En bref
– Supportant mal le gel, les noix ont besoin d’un sol profond.
– Une fois planté, l’arbre donne des fruits après dix ans.
– Pour prévenir les maladies, il s’agit avant tout de privilégier des variétés robustes.
En gravissant les routes sinueuses qui mènent aux plantations de noix de la communauté d’exploitation Meier et Pfister à Altishofen (LU), c’est le terme « idyllique » qui vient spontanément à l’esprit. Ici, le paysage est caractérisé par les arbres fruitiers et les noyers. La Revue UFA a rendu visite au couple formé par Stefan et Sabine Meier début octobre, lorsque la récolte des noix battait son plein.
Une culture de niche adaptée aux conditions régionales
Les familles Meier et Pfister sont liées depuis 1999 par une communauté d’exploitation (CE), la « CE meierpfister ». Dans un premier temps, l’accent avait été mis sur la production de truies et de lait. Un autre pilier est venu s’ajouter en 2011 : les noix. Urs et Eveline Pfister ainsi que Stefan et Sabine Meier souhaitaient se lancer dans une culture de niche adaptée à la Suisse et à la région. Il y a deux ans, un grave accident subi par Stefan Meier a rendu la production de noix encore plus importante pour lui et sa femme. « Je suis considérablement limité au niveau du bras droit », explique-t-il. Cette situation rendant très difficile le travail avec les animaux, il a décidé d’arrêter la production laitière. Lors de la visite de la Revue UFA, les animaux sont déjà presque tous partis. Seules quelques vaches mères portantes profitent encore de la chaleur de l’automne en broutant. A-t-il été difficile pour eux d’abandonner les animaux ? « Très difficile », répond Sabine Meier, visiblement émue.
En fin de compte, ce sont les variétés de noix robustes qui assurent le rendement.
Les noix et leurs exigences
Stefan Meier explique que les noyers ont des exigences moyennes ; cependant, un sol profond et une certaine résistance au gel sont toutefois importants. Au printemps, les noyers sont fertilisés avec de l’azote, du calcium, du magnésium et du sulfure. Ils doivent être taillés différemment des arbres fruitiers. Pendant le développement juvénile, il convient d’effectuer une taille de formation ainsi que de couper certaines pousses et branches chaque année. Les noyers sont-ils sensibles à certains ravageurs ou à certaines maladies ? La mouche du brou du noyer est un ravageur particulièrement nuisible. Avec l’intensification de la production, la pression des maladies augmente, comme c’est le cas pour d’autres cultures. Le champignon Marssonina et la bactériose peuvent alors devenir un problème. En prévention, il est utile de se débarrasser des feuilles mortes, explique Stefan Meier. En outre, la CE utilise des produits contenant du cuivre et de la prêle pour lutter contre eux. En fin de compte, ce sont les variétés de noix robustes qui assurent le rendement. Un gel sévère pendant la floraison peut entraîner une perte totale de la récolte.
Des machines professionnelles pour les spécialistes de la noix
La visite de l’exploitation montre que tout tourne autour des noix. Dans la cour, un grand tambour de lavage est surélevé, sous lequel se trouvent encore les restes de coques du dernier lavage. A quelques mètres de là, dans la grange, se trouvent le tapis de tri et l’installation de séchage. Une fois séchées, les noix sont transportées sur une trieuse qui éjecte par ventilation tout ce qui ne ressemble pas à une noix. Ensuite, une presse à tambour équipée d’inserts en tôle perforée trie les fruits en fonction de leur taille. La CE ne se charge pas elle-même du cassage des noix ; cellesci sont transportées au centre de cassage de Malans (près de Landquart GR). Le processus est géré par la coopérative Swiss Nuss, dont la CE est membre, et qui garantit la prise en charge des noix.
En raison du changement climatique, la floraison tombe à la date des saints de glace.
A la fin de la visite de la grange, Stefan Meier présente la dernière acquisition. C’est une machine à récolter les noix d’une couleur rouge vif qu’il appelle sa Ferrari. Elle vient d’être importée de France, le pays des noix par excellence.
Le verger de noix
La CE possède trois plantations de noix avec un total de 1000 arbres sur 13 hectares. Les arbres ont été achetés auprès de la pépinière Gubler. 600 d’entre eux sont des arbres haute-tige, 400 se trouvent en verger intensifs et sont moins hauts. Chacun de ces arbres a été planté à trois ans. Dix ans plus tard, la première récolte peut avoir lieu. La hauteur de l’arbre dépend également du moment où l’on souhaite effectuer la première récolte. « Si on veut que l’arbre grandisse encore de 10 cm, il faudra décaler la récolte d’un an », explique Stefan Meier.
Il emmène la Revue UFA dans la plus ancienne plantation. Depuis 2011, les arbres s’y font face en colonnes de la longueur d’un terrain de football. La distance entre les noyers est de sept mètres et la distance entre les rangées de quatorze mètres. Les noyers peuvent également être légèrement alternés, ce qui peut entraîner des variations dans la quantité récoltée.
La récolte des noix
La récolte en elle-même a de quoi surprendre. Chez Meier et Pfister, tout se fait à l’aide de la technique, même s’il faut tout de même recourir à la force physique. C’est ce que l’on constate lorsque Sabine Meier fixe l’anneau de la machine à secouer sur un arbre. De tout son poids, elle se penche en arrière pour le serrer. Puis Stefan Meier appuie sur un bouton et tout l’arbre vibre ; pendant un instant, il neige des feuilles et des noix. Soudain, un cri retentit dans la plantation. C’est l’effaroucheur d’oiseaux.
Une fois les noix par terre, la machine de récolte, la « Ferrari », entre en action. Elle fait penser à une balayeuse. Les noix sont ramassées au sol par des brosses rotatives et transportées dans un bac de récupération à l’arrière de la machine. Lorsque les arbres sont à maturité, la CE compte sur un rendement de 30 à 40 kg par arbre et par saison.
Les familles derrière la communauté d’exploitation
Urs et Eveline Pfister ainsi que Stefan et Sabine Meier
Les deux familles dirigent leur exploitation depuis quatre générations. Auparavant, l’activité commune qui était leur principal pilier était la gestion des truies et du bétail laitier.
La CE possède trois plantations d’arbres d’une superficie totale de 13 ha. Surface de l’exploitation : 22 ha, dont 11 ha de grandes cultures de maïs, colza, blé fourrager et panifiable, ainsi que tournesol.
Vente directe dans un écrin noir et doré
La vente des noix entières se fait principalement par Swiss Nuss à Malans. Une petite partie s’écoule à travers la vente directe en magasin et en ligne. La CE propose neuf variétés de noix, originaires de France, de République tchèque et de Hongrie. Parmi elles, la noix rouge constitue sans aucun doute une particularité.
Les noix sont vendues dans des sacs en papier noirs portant l’emblème doré de la CE. C’est Sabine Meier qui a développé le design. Les autres spécialités de l’assortiment sont la moutarde, le salami et le saucisson aux noix, l’huile, la farine, la purée et les eaux-de-vie. Par ailleurs, les « noix noires » sont une spécialité raffinée. Ce sont des noix récoltées avec leur coque verte avant la Saint-Jean (24 juin) et conservées dans de l’eau sucrée pendant quatre semaines. Il en résulte des « fruits » noirs doux et faciles à couper qui peuvent être utilisés comme accompagnement avec la raclette, les fromages, la salade ou pour affiner des plats de viande.