et échanger avec des collègues, il peut également recourir à des services de conseil.
Liste des mesures concernant les éléments nutritifs
L’objectif de la trajectoire de réduction des émissions d’éléments nutritifs est de réduire les pertes d’azote et de phosphore d’ici 2030. Disponible sur la plateforme de connaissances agricoles Agripedia, la liste de mesures (qui est gratuite) énumère des possibilités d’action spécifiques et des innovations techniques qui aident les exploitations à réduire leurs émissions et ainsi, leur impact environnemental. Visant à informer les services de vulgarisation agricole et les acteurs du terrain, elle contribue à mettre en œuvre la trajectoire mentionnée. Les personnes intéressées peuvent choisir les catégories en fonction de leur branche d’exploitation et faire un tri par domaine.
Sur la page dédiée du site Internet, chaque mesure est brièvement expliquée, son effet par rapport à la trajectoire de réduction des émissions est présenté et des ouvrages complémentaires axés sur la pratique sont cités avec les liens correspondants. Dans l’ensemble, la liste des mesures couvre presque tous les domaines de la production végétale et de la détention d’animaux.
Par ailleurs, le site Internet sert de point d’entrée et de portail pour des recherches approfondies. Actualisé en permanence, il vise à refléter l’état le plus récent de la pratique et de la recherche. A l’avenir, des fiches d’information décrivant en détail les différentes mesures seront également mises à disposition. La liste des mesures est le fruit d’une collaboration interdisciplinaire entre Agridea et certaines organisations partenaires telles que l’Union suisse des paysans (USP).
La liste des mesures (jusqu'à présent seulement en allemand)